Opinions - 06.08.2012

Quand le FMI rejoint l'analyse du Cercle des Economistes de Tunisie

Le 25 juillet 2012, le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a conclu les consultations au titre de l’article IV avec la Tunisie. Le rapport aborde 3 thèmes qui ont été traités par les lettres ou les cahiers du cercle des économistes de Tunisie (www.cercle-economistes-tunisie.org)  L’analyse du FMI rejoint celui du Cercle ( lettre du Cercle numéro 5)  quant à l’efficacité d’une politique de « go and stop » définie comme une augmentation temporaire des dépenses publiques,  ciblant les dépenses d’investissement et veillant à la soutenabilité de la dette à moyen terme. Le FMI rejoint aussi le Cercle quant à la soutenabilité de la dette à l’horizon 2017 (Cahier du cercle numéro 2).  Le Cercle avait analysé deux scénarios, l’un correspondant aux choix du gouvernement et un autre plus restrictif.  Les deux sont soutenables : le ratio de