News - 28.04.2015

Sauver la saison touristique : La responsabilité des nôtres, avant la solidarité des autres

Sauver la saison touristique : La responsabilité des nôtres, avant la solidarité des autres

A quelques semaines du début de l’été, la question est sur toutes les lèvres. Dans les médias, dans les cafés, dans les familles, on se demande, désemparés, comment sauver la saison touristique après les multiples attentats qui ont secoué la Tunisie, et en particulier après l’attentat du musée du Bardo ?

Il ne faut pas être inquiet outre-mesure nous dit-on. Car le monde est au chevet de la Tunisie ; les chancelleries étrangères, les vedettes internationales, les citoyens des cinq continents : tous viendront passer leurs vacances dans notre pays pour relancer notre tourisme et épargnerà notre économie la faillite.Tout cela se fait dans une atmosphère des plus bienveillantes, avec les remerciements de notre gouvernement, et sous les applaudissements des Tunisiens, heureux et fiers de cet élan de générosité à leur égard, qui leur permet d’éviter une catastrophe sans avoir à fournir trop d’efforts.

C’est donc à une formidable scène de liesse et de solidarité que nous assistons aujourd’hui. La ministre du Tourisme, reconvertie un temps en guide touristique auprès d’une poignée de personnalités françaises, enfonce le clou du dévouement pour promouvoir la destination Tunisie etexhorter les étrangers à venir dépenser quelques euros dans nos hôtels. A grands coups de communication, le gouvernement tente le tout pour attirer les touristes, en utilisant, de manière systématique, le ressort de la solidarité internationale.Et nous savons désormais, élément rassurant, que la Tunisie a des amis sur lesquels elle peut compter.

Pouvoir compter sur les autres, c’est bien. Mais savoir compter sur soi, c’est inestimablement mieux. Dans cette perspective, le bon sens politique aurait commandé, avant de demander l’aumône sur la scène internationale, de provoquer l’union sacrée entre les Tunisiens et leur Etat dans le cadre d’une entreprise nationale de mobilisation et de soutien en faveur du tourisme.

Cette entreprise aurait d’abord supposé que le gouvernement tînt un discours de responsabilité aux Tunisiens vivant sur le territoire national, les sensibilisant à lanécessité de voyager dans les limites de nos frontières et d’approvisionner le tourisme intérieur. L’a-t-il fait ?Non. Elle aurait également requis la mise en place d’une stratégie d’incitationpour attirer le plus grand nombre de familles tunisiennes à fréquenter les lieux touristiques, et de leur offrir ainsi la possibilité de se divertir et de contribuer dans le même temps à compenser des pertes qui s’annoncent conséquentes. Le gouvernement y a-t-il pensé ?Non plus.Cette entreprise aurait enfin conduit à engager tous les consulats dans une vaste opération auprès des Tunisiens résidents à l’étranger afin de les persuader de l’importance de retourner en Tunisie cet été. Là encore, personne à bord.

Tourné vers l’extérieur, cherchant ses appuis ailleurs que chez son propre peuple, condamnant les Tunisiens à être les spectateurs passifs de leur destin, voilà ce qui caractérise, depuis longtemps, pour ne pas dire depuis toujours, le gouvernement des affaires publiques dans notre pays. N’est-il pas remarquable que plus de cinquante ans après notre indépendance, nous soyons toujours à la merci du sort, priant aujourd’hui pour les touristes comme on priait hier pour la pluie ? Est-ce celle-là l’indépendance que nous fêtons chaque 20 mars ?

Il y a aujourd’hui une bannière sous laquelle tous les Tunisiens doivent se ranger. Cette bannière, c’est le patriotisme. Malheureusement, et à force d’avoir été utilisé, en particulier par les politiques, ce mot a été dénaturé, dévalorisé, au point de ne plus rien signifier pour nos concitoyens. Mais nous devons malgré tout lui redonner du sens. Tisser le plus grand drapeau du monde n’a rien de patriotique ; c’est de la démagogie et du folklore. Le patriotisme dont la Tunisie a plus que jamais besoin, c’est un patriotisme concret, et pour ce qui concerne le tourisme, l’engagement de tous les Tunisiens qui le peuvent, avec les possibilités qui sont les leurs, de se rendre dans les stations touristiques et de soutenir les hôteliers, les restaurateurs et les commerçants locaux.

Avant de demander aux autres d’êtres solidaires avec nous, nous devons donc, nous-mêmes, nous montrer solidaires avec notre propre pays. Ce n’est qu’à cette condition que nous nous extrairons du misérabilisme et de la faiblesse dans lesquels on veut nous cantonner ; et c’est à ce prix que nous nous sortirons de la spirale de la dépendance pour aborder un avenir fait de souveraineté et de fierté.

Selim Ben Hassen

Tags : tourisme   Tunisie  
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10 Commentaires
Les Commentaires
ridha L - 28-04-2015 20:49

Quand j’étais directeur à Djerba, j’imposais à mes collaborateurs et surtout à ceux qui accueillaient, en hiver, les arrivées des touristes à l’aéroport, d’enlever leur manteau, j’ai appris cela du plus grand T.O allemand dans le monde et en Tunisie. Alors qu’on est fin Avril, Malheureusement notre président avec un manteau d’hiver accueille le présidant allemand , devant les centaines de photographes allemands, image très négative qu’on transmet, par les médias, aux touristes potentiels qui attendent un rayon de soleil pour venir chez nous, alors qu’une chemise courte aura un effet positif plus que des milliards de publicités. Ou sont passé nos ministres, du tourisme entre autre, les conseillers du président. Sachant qu’Avril est un mois de la prise de décision pour une destination de vacance, pour les familles allemande. Quel gâchis! si notre président est frileux à ce point, pourquoi pas une jeune secrétaire d'Etat à sa place pour accueillir le président Allemand. à Paris, à l'accueil de BCE, il y avait un secrétaire d'Etat nom de ...

daniel - 29-04-2015 06:49

Bonjour, Venant depuis 30 ans en Tunisie et en cours d'installation, je dois reconnaitre une chose : Les tunisiens sont un peuple très aimable et dévoué. Au lieu d'attendre tout des autres et en particulier de l'étranger, je crois qu'ils doivent sortir les mains de leurs poches et se mettre au travail, les occasions ne manquent pas ; Peut-être leur manque t'il une motivation que leurs dirigeants politiques ne savent pas leur apporter ? La discussion est ouverte daniel

Amine Hajji - 29-04-2015 09:16

J'espère que notre chère Elloumi va lire cet article ! Bon choix pour le nom d'article Mr. Selim !

Inesse - 29-04-2015 09:34

Excellente analyse !

AmorCh - 29-04-2015 10:06

Yaatik essa7a 3ala klemek. Ce n'est pas nprmal que nous connaissons mal notre pays, il faut investir les hôtels et pas seulement sur la côte, il y a beaucoup de gites et de maisons dhotes. Où sont les associations locales ? Elles doivent jouer un rôle important dans la promotion de leur région !!!

Chrigui - 29-04-2015 17:31

Merci pour cette Tribune Monsieur Selim ! oui nous devons montrer notre patriotisme avant de passer à l'étape de pays développé ! mais il faut du temps pour que l'idée fasse son cheminement dans les têtes. Félicitations en tous cas, c'est bien dit !

mjr - 30-04-2015 09:38

Sauver la saison touristique:on entend cette rengaine tous les ans depuis des dizaines d'années.Il n'y a pas de remède miracle. Se remettre au travail,appliquer la loi,payer ses impôts , combattre l’évasion fiscale et consentir des sacrifices à tous les niveaux sont des conditions préalables à une amélioration de la situation .Cela fait bientôt cinq années que les politiques occultent l’intérêt du pays et n'arrivent pas à dégager une vision claire qui rassure les citoyens et les investisseurs aussi bien nationaux qu’étrangers.Les touristes reviendront des qu'ils sentiront un début d’amélioration.

SLIM - 30-04-2015 09:39

Il faut que les directeurs et gérants d'hôtel changent de mentalité,et considèrent le tunisien comme client potentiel.Il faut l'accueillir avec respect et considération. J'exerce mon métier de profession libérale en France, je suis originaire de Tabarka ,et j'y retourne deux fois par an pour me reposer. il m'arrive de me présenter devant les hôtels comme le Mehari,la Cigale ou Dar Smain,et à chaque fois on me refuse l'entrée.Je demande la raison de mon refus,aucune réponse satisfaisante et donc un client perdu.

Taoufik AYACHI - 30-04-2015 14:33

Si Slim, autant je vous remercie d'avoir publié cette réflexion, autant je vous dis que vous prêchez dans le désert. Beaucoup parmi nos gouvernants actuels n'en font qu'à leurs têtes se prenant pour des illuminés dans le secteur placé entre leurs mains. Deux ou trois jours après le coup porté aux visiteurs du musée du Bardo, j'ai suggéré à deux hauts responsables au Palais de Carthage des actions à entreprendre rapidement pour sauver un tant soit peu la saison touristique. Mes deux interlocuteurs ont chaleureusement accueilli mes propositions qu'ils ont jugé intéressantes et opportunes, et m'ont promis de les transmettre à qui de droit, tout en me conseillant d'en parler également à Mme La Ministre du Tourisme. Encouragé par leur réponse, j'ai demandé audience à Mme La Ministre du Tourisme en signifiant à sa secrétaire,dans les détails, l'objet de la rencontre demandée. Mme La Ministre n'a pas daigné répondre. Il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Nous avons appris de nos aînés, les responsables du secteur du tourisme, qu'un autre avis n'est jamais de trop. Pendant que le temps passe, on continue à viser à côté. Gestion irréfléchie n'est que ruine du pays.

pseudo - 07-05-2015 10:44

Compter sur nos proprs forces;faire confiance à notre peuple;à notre diaspora ;tous nos consulats doivent precher la bonne parole à nos residents à l 'etranger Remplissons nos hotels nos lieux de loisirs Solidarité tout azimut et non un drapeau géant folklorique qu'on pietine

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