News - 15.05.2014

"Le Kef Chantera la Tunisie" : le témoignage de l'ancien gouverneur Abdessalem Kallel

Et si le Kef retrouve sa dynamique culturelle et touristique des premières décennies de l’indépendance. Forte d’un patrimoine archéologique exceptionnel, hérité du royaume numide  de Massinissa, 46 avant J.C, et d’arts et traditions populaires d’une rare richesse, la région se remobilise sous l’impulsion de l’association Les Amis du Kef, présidée par Leila Boulifa. Trois jours durant, du 8 au 11 mai courant, un véritable festival intitulé « Le Kef chantera la Tunisie » a imprimé une grande animation et suscité réel intérêt. Invité à y prendre part, Me Abdessalem Kallel, l’un des tout premiers gouverneurs de la région et qui avait déclenché à l’époque une grande activité culturelle et touristique, n’a pu s’y rendre. Mais, il a adressé à l’association un message d’encouragement et le beau témoignage suivant : 
 
"Le Kef Chantera la Tunisie" du 9 au 11 mai 2014, une initiative qui ne me laisse pas indifférent. Je voudrais tout d'abord vous féliciter ainsi que les membres de votre équipe de cette excellente initiative qui permettra de remettre la région du Kef, en ces temps difficiles, au-devant de la scène politique, économique et culturelle. Une telle manifestation sera un catalyseur, au bénéfice de la société civile dont votre association fait partie, nécessaire pour impulser le développement régional.
 
Il faut dire que cette manifestation, n’est pas sans me rappeler, avec nostalgie du reste, le festival de Jugurtha pour l'archéologie et la culture, qui s’était déroulée sur plusieurs années au Kef, et ce depuis la deuxième moitié des années soixante du siècle dernier.
 
C’est peut être une bonne occasion pour vous communiquer le programme de celui tenu du 1er au 7 septembre 1967 afin de vous faire part de l’effort fourni par vos ainés, dont feu votre père, pour donner à la région du Kef sa place au soleil.
 
Le festival de Jugurtha, animé et présidé par le Président Bourguiba, a donné au Kef, sur le plan culturel, une dimension nationale en 1968 et une dimension internationale en 1969. Il avait été rehaussé par la présence d’illustres Professeurs d’archéologie et d’histoire, venus de plusieurs pays européens pour donner des conférences sur l’histoire ancienne du Kef, le tout sans oublier le rôle de nos éminents Professeurs, en l’occurrence Messieurs Hachemi Sebai, Ezzeddine Bachaouch, Mohamed Fantar, Hedi Slim, Abdelmajid Nabli, Mohamed Fendri, Hamadi Cherif, Mohamed Sehli et Madame Mounira Harbi dont les travaux ont été à la base de la renaissance du Kef historique. 
 
Ces derniers avaient travaillé dur dans les fouilles pour remettre en valeur les sites archéologiques du Kef. Le travail de ces éminents Professeurs a été un préalable nécessaire pour la création d’un circuit touristique et culturel attractif et instructif, qui avait été mis en place en 1969 et qui pour de multiples raisons, n’avait jamais fonctionné. Il est encore temps de le faire démarrer. Il sera source de création de plusieurs emplois pour les jeunes diplômés du supérieur.
 
Dans les années 1960, le Kef avait chanté la Tunisie. Si Chedly Kelibi, alors Ministre de la Culture, avait affirmé, dans un de ces fameux discours, que la révolution culturelle de la Tunisie nouvelle d’après l’indépendance, avait pris son élan à partir de la région du Kef.
 
Dans le prolongement de ce qui précède, je me permets de vous faire part de quelques expériences de développement agricoles, urbains, touristiques et culturels conçues pour la région et ses habitants, entamées dans les années soixante, et qui n’ont malheureusement pas recueillis suffisamment d’intérêts et de suivi pour être menés jusqu'au bout et atteindre leurs objectifs. Ces expériences ont fait l'objet de deux articles de presse, que je me fais un plaisir de vous communiquer à l’effet d’en faire bénéficier les jeunes en quête d’idées et de projets.
 
Avec tous mes souhaits de succès à votre manifestation et toutes mes amitiés pour la région du Kef et ses habitants.
 
Me Kallel Abdessalem 
Gouverneur du Kef dans les années soixante
Avocat à la Cour de Cassation

«En lisant votre mot, j’ai pleuré » lui a répondu Leila Boulifa. « Ravie et touchée par votre affectueux mot et votre nostalgie pour la région,  écrit-elle, cela ne peut que nous motiver davantage. Les richesses de la région pourraient comme vous dites mettre la région du Kef au-devant de la scène. Encore faut-il travailler sur le secteur touristique en termes de capacité d'accueil et de qualité de service, et développer le concept des maisons d'hôte et de gîtes ruraux... L'évènement était une réussite mais on avait un problème d'hébergement car la capacité d'accueil au Kef est de 350 lits. Merci pour les programmes que vous avez précieusement gardés et qui vont nous inspirer... Avec votre permission, je vais mettre votre mot sur la page de l'association, c’est un honneur pour nous».
 
Tags : bourguiba   Le Kef  
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1 Commentaire
Les Commentaires
Camille MIFORT - 20-05-2014 10:35

Bravo pour toutes ces initiatives pour faire découvrir le patrimoine culturel du Kef. Mais à quoi cela sert-il si tous les sites sont détruits les uns après les autres dans l'indifférence générale? Le dolmen au dessus de la carrière à disparu. Les monuments mégalithiques du Koudiat Soltane ont été détruits. Le site de Sidi Zin est vandalisé par des exploitants de carrière. Le cimetière juif est régulièrement la cible des vandales. Le jardin public est devenu une décharge. Les falaises de Esch-Shega sont envahies d'habitations sauvages. Rappeler aux habitants qu'un monument archéologique doit rester inviolé ne coûte rien. On attend des gestes concrets avant que des sites uniques comme celui de Sidi Zin n'aient complètement disparu...

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