Opinions - 25.11.2013

Et si on gagnait deux ans!

Avec une population de 11 millions et un âge moyen de 31 ans, la Tunisie est un pays agile, jeune et prometteur qui avance trop lentement. La classe politique se taille une démocratie sur mesure et donne l’impression de ne pas bien comprendre les exigences économiques et sociales d’une part, les impératifs de la mondialisation d’autre part et certaines valeurs universelles et/ou islamiques par ailleurs!

Les tergiversations du dialogue national poursuivent tranquillement leur quête consensuelle du mouton à 5 pattes permettant de préserver les intérêts de nos apprentis politiciens, et de préparer les prochaines élections en quelques mois, tout en rétablissant la sécurité et en relançant l’économie ; rien de moins qu’une esquisse d'un véritable programme politique pour un mandat de 5 ans!

A supposer qu’un tel chef de gouvernement soit désigné en novembre, à la vitesse de la dame grippée qu’est notre Tunisie d’aujourd’hui, il constituera son équipe au plus tôt en décembre et comprendra  début 2014 la réalité de la Tunisie avant de commencer à gérer ses affaires courantes.

Pour des raisons que nous découvrirons en 2014 (notamment parce que les programmes de nos partis politiques ne sont pas au point), il sera possible de tenir nos prochaines élections législatives au plus tôt à l’automne 2014 en même temps que nous aurons préparé la loi de finances 2015 (laquelle sera  aussi critiquable et perfectible que celle de 2014).

Le nouveau gouvernement élu démocratiquement pourra prendre en main la gouvernance du pays courant 2015 au plus tôt et quand il aura dimensionné les chantiers de transformations prioritaires identifiés dans son programme électoral (peu développé, non communiqué et non chiffré à ce jour) il pourra en planifier le financement au plus tôt dans le cadre de la préparation de la loi de finances 2016 pour un engagement courant voire fin 2016 et les bénéfices de ces travaux pourront être attendus de façon réaliste à partir de 2018 ! Ceci suppose que les politiques élus en 2014 et gouvernants en 2015 seraient aussi compétents et aussi efficaces que les technocrates qui gouverneraient en 2014!

Si l’opinion publique déjà fatiguée d’attendre si peu de résultats ans après la révolution comprenait qu’il faudrait patienter encore 4 ans avant de palper les premiers bénéfices de la révolution, elle s’opposerait farouchement au processus engagé par la classe politique actuelle, la détresse réelle d’une bonne partie de la population ne pouvant être prolongée davantage.

Si on annonçait aux institutions financières internationales qu’elles pourraient juger de la pertinence de nos initiatives de redressement économique et social dans 3 à 4 ans et que la démocratie serait une réalité vivante en Tunisie dans 2 à 3 ans, elles continueraient à nous observer encore pendant les 30 prochains mois avant de nous apporter l’aide dont nous avons besoin depuis 2011 (qui n’a malheureusement pas encore été planifiée ni chiffrée lors des premières transitions).

Si nous devions vivre une forme de statu quo pendant encore 3 ans avec des recettes en dessous des dépenses de l’état, une création de richesses et des productivités individuelle et collective faibles, un pouvoir d’achat et une consommation qui diminuent, un investissement majoritairement orienté vers l’immobilier, nos quelques bijoux de famille bradés et un moral du citoyen en berne, les plus optimistes de nos économistes et financiers annonceraient une faillite anticipée du pays bien avant les deux prochaines années et une partie de nos politiciens jetterait l’éponge à l’image de Monsieur Gassas qui a eu une lueur de lucidité pour décider son retrait de la politique avec le courage de reconnaître qu’il ne pouvait continuer à faire semblant de porter la responsabilité!

Sommes-nous déjà dans la seringue de la faillite, condamnés tôt ou tard au chaos, ou avons-nous une petite fenêtre de tir pour sortir de cette crise de façon honorable?

Si la cocotte économique et sociale ne peut être maintenue sur un feu ardent et sous une pression grandissante pendant encore 4 ans, on gagnerait à élargir rapidement le champ du dialogue national et à accélérer la cadence de notre redressement effectif en prévoyant dès la loi de finances 2014 de quoi préparer et engager les chantiers prioritaires incontournables (qui devraient faire l’unanimité quelle que soit la coloration politique) de façon à ce que le futur gouvernement démocratiquement élu puisse en 2015 engager ou continuer ces chantiers pour des résultats attendus dès 2016. Nous gagnerions ainsi 2 précieuses années!

Ces 2 années seraient vitales et déjà longues pour nos citoyens, seraient-elles pour autant  considérées par notre classe politique actuelle, malheureusement encore noyée dans ses querelles partisanes?

Notre Tunisie que certains voient malheureusement comme une vache à lait a l’air de tenir encore sur ses pattes. Etant mal nourrie, elle donnera de moins en moins de lait jusqu’à son épuisement!

Pour ceux qui voient  la Tunisie comme un avion à faire décoller, un ralentissement nous laisserait une piste trop courte pour décoller voire même pour s’arrêter sans risque! Pour ceux qui voient  la Tunisie comme un avion à faire atterrir, un ralentissement fort peut nous faire faire une chute libre bien avant la piste Maîtriser sa vitesse et son accélération est un art qui semble échapper à certains de nos pilotes!


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Mounir Beltaifa
 

Tags : Tunisie  
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