News - 24.09.2013

Tourisme: Pourquoi les Turcs ont réussi là où nous avons échoué?

Lors d’une visite privée en Turquie, j’ai été agréablement surpris par la réussite de nos amis turcs dans le secteur touristique.

Grâce à mon guide, qui me faisait découvrir les sites archéologiques de la Mégapole Istanbul, j’ai appris que le nombre de touristes en 2012 avait atteint le chiffre record de 31,8 million de touristes avec des recettes de l'ordre de 23,4 milliards de dollars, plaçant la Turquie au 5ème rang mondial. 
   
 Pourtant, je me rappelle qu'au début des années 2000, nos amis turcs venaient s’informer de notre réussite dans le secteur à travers des hôteliers professionnels et même avec des délégations officielles.

Pourquoi les Turcs ont-ils donc réussi là où nous avons échoué ? Tout au long de mon séjour, j’ai été obsédé par cette question.
 
Voici tout abord comment la Turquie a creusé l’écart à travers  l’évolution du  nombre d’entrées et la recette correspondante au cours de la dernière décennie:

Evolution du nombre de touristes (En Millions)

Evolution des recettes touristiques (En Milliard de dollar)

L’explication technique de ces performances est évidente:
Nos Amis turcs ont su changer de cap à temps, à savoir : sortir du tourisme balnéaire et diversifier leurs  produits touristiques tels que le tourisme culturel, médical, d’affaires, de « shopping » et même le tourisme de montagne et de la nature (villégiature, grottes, chasse botanique), ce qui a permis d’allonger la saison touristique.

L’anticipation étant le secret de la réussite, nos amis turcs ont déjà depuis le début des années 80 libéralisé leur espace aérien par «L’open Sky».

Résultat: le tourisme affiche une croissance 2 fois plus rapide que les autres secteurs de l’économie turque

Mais à mon avis, d’autres facteurs sont à l’origine de cette réussite.             

La mentalité de nos amis turcs et leur dévouement pour leur histoire, surtout contemporaine. A chaque visite des  monuments ottomans : mosquée bleu, palais du Topkapi, palais de Dolmabahçe (pourtant construit par un Sultan mégalomane avec des crédits ayant été à l’origine de la décadence de la période ottomane), mon guide glorifie l’histoire de son pays. Tous les symboles de l’Etat sont mis en évidence, même la période récente d’Atatürk. Le guide nous a même parlé de l’ascenseur du palais de Dolmabahçe fabriqué lors des dernier jours de Kamel Atatürk qui est inscrit au « Guinness des records » parce qu’il sert un seul étage ,même la période actuelle de Rajeb Tayeb Erdogan est vantée.
          
Par ailleurs, la glorification de la période ottomane s’est amplifiée davantage grâce au succès de la série télévisée « HARIM ESSOLTAN » dont l’impact est significatif sur les ventes des séjours sur l’Afrique du nord et le moyen orient ainsi que les ventes d’objets souvenir au grand bazar liés aux vedettes de la série télévisée.

 Et pourtant, à travers le contact avec le peuple turc, il est facile de ressentir combien ce peuple pieux et laborieux, nous est proche : même culture, mêmes habitudes, même attachement à l’équité sociale.

J’ai compris alors que nos échecs sont intimement liés à la mentalité à nos gouvernants. En effet, Bourguiba a tout fait pour effacer la période beylicale, pourtant riche en événements et monuments historiques : palais de la Marsa, Manouba et de Hammam-Lif, délaissés, palais de la Mhamdia, en ruine, qui fut aussi construit durant la même période que le palais Dolmabahçe par un Bey aussi mégalomane qui voulait imiter le château de Versailles  Puis, Ben Ali a fait de même. Enfin, la détérioration du climat social et l’insécurité qui règne actuellement en Tunisie  ont fait le reste après la révolution.

