Opinions - 13.09.2012

Pour l'inscription de la liberté d'entreprendre dans la constitution

Intervenant jeudi 12 septembre devant le Forum  de l’ATUGE « Nouvelle Tunisie : nouveau contrat social », la présidente de l’UTICA, Ouided Bouchammaoui a proposé d’inscrire la liberté d’entreprendre dans la nouvelle constitution. Elle a également exposé la positions de l’UTICA à propos des principaux dossiers économiques et sociaux et notamment le thème du forum. Lire ci-après le texte intégral de l’intervention de Mme Bouchammaoui :

 Je voudrais d’abord remercier l’Association Tunisienne des Grandes Ecoles pour cette louable initiative qui vient, à point nommé, enrichir une réflexion d’ores et déjà engagée sur l’évolution du contexte social de notre pays depuis le 14 Janvier 2011.

Le débat sur cette thématique est d’autant plus capital qu’il est censé asseoir les bases du dialogue social dans une perspective de long terme.

C’est dire l’importance de la responsabilité, qui est la notre, acteurs économiques et sociaux de tout bord dans la conception d’un modèle qui  puise ses fondements de nos valeurs, de nos réalités et des ambitions des différentes franges de notre société.

Pour mener à terme ce processus qui pourra être long et complexe, il est ainsi de notre devoir à tous de réunir les préalables et les conditions nécessaires à son édification et d’associer l’ensemble des intervenants : Partenaires sociaux mais aussi hommes politiques, représentants de la société civile, experts, universitaires, juristes, journalistes, et spécialistes en la matière.
   
Je me  félicite d’ailleurs que notre rencontre d’aujourd’hui, illustre parfaitement la trame de ce projet, si vital pour l’avenir des générations futures de notre pays.

La jeunesse tunisienne, qui constitue, faut-il le rappeler, le socle de la structure sociale de notre pays, a fixé le cap, dès le 14 janvier 2011.

Cette jeunesse éduquée, formée dans son immense majorité, ouverte sur le monde et fière de son identité nous  a interpellé par des messages forts. Elle aspire à la dignité, à la justice sociale et au développement économique dans son sens le plus noble.
L’UTICA, que j’ai l’honneur de représenter  ici, n’est pas insensible à ces appels. Bien au contraire,  elle y adhère totalement, de par sa vocation d’organisation de masse, de partenaire social et de représentant  attitré des milieux de l’industrie, du commerce, des services de l’artisanat et des petits métiers.
Nous sommes certes une organisation apolitique et indépendante, mais la chose politique nous concerne au premier chef, autant elle conditionne l’environnement dans lequel exercent  nos entreprises.

C’est à ce titre que l’image de notre pays, son paysage social, le statut de la femme, l’indépendance de la justice et la liberté d’expression sont autant d’axes sur lesquels nous tenons à exprimer nos positions et à faire valoir notre argumentaire dans un esprit de citoyenneté et de responsabilité partagée.

Convaincus que nous sommes, que la réussite de la transition politique est intimement tributaire du succès de la transition économique et sociale, nous avons ainsi établi des canaux de communication et d’échange avec les institutions et les acteurs de la classe politique de toutes sensibilités.
L’impact  de cette concertation sur l’environnement de l’entreprise peut se prêter à diverses appréciations sur la base des indicateurs économiques et sociaux disponibles, mais l’exercice a au moins le mérite d’instaurer les bases de nouvelles traditions dans la prise de décisions et le processus de gouvernance.

Mais au vu du contexte historique particulier que vit notre pays, cette démarche se doit d’être confortée par une représentation formelle et significative de l’UTICA et des partenaires économiques et sociaux représentatifs à tous les niveaux du débat économique et social.

Notre réseau de structures professionnelles étendu sur l’ensemble des activités, des secteurs et des régions et renouvelé sur la base d’élections libres et démocratiques se prête d’ailleurs parfaitement à cet exercice.

Avec notre partenaire social historique l’UGTT, nous avons mis en place, pour la première fois, dans l’histoire de la Tunisie, une plate forme de dialogue, pour dépasser le caractère ponctuel des négociations sociales classiques et inscrire dans la durée, les rapports des représentants des employeurs et des employés.

Ce cadre ambitionne déjà de s’atteler à des questions aussi fondamentales que les salaires pour s’étendre aux volets des relations de travail, de la formation professionnelle et de l’emploi, de la croissance économique, du développement régional et de la couverture sociale.

Avec le sens de responsabilité qui anime nos organisations, cette expérience, pourra, je l’espère, instaurer une nouvelle culture de l’entreprise à même d’être véhiculée, inculquée et pourquoi pas adoptée dans les politiques de l’enseignement et de la culture en particulier.

Dans cet ordre d’idées, je serais même tentée de lancer un appel pour inscrire l’esprit d’initiative, et la liberté d’entreprise dans le projet de constitution que l’Assemblée Constituante s’apprête à nous proposer.

Avant de conclure, je ne saurais omettre pour d’insister sur la transparence, comme élément inéluctable à toute initiative de débat fécond et utile de quelque nature qu’il soit.

Et sans information fiable, disponible et accessible, la transparence resterait un vœu pieux, et compromettrait les chances d’aboutissement  du projet de société auquel aspirent les tunisiens.

J’espère que mes compatriotes qui se sont élevés d’une seule voix pour dénoncer un modèle économique et social à la dérive sauront retrouver rapidement le consensus, qui assurera définitivement  l’ancrage de notre pays dans une dynamique de visibilité propice au développement, à la croissance et à la liberté.

Partis politiques, organisations professionnelles, et représentants de la société civile en sont tous concernés.
Il y va de l’avenir de notre pays.