News - 04.01.2016

Tunisie : la société civile ne fait pas assez contre la mauvaise gouvernance, ni contre le terrorisme

La  société civile  tunisienne ne fait pas assez contre la mauvaise gouvernance, ni contre le terrorisme

« Il n’y plus de petits et de grands pays ; il y a des pays bien gouvernés avec une vision d’avenir et les autres »
Jacques Attali

« Pendant que certains pleurent la crise, d’autres se mettent discrètement à leur vendre des mouchoirs. La crise n’est que pour ceux qui pleurent et achètent des mouchoirs »
Citation allemande

Beaucoup plus que les autres acteurs, la société civile doit être mobilisée pour accompagner les pays qui effectuent une transition vers la démocratie après avoir connu un régime autocratique. Elle peut contribuer à faire renaître la confiance des citoyens dans leur pays, à décider de poursuivre ou non en justice les anciens hauts fonctionnaires qui ont commis des crimeset à organiser la solidarité vis-à-vis des groupes marginalisés.
Un autre point-clé dont il faut tenir compte dans les pays en transition concerne l'éducation du public au sujet de la lutte anti-corruption etcelle contre le terrorisme  qui incombent tant auxresponsables élus qu’au grand-public et à la société civile. Pour ce faire, la mission éducative y afférente doit être conjointement du ressort du gouvernement et de la société civile. Ce qui n’est malheureusement pas le cas en Tunisie !!

Quid de la gouvernance

«Transparency international» (T.I.), principale organisation internationale non gouvernementale active dans la lutte contre la corruption dans le monde, vient de classer la Tunisie, dans son rapport mondial, dans le peloton des pays  mal-gouvernés… Pareille, selon le dernier rapport annuel publié par le Forum économique mondial (FEM),  la Tunisie se situe mal en ce qui concerne la qualité de la gestion macro-économique et l'efficacité de ses institutions publiques.
Cette mauvaise gouvernance est due à la « non-visibilité » de l'environnement des affaires et à la situation économique et financière peu-rassurante sur l’avenir de notre pays. En plus, les choix stratégiques ne sont plus adaptés aux besoins réels du pays. Hélas, la mauvaise gestion et le gaspillage constituent aujourd’hui l'un des plus grands obstacles au développement économique de notre pays. Sachant que lorsque les ressources sont rares et limitées, il est essentiel qu'elles soient scrupuleusement consacrées aux vrais besoins économiques et sociaux de la population et bien gouvernées.

Dans la bonne gouvernance, l'Etat détient forcément un rôle-clé avec des mécanismes de contrôle continu et d'audits financiers, mais il est indéniable que le 5ème pouvoir, celui de la société civile, prend de plus en plus de l’importance, surtout en état de transition démocratique.D’ailleurs, il a été démontré qu’une bonne gouvernance définie par un cadre transparent avec le minimum de bureaucratie serait une forte source de croissance économique. Or, la Tunisie, ce petit pays, qui ne dispose pratiquement que de « la matière grise » de ses enfants, enregistre depuis la révolution des taux de croissance économique peu flatteurs.
Hélas, certains Experts (des plateaux-TV), émanant de la société civile, versentsouvent dans l’auto- satisfaction et dans la navigation stratégique à vue et ne sont nullement en mesure d’auto- évaluer notre situation économique réelle du moment. Cela veut dire quenotre société civile ne fait pas assez pour créer la transparence et essayer d’apporter des solutions et des visions alternatives à celles du gouvernement!

Lutte contre le terrorisme

Dans un pays où un nombre de plus en plus grand de citoyens désavouent la violence et expriment des attitudes hostiles à l’égard des pays étrangers qui la financent, la société civile tunisienne ne contribue que modestement à la lutte que mènent le gouvernement tunisien contre le terrorisme et la violence politique.

La complexité et la gravité du fléau du terrorisme, de même que ses dimensions sociale, économique, politique, juridique et religieuse doit interpeler autant le gouvernement que la société civile. Celle-ci devrait analyser  les raisons  qui font fuir les terroristes de la  réalité réelle pour se réfugier dans “un espace imaginaire” peuplé de rêves de “paradis promis”, aidant à passer à l’acte criminel dans sa quête d’un monde meilleur.Des études scientifiques récentesassurent que les facteurs qui pèsent le plus dans la décision du passage à l’acte sont surtout le chômage, dans une proportion de 73% des cas, la mauvaise connaissance de la religion (66%) et le sentiment de marginalisation et de lassitude (58%). Tout cela encourage des jeunes paisibles à embrigader un des groupes terroristes.

Il est toutefois certain que le traitement sécuritaire du terrorisme ne peut être efficace que s’il est combiné à d’autres actions d’ordre économique (développement des régions défavorisées), social (lutte contre la précarité), culturel (en rapport avec les contenus de l’enseignement), religieux (promotion du discours modéré et lutte contre la fanatisation des mosquées) et tout cela est –en premier lieu-- de la responsabilité d’encadrement des partis et de la société civile.

Bref, la société civile tunisienne doit s’activer davantage pour assumer sa mission historique post-révolutionnaireafin de contribuer potentiellement,tout d’abord à la pacification du pays et ensuite à la création de richesses, oh combien nécessaires pour aller de l’avant!

Hassen Chaari
Universitaire et Président de l’Association pour le développement de la recherche et de l’innovation ADRI,
Technopôle Elgazala

 

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