Blogs - 05.08.2009

Les Mellouli en herbe existent. Il faut aller à leur rencontre

Depuis la fin du deuxième conflit mondial le monde est entrée dans une ère de paix. Une paix, il est vrai, toute relative, si l'on tient compte des dizaines de conflits locaux qui ont éclaté dans le monde depuis, et notamment au Proche-Orient bien parti, malheureusement pour battre le record de durée détenu par la Guerre de cent ans. Non pas que les sujets de friction ont disparu, mais la possession de l'arme atomique par les grandes puissances a rendu impossible le déclenchement  d'une guerre aux dimensions planétaires comme on en avait connu en 1914-1918 et en 1939-1945. Même au moment des graves crises qui avaient jalonné ce qu'on avait appelé la guerre froide : la guerre de Corée, Berlin, les fusées de Cuba, les deux Grandes puissances de l'époque ( USA et URSS ) avaient su raison garder.

Certes, les conflits d'intérêt étaient si importants qu'on avait cru, parfois, qu'une troisième guerre mondiale étaient imminente, mais l'équilibre de la terreur, même s'il n'excluait pas la pratique de la politique du bord du goufre, interdisait d'aller trop loin. Paradoxalement, l'arme nucléaire a tué la guerre mais n'a pas empêché la rivalité entre les pays de se développer sur les terrains économique ( l'usage de termes guerriers comme "conquête" des marchés n'est pas gratuit) et sportif. C'était, en quelque sorte, la continuation de la guerre par d'autres moyens. Il n'est pas indifférent, à cet égard, de noter que les deux grands vaincus de la Deuxième Guerre mondiale, l'Allemagne et le Japon se sont hissés, très vite, au rang de puissances économiques se posant, souvent, en rivaux de leurs vainqueurs d'hier et ce n'est pas seulement parce qu'ils ont été privés d'armées pendant un certain temps, donc soulagés du lourd fardeau que peuvent constituer les dépenses militaires. 

Le sport comme dérivatif  d'autres activités

La rivalité sportive est plus récente bien qu'elle ait pris déja des proportions parfois inquiétantes parce que la charge émotionnelle y est plus grande et les enjeux économiques d'abord, sportifs ensuite parfois sans commune mesure avec la nature de l'activité elle-même. Elle s'explique par la place qu'occupe le sport, désormais, dans la vie des peuples, en tant que dérivatif d'autres activités moins pacifiques. Le sport est désormais utilisé comme un cathartique libérant, en principe, l'homme de son agressivité et de ses passions.

On ne mesure plus un pays seulement à l'aune de sa puissance militaire ( cf. la fameuse phrase de Staline, le Vatican, c'est combien de divisions? ), mais à celle de ses médailles décrochées aux jeux olympiques ou dans les compétitions continentales. Pendant la guerre froide, les deux "Grands" se sont livré une lutte sans merci par sportifs interposés, dépensant des sommes énormes et recourant parfois à des procédés scientifiques inavouables pour fabriquer de grands champions ( l'ancienne RDA  avec ses 17 millions d'habitants était devenue en quelques années la première puissance sportive du monde grâce à l'utilisation de tels procédés alors difficiles à détecter ).

Parfois, le sport peut aider au rapprochement entre les peuples comme ce fut le cas au début  des années 70 où un simple échange de visites entre deux équipes de ping pong américaine et chinoise avait abouti en quelques mois à la reconnaissance par les Américains de la Chine populaire et  l'établissement de relations diplomatiques entre les deux pays, évènement qui avait eu, en son temps, un retentissement planétaire. Aujourd'hui, avec le développement des média, les avantages que peuvent procurer à un pays, la victoire d'un des ses champions sont immenses et peuvent être comparés en termes d'image et de  prestige à une victoire militaire au cours du dernier conflit mondial ou à un voyage dans l'espace des vaisseaux appolo et Spoutnick dans les années 60. Les Hannibal, Alexandre, Khaled Ibn El Walid, Patton, Neil Armstrong, Youri Gagarine ont, aujourd'hui,  pour noms Bill Gates, François Pinault, mais aussi Ronaldo, Michael Jordan, Phelps ou...Mellouli.

Le cas MELLOULI

Quarante ans après Gammoudi et son fameux 5000 mètres de México, un grand champion tunisien et une tête bien faite, au surplus, est né, Oussama Mellouli damant le pion aux champions américains, canadiens et australiens dans une discipline qu'ils pensaient être leur chasse gardée, la natation et décrochant en l'espace d'un an la médaille d'or des Jeux Olympiques et le Championnat du monde sur une une épreuve emblématique, le 1500 mètres. L'évènement annoncé avec une discrétion remarquable par les " pays frères et amis " selon l'expression consacrée doit nous inciter à redoubler d'efforts  pour éviter les erreurs du passé qui nous ont éloigné des podiums olympiques pendant une aussi longue période.

Par son amour de la patrie, son abnégation, son ambition, Mellouli s'est introduit dans la cour des grands, chose que n'a pu faire avant lui un Arabe ou un Africain. Et à ce titre, il constitue un exemple à suivre pour la jeunesse tunisienne dont il faudra se servir - sans modération - pour susciter des vocations chez les jeunes. Il faut aller simplement à leur rencontre et non seulement en natation mais dans d'autres disciplines comme l'athlétisme que nous avons délaissé et où nos voisins excellent. La "petite Tunisie", comme ils disent a montré ce dont elle était capable dans les compétitions régionales, arabes et continentales au point qu'on n'a plus rien à prouver à ce niveau. Il faudra donc multiplier les compétitions avec les grandes nations sportives car c'est à leur contact que l'on pourra progresser. Aujourd'hui que les encadreurs et l'infrastructure existent, Il faut  avoir de plus grandes ambitions pour notre pays et notre sport: nous en avons les moyens.

 

Hedi

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