L’industrie du tourisme est un secteur fragile souvent affecté par son environnement géopolitique, son impact économique et surtout social est important, la Tunisie doit s’inspirer du  professionnalisme et du dynamisme turc.
 
La Tunisie doit se réconcilier avec son histoire millénaire. Tous les palais de la période beylicale, bourguibienne et pourquoi pas celle de Ben Ali devraient être confiés au Ministère de la culture pour une restauration en collaboration avec le Ministère du tourisme, et Le domaine de l’Etat. La Tunisie doit aussi re-dynamiser le secteur touristique par la sauvegarde de ses parcs naturels nombreux ainsi que ses iles à des fins de  tourisme écologique en vogue dans le monde.     

Nos professionnels du tourisme devraient visiter leurs confrères turcs et de s’inspirer de leur réussite.

 A bon entendeur salut.

Abderrazek Maalej
*Expert comptable indépendant

 

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5 Commentaires
Les Commentaires
ridha - 24-09-2013 16:43

je suis d'accord avec votre annalyse et j'ajoute que contraire a l'amour du turc de son pays, notre sport national c'est critiquer le gouvernement :un vendeur de voile sur la plage, pour imposer sa marchandise aux femmes, prétend qu'Ennahdha leur défends de se balader en maillot de bain. bref, beaucoup de propreté dans nos esprits et de notre environnement, c'est tout ce que le touriste demande

hedi - 25-09-2013 01:28

le Bosphore fait rever; La Turquie était un empire dont la Tunisie était un vassal;chaque pays a sesspcificités.en Tunisie ce fut le bétonnage des régions cotieres et un tourisme de masse parquée dans les hotels.La Turquie est un pays émergent ;ayant des hommes d 'affaires dynamiques entrepreuneurs;la comparaison avec le Maroc serait plus approprié.La mentalité du tunisien aussi; la formation du personnel et n'évoquons pas l 'image négative renvoyé par le pays depuis que n 'importe qui se laissant pousser la barbe nous ponds des fatwas.L 'image de soldats décapités vous donnerait envie vous de passer vos vacances en Tunisie avec comme toile de fond la saleté;l 'inscurité; l 'instabilité polique;les armes qui circulent.En France quand il y a eu des attentas terroristes le tourisme aussi a chuté

mina - 25-09-2013 10:27

Les marocains également sont entrain de travailler et de réussir. Ils possèdent une stratégie. Ils ont des objectifs et se donnent les moyens de les atteindre. Voilà la diférence avec les notres qui ne savent où ils vont. Trop de contradictions entre les politiques et les technocrates. Ont ne peu rien faire dans ces conditions.

amir - 25-09-2013 20:10

je suis d"accord avec l'analyse , j"ajoute que la liberté d'entreprise en Turquie ,la paie sociale ,sont des éléments favorables inexistante actuellement en tunisie

Ali Bouziri - 26-09-2013 07:45

Je suppose que les Turcs ne se sont pas limites a la Tunisie en 2000 quand ils etaient curieux d'apprendre des autres. Et aujourd'hui pour entretenir la hausse des entrees touristiques, je peux fort imaginer qu'il visite des destinations prisees comme Dubai dont le succes est aussi eclatant que recent. Hors crise politique, il nous manque a nous Tunisiens cette vision du grand large qui nous permettrait d'ouvrir notre espace aerien, integrer intelligemment le culturel au balneaire au sportif, developer une branche Qualite et Luxe en parallele a Quantite et Mediocrite. Et si nous n'y arrivaons pas seuls pourquoi ne pas associer des etrangers qui auraient quelque chose a nous apprendre; les Turcs par exemple. Quant a la visite des Palais de diverses epoques, je trouve l'idee excellente d'autant que les guides pourraient les pimenter d'anecdotes historiques. Dans le lot des palais recents Beys/Bourguiba/Ben Ali je crains que la serie du dernier en date ne souffre du pietre gout qui n'interesse grand monde. Mais je me trompe peut etre sur ce point car mon avis est subjectif.

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