Opinions - 13.04.2014

Quand la Tunisie se réveillera...

L’année 2011 a été l’année de la révolte, de la liberté retrouvée et d’un premier exercice de la démocratie. L’année 2012 a été l’année de l’apprentissage de l’exercice du pouvoir pour certains et de l’opposition pour d’autres. L’année 2013 a été l’année de la confrontation et du renfort de la légitimité électorale par une légitimité d’entente nationale pour que 2014 soit une année de progrès sur les plans de l’ordre, de l’économie et des élections, remettant à plus tard la justice et la dignité.

Sommes-nous réellement engagés à faire réussir le redressement de la Tunisie ? Nous le serions vraiment le jour où nous finirons tous par redonner du sens à la recommandation récurrente de Bourguiba au summum de son leadership : « la vérité dans le discours et le dévouement dans le travail». Ce qui va plus loin que le fameux principe d’engagement dans le milieu du management : «dire ce qu’on fait et faire ce qu’on dit ».

Qui peut dire qu’il connait aujourd’hui toute la vérité sur la Tunisie ? Si oui, qu’attend-il pour communiquer dessus? Force est de constater qu’après plus de 3 ans, les diagnostics sont toujours inquiétants sur le plan économique, sur le plan social, sur le plan sécuritaire, sur le plan de la justice… sans être chiffrés ni plus facilement chiffrables.

A défaut de définir de vraies solutions de sortie durable de notre crise, nous continuons de transition en transition à désigner des coupables et nos éminents politiciens se préparent déjà à gagner la prochaine bataille pour s’accaparer le pouvoir de 2015 à 2020 sans se soucier du programme optimal qui fera de ce premier mandat un succès. Or nous ne savons que trop que les mêmes causes produiraient les mêmes effets! Qu’est-ce qui peut nous garantir que la prochaine Troika ferait-elle mieux que la précédente?
Quel parti politique :

  • nous annoncerait une ambition de 300 Mds de Dollars de PIB entre 2015 et 2020, avec un portefeuille de projets utiles, bien étudiés, chiffrés de façon objective, financés et réalisés par le public et/ou le privé selon les meilleures pratiques de management et rentabilisés?
  • nous afficherait une équipe jeune et dynamique alliant courage politique et compétences techniques, maîtrisant ses capacités d’exécution et connaissant ses limites, respectant les valeurs universelles et/ou islamiques dans les faits et pas du bout des lèvres et luttant contre les pratiques qui ont fait la décadence de notre Etat et de notre Société ?
  • expliquerait à l’opinion publique que le moment est venu pour que les citoyens à faibles ressources travaillent de façon plus productive (+20% d’efficacité) et que les dépenses inutiles sont à proscrire dans les meilleurs délais ?
  • expliquerait à l’opinion publique que le moment est venu pour que les citoyens à fortes ressources(entreprises et individus) réduisent leur train de vie à l’essentiel et contribuent significativement (+20%) à la reconstruction du patrimoine collectif à travers les activités de la société civile sans oublier les impôts dont il faudra s’acquitter justement ?
  • engagerait les réformes structurantes de l’Etat (administrations centrale, régionales et locales, établissements publics et semi-publics) et encouragerait les réformes structurantes des entreprises privées et l’entrepreneuriat ?
    Qui mieux que le gouvernement de Mehdi Jomaa pourrait :
  • définir les chantiers prioritaires de la Tunisie à court terme (2015) et à moyen terme (2020)
  • et engager les chantiers incontournables même si leur exécution devra être poursuivie par le prochain gouvernement élu (auquel cas une approbation préalable par l’ANC serait nécessaire).
    Il va de soi que les efforts du gouvernement provisoire présidé par Mehdi Jomaa risquent d’être périssables ou peu durables si le gouvernement issu des prochaines élections ne présente pas une équipe compétente élue sur un programme structurant avec un courage politique et une capacité d’exécution démontrés dès les premiers mois!

Les mêmes bailleurs de fonds qui veulent aider la Tunisie depuis 3 ans ne pourront continuer à financer un pays à deux doigts de la faillite incapable de consommer moins de valeur qu’il n’en crée!

S’il est déjà rassurant que le gouvernement de Mehdi Jomaa veut dire la vérité à la nation, bien au-delà de l’annonce prudente des désastres, il faudra annoncer la démarche pour sortir de la crise et les efforts nécessaires à court terme sans oublier les efforts dont le terme dépasse les prochaines élections.

Enfin, au-delà des pays amis et des bailleurs de fonds dont nous sollicitons l’aide de façon récurrente, leurs financements constituant le carburant essentiel au sauvetage et au développement de notre économie, rappelons-nous que l’article premier de notre constitution stipule que l’Islam est notre religion.

Soyons sincèrement réformateurs, combattons efficacement les mauvaises pratiques et soyons dignes de la bénédiction que nous attendons de Dieu et sans laquelle les miracles seraient moins facilement à notre portée.

Mounir Beltaifa
 

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