News - 21.08.2012

Kamel Sammari toujours en poste à la tête de Dar Assabah : un sursis ?

Mise à jour à 20H: Ultime rebondissement, mardi soir à Dar Assabah. Le suris aura été de très courte durée pour Kamel Sammari, Raouf Cheikrouhou revient en qualité de président du conseil d’administration et Lotfi Touati est désigné en tant que directeur général. Lire notre article: Rebondissement à Dar Assabah

Ceux qui voulaient limoger Kamel Sammari, directeur général de Dar Assabah doivent patienter encore, au moins 3 semaines. Réuni mardi matin, le conseil d’administration, mettant les voix a égalité, a dû s’en remettre à une assemblée générale à convoquer mi-septembre prochain. Un long feuilleton de débarquement qui n’est pas sans rappeler celui du gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Mustapha Kamel Nabli. Sauf que l’issue n’est pas pour le moment garantie.

Nommé en septembre dernier à la tête du premier groupe de presse tunisien indépendant (fondé en février 1951 et racheté en 2009 par Sakhr El Materi à hauteur de 70% au titre de Princess Holding), Sammari est sommé de céder la place à Lotfi Touati, jusque-là rédacteur en chef au « Quotidien ». Les actions d’El Materi ayant été confisquées et  sa holding nationalisée,  c’est sur instruction du gouvernement que la décision a été notifiée à Sammari par le nouveau directeur général de Princess Holding, Mohamed Ali Chekir, universitaire, désigné par le ministre des Finances. Mais, il  fallait la faire entériner par le conseil d’administration de Dar Assabah. Plusieurs réunions tenues depuis la semaine dernière n’ont pu aboutir, pour une série de vices de formes d’abord, puis,  faute de majorité.

A peine révélés, le limogeage de Sammari et son remplacement par Touati ont suscité une véritable levée de boucliers au sein même de la maison, mais aussi dans la corporation. Mercredi soir, les journalistes soutenus par leurs confrères d’autres médias ainsi qu’une bonne partie du personnel avaient manifesté avec beaucoup de véhémence sous les fenêtres du conseil d’administration en réunion. Jeudi, et pour la première fois dans les annales du groupe depuis l’indépendance, Assabah et Le Temps sont parus avec chacun un éditorial en blanc. Appuyant le mouvement qui coïncide avec la nomination d’Imen Bahroun à la présidence de l’Etablissement de la Télévision tunisienne, le syndicat national des journalistes, après avoir publié un communiqué de solidarité, appelle à une assemblée générale et menace de lancer une grève dans le secteur. Quant à Lotfi Touati qui, contre toute logique, avait assisté aux réunions du conseil d’administration, s’impatiente de plus en plus, multipliant ses visites à Dar Assabah et essayant même de prendre ses fonctions sans attendre la décision officielle et notification.

Que reproche-t-on à Kamel Sammari, ancien journaliste (Ad-Doustour, BBC, etc.), ancien responsable de la communication au sein d’Amnesty International, longtemps exilé à Londres depuis l’ère de Bourguiba et arrêté sous Ben Ali ? « Comme Mustapha Kamel Nabli, rappelle à Leaders un observateur, on décide de son limogeage, puis on s’emploie à lui trouver des griefs, bien difficiles à prouver. Ce qui est sûr, c’est que tombé lors de l’audit sur des dossiers, il s’est vu dans l'obligation de les déférer au parquet et cela a dû déranger plus d’un».

Le bras de fer est à présent engagé. Sammari et ceux qui le soutiennent finiront-ils par l’emporter. Ou simple sursis d’une condamnation inique, programmée ?