Opinions - 05.01.2016

L’automédication, l‘abcès à crever pour soigner la santé

L’automédication, l‘abcès à crever  pour soigner la santé.

En Tunisie, l’automédication a été banalisée au point de passer inaperçue, on n’en parle plus, même quand le secteur est mis à mal. C’est malheureux à dire, mais en Tunisie il est désormais normal de se soigner tout seul, sans passer par un médecin.

Notre devoir d’alerte nous oblige à attirer l’attention, aussi bien des autorités que du public, afin de le sensibiliser aux ravages causés par cette consommation abusive de médicaments.
L’automédication ou la prise de médicaments sans ordonnance est choquante, dangereuse et constitue le dénominateur commun des principaux maux dont souffre le secteur de la santé, à savoir :
Le manque de médecins dans les régions : Si les médecins n'ont pas envie de s'installer dans les régions, c'est aussi à cause de la vente de médicaments sans ordonnance. Ils n'y vont pas tant que l’on n’a pas besoin d’eux pour se soigner.
La relation de confiance médecin-malade passe aussi par l’ordonnance, en effet, s’il est possible d’acheter simplement un antibiotique ou un corticoïde à la pharmacie d’en face, pourquoi aller consulter un médecin ?, d’ailleurs, à quoi sert ce médecin au fond ? Un pays où les médicaments sont vendus sans ordonnance, n'accorde pas de place aux médecins au sein du système de santé. La vente sans ordonnance des antibiotiques, des corticoïdes...etc. contourne la première ligne de soins dont on parle tant, la rend poreuse, inefficace, et la ridiculise.

L’état de santé du citoyen est aussi mis a rude épreuve tant l’apparition de germes multi-résistants est devenue dangereuse, les cas d’infections nosocomiales se multiplient, ce dont témoignent les études et rapports spécialisés qui ne manquent pas. Par ailleurs, la décapitation des pathologies infectieuses ainsi que le retard au diagnostic de certains cancers, sont intimement liés à l’automédication. Tant que les médicaments sont aussi facilement disponibles en pharmacie, le Tunisien restera mal soigné. Car traiter les symptômes, ce n'est pas traiter la maladie. Un pays qui respecte et protège ses citoyens, ne permet pas la vente sans ordonnance d’antibiotiques, de corticoïdes et d'autres médicaments. Tout cela aboutit souvent à des complications sérieuses qui sont alors examinées par le médecin en urgence, dans des services d’urgences encombrés par des patients qui consultent après avoir essayé des médicaments de leur choix ou vendus par des apprentis-préparateurs désireux de faire du chiffre, ce qui illustre bien l’absurdité de consulter après toute prise d’antibiotiques, de corticoïdes …..Etc.

Sur le plan économique, la surconsommation de médicaments représente un surcoût pour l’état, les ménages et les caisses, car il s’agit souvent de médicaments importés, donc payés en devises, et au final, remboursés par les collectionneurs de vignettes. Ce qui, en passant, dégrade aussi l’image du médecin qui finit souvent, et bien, malgré lui, par avaliser la prescription de l’apprenti-préparateur, afin de rendre service à un malade qui ne le respecte pas plus pour autant.
Quant à la TVA, le fait d’appliquer la loi réglementant la vente des médicaments uniquement sur ordonnance, va entrainer une hausse du nombre de consultants et don, également de la TVA.

L’automédication n’est-elle pas le plus grand mal qui ronge l’état de santé du citoyen, son budget ainsi que celui de l’État, et court-circuite le médecin censé représenter la cheville ouvrière du système de santé ?

Il suffirait d’appliquer la loi existante dans une interprétation minimale, en se contentant, faute de mieux, de réellement soumettre la vente des antibiotiques et des corticoïdes à une ordonnance médicale, pour voir le système se redresser un tant soit peu. et pour que les médecins de première ligne retrouvent leur place et jouent pleinement leur rôle en complémentarité réelle avec le secteur public.

En Tunisie, les médecins font partie de l’élite du pays, et ce sont nos meilleurs élèves qui font des études de médecine. Qui plis est, les médecins Tunisiens sont très appréciés à l’étranger, et l’acharnement médiatique contre cette profession ne fera que dégrader d’avantage ce secteur en faisant fuir aussi bien les médecins en exercice que les élèves désirant poursuivre des études médicales….
Qui soignera le Tunisien dans quelques années ?

Dr. Samy Allagui

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3 Commentaires
Les Commentaires
Berrehouma Saloua - 07-01-2016 17:36

Le plus important est que le citoyen soit bien soigné.....Quand on est "assuré" à la CNAM, il arrive que les 200d,000 se révèlent trop insuffisants pour couvrir les dépenses faites pour une seule maladie ordinaire : 50d,000 pour le médecin, dans les 75d,000 à 90,000 pour les médicaments.... Que reste-t-il pour les maux de tête, une petite entorse ou brûlure etc .......ça quand on va chez un médecin privé. Dans le publique, les citoyens pauvres n'ont droit qu'aux médicaments "courants" !!!! Les antibiotiques et les autres, ils doivent les acheter en pharmacie . Vous parlez des médecins ainsi : " pour que les médecins de première ligne retrouvent leur place et jouent pleinement leur rôle en complémentarité réelle avec le secteur public.En Tunisie, les médecins font partie de l’élite du pays, et ce sont nos meilleurs élèves qui font des études de médecine. Qui plus est, les médecins Tunisiens sont très appréciés à l’étranger, et l’acharnement médiatique contre cette profession ne fera que dégrader d’avantage ce secteur en faisant fuir aussi bien les médecins en exercice que les élèves désirant poursuivre des études médicales…." . Sont-ils des vendeurs de santé ??????? ou le serment d’Hippocrate n'est plus valable ; Le Tunisien est devenu, dans ce cas, une marchandise qu'on doit exploiter et tant pis pour ceux qui n'ont pas le pouvoir de se soigner !!!!..............Nous, la classe moyenne, ne pouvons plus nous faire soigner correctement....Que dire du reste de la population ??????? Tout est à réviser, il faut redresser tout !!!!!!!!!!!!

Nouri - 08-01-2016 12:32

La faute à qui? Est ce que l'ordre des médecins n'est pas un peu responsable de cette situation avec les honoraires fixés . Il suffit de décider que la visite chez un généraliste coûte 15 Dinars et la visite chez un médecin spécialiste coûte 25 dinars et les pauvres ( et surtout inconscients du danger de l'automédication ) Tunisiens iront voir les médecins . Crevons aussi cet abcès.

tounsi - 27-01-2016 11:28

le tunisien n 'a plus les moyens de se soigner ;l 'adoption d 'une carte vitale vous ramenerait les patients ;certains médecins parlent de clients ou soignent à la gueule du client si si;pour se signer il vaut mieux etre riche;avoir dans sa famille un medecin ;pour eviter de se faire charcuter ou voir eploser la note;c 'est au medecin de retablir la relation de confiance et de consacre un jour aux pauvres comme le faisaient les médecins juifs unisiens et musulmans vant que le serment d 'Hippocrata ne remplace celui de Cresus ;je ne vise pas les rares médecins qui exercent ce metier par vocation et non sous la pression familiale;merci à eux

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