News - 10.07.2013

Mufti de la République Passation sous interrogations

Cheikh Othman Battikh s’y attendait quelque peu : la reconduction de son maintien en activité, après l’âge de la retraite, n’a pas été confirmée. Il ne lui restait plus qu’à attendre la date précise de son départ et le nom de son successeur. En poste depuis 2008, il est le septième mufti de la République depuis l’institution de cette fonction, après l’indépendance (arrêté du 28 février 1957, modifié par le décret du 6 avril 1962).

 

S’il n’est resté que cinq ans, et ne pouvait prétendre à l’étoffe de nombre de ceux qui l’avaient précédé, notamment Cheikh El Fadhel Ben Achour, Cheikh Battikh s’est distingué par sa discrétion, mais aussi son courage dans les fatwas, surtout après la révolution. N’a-t-il pas dénoncé l’engagement, au nom du jihad sacré, des jeunes pour combattre en Syrie, contrariant ainsi les thèses de nombre de dirigeants islamistes même parmi ceux qui sont au pouvoir actuellement.

Est-ce cette position qui est à l’origine de son limogeage ? Carthage balaie cette thèse, présentant le changement comme juste une atteinte par la limite d’âge et une relève tout à fait naturelle. N’empêche, le départ de Cheikh Battikh, quelques jours seulement après celui du général Ammar, n’a pas manqué de soulever plus d’une question et de susciter la sympathie d’une large frange de l’opinion publique.
Pour la première fois, un mufti du Cap Bon

Quant à son successeur, Cheikh Hamda Saied, il a fallu le sortir, à l’âge de 72 ans, de sa douillette retraite dans son magnifique village natal, Béni Khiar, un des sites les plus agréables du pays, à quelques encablures de Nabeul, entre mer sablonneuse et vergers d’une rare fertilité. Docteur en théologie, il a rempli une longue carrière d’enseignant et de chercheur, entrecoupée d’un mandat de membre de la Chambre des députés (1984 –1989), sur la liste de l’ex-RCD. Ses détracteurs l’en accusent, allant jusqu’à alléguer qu’il est favorable à la polygamie, alors que ses défenseurs affirment que le pouvoir voulait à l’époque se servir de son aura dans le Cap Bon, puis n’a cessé de le harceler, n’ayant réussi à le faire obtempérer aux oukases de Carthage. Après la révolution, les fidèles de la mosquée du marché de Béni Khiar l’ont empressé de monter au minbar et d’assurer l’imamat, puis il a été porté à la présidence de l’association coranique régionale.

Maintenant, la page est tournée. Un grand débat est à présent lancé quant à l’institution de l’Iftaa. Quelles doivent être ses attributions exactes et quel rôle doit-elle jouer dans la nouvelle Tunisie. Conseiller de l’Etat en matière de théologie et de culte musulman, selon le décret du 6 avril 1962, le mufti est également en charge d’autres fonctions, dont notamment la désignation du début de chaque mois lunaire et les dates d’entrée de l’année de l’hégire, l’octroi des certifications de conversion à l’Islam, la réponse aux questions des citoyens, la représentation de la Tunisie dans des instances spécialisées et l’examen pour avis de tout ouvrage ou publication en relation avec la religion musulmane qui pourraient lui être soumis. La question mérite d’être étudiée.

Quant au nouveau mufti Cheikh Saïed, il va falloir le juger sur ses fatwas et sur les recommandations qu’il fera. Tout est là.


 

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