News - 10.09.2014

L'Europe se réorganise : une nouvelle équipe aux commandes

L’Union Européenne a brillé par son absence lors de la conférence internationale «Investir en Tunisie, start-up democracy» ce 8 septembre. La première puissance économique du monde qui a pourtant toujours marqué son soutien à la Tunisie snobe-t-elle cette rencontre capitale pour la transition économique, la phase la plus importante de la  transition démocratique en cours. Certes les Etats membres de l’UE étaient présents à un niveau élevé telle la France, co-organisatrice représentée par son Premier Ministre Manuel  Valls. Certes les institutions financières européennes étaient là comme la BEI ou la BERD. Mais aucune présence ni de la Commission, ni du Conseil  Européens. L’explication est pourtant toute simple. Les institutions européennes étaient en pleine phase de recomposition suite aux élections du Parlement Européen en mai dernier.

En effet, pour la première fois, ces élections ont eu une influence directe sur le choix du président de la Commission Européenne, l’organe exécutif de l’UE,  équivalent à un gouvernement national. Ainsi, le groupe du Parti populaire européen PPE ayant conservé la majorité au Parlement  c’est le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker qui est désigné  président de la Commission Européenne et confirmé par le Parlement en juillet dernier malgré l’opposition du Premier ministre Britannique David Cameron qui le trouve « trop fédéraliste » à son goût. Mais la Grande Bretagne ne pouvait user d’un quelconque veto à son égard  comme elle le faisait auparavant du fait que le Traité de Lisbonne qui a réglé la procédure de désignation ne lui donnait pas cette possibilité.

Composée de 28 commissaires nommés chacun par un Etat membre, la nouvelle Commission n’a été finalisée que dans la première semaine de septembre. L’Exécutif de l’UE Européenne compte aussi un président du Conseil qui a rang de chef de l’Etat de l’Union puisque c’est lui qui préside  et conduit les travaux du Conseil Européen, l'institution qui regroupe les chefs d'État ou de gouvernement de l'Union européenne. Le président a aussi un rôle de représentation de l’UE dans le monde.

C’est le Premier ministre polonais Donald Tusk, 57 ans, un conservateur qui dirige depuis sept ans le gouvernement de son pays qui  a été choisi le 30 août  dernier pour présider le Conseil européen. Partisan de la fermeté vis-à-vis de la Russie dans la crise ukrainienne, il est,   en revanche, opposé aux initiatives prises par des pays individuellement, prônant une action commune, dans le cadre de l'Otan et de l'Union européenne. C’est aussi un pragmatique et un libéral convaincu qui a toujours prôné le renforcement des institutions européennes. Fidèle de Lech Walesa, issu lui-même du syndicat Solidarité qui a fait tomber le système communiste en Pologne, le nouveau président du Conseil Européen ne cache pas son admiration pour l’ancien président américain Ronald Reagan et l’ex-Premier Ministre britannique Margareth Thatcher. Donald Tusk succède au  Belge Herman Van Rompuy.

Le trio à la tête de l’Union Européenne compte aussi une nouvelle venue. La ministre italienne des affaires étrangères, Federica Mogherini, a été nommée le même jour que Donald Tusk chef de la diplomatie européenne. Très jeune puisqu’elle est âgée seulement de 41 ans, c’est une parfaite inconnue quand elle a accédé à la Farnesina en lieu et place de la charismatique et expérimentée Emma Bonino, 65 ans.  
Fort de  la victoire écrasante (40,8%) en Italie  du Parti Démocrate (PD) aux élections européennes - qui en fait le premier parti de gauche au parlement européen -, le chef du gouvernement italien Matteo Renzi a poussé sa candidature à la place de l'anglaise Catherine Ashton.

Ayant encore relativement peu d'expérience, mais dotée d'une grande confiance en elle, Federica Mogherini a multiplié les voyages à l'étranger ces derniers mois, notamment en Ukraine et en Russie, mais également au Moyen-Orient. Sa connaissance du monde arabe et de l’Islam est un atout pour elle dans ses nouvelles fonctions. En effet elle est l’auteure d’une thèse portant sur l'islam et la politique, réalisée au cours d'un séjour, à Aix-en-Provence (sud de la France), à l'Institut de recherches et d'études sur le monde musulman et arabe (IREMAM), dans le cadre du programme européen d'échange universitaire Erasmus.

C’est aussi une militante engagée dans les luttes de gauche, elle participe dès le début des années à des campagnes nationales et européenne contre le racisme et la xénophobie, notamment celle lancée au milieu des années 2000 par le Conseil de l'Europe, "All different, all equal" (tous différents, tous égaux).

Cet attelage où l’équilibre est maintenu puisqu’il compte deux conservateurs et une socialiste a l’avantage de compter deux membres,  le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker et l’Italienne Federica Mogherini qui connaissent bien la Tunisie et ont beaucoup de sympathie pour elle. Signalons que le jeune chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, 39 ans  a réservé à la Tunisie son premier déplacement officiel après sa nomination au Palais Chigi.

Quant aux autres commissaires,  Jean-Claude Juncker a mis tout son poids pour réaliser la parité hommes/femmes en son sein. Mais il n’a réussi qu’à moitié puisque seulement 9 femmes sur 28 ont été désignées soit le tiers du collège. Pour sa défense relevons que ce sont les Etas membres qui nomment les commissaires.  Néanmoins il a corrigé le tir en nommant trois vices président femmes sur sept. Comme attendu les grands postes sont allés aux grands pays de l’UE. Ainsi le Français  Pierre Moscovici a hérité des  Affaires économiques, le Britannique  Jonathan Hill des  Services financiers et l'Allemand Gunther Oettinger de l'Economie numérique trois des grands postes économiques dans la nouvelle commission européenne annoncée mercredi. Le président de la L'ex-Premier ministre finlandais Jyrki Katainen est chargé de "l'emploi et la croissance" le Letton Valdis Dombrovskis, partisan de l'austérité budgétaire, coordonnera les politiques de "l'euro" et du "dialogue social".

M. Juncker a aussi innové en se dotant d'un bras droit, un  "adjoint" au président, en la personne du Néerlandais Frans Timmermans.

Parmi les autres portefeuilles clés, l'Espagnol Miguel Arias Canete décroche le Climat et l'Energie, la Suédoise Cecilia Malmström le Commerce et la Danoise Margrethe Vestager la Concurrence.

Le Grec Dimitris Avramopoulos est lui nommé à l'Immigration et aux Affaires intérieures.

Cette Commission dont la composition a été annoncée ce mercredi doit être approuvée par le Parlement européen lors de sa session plénière d'octobre, avant d'entrer en fonction le 1er novembre prochain, en succession à l'équipe du portugais  José Manuel Barroso.

R.B.R.

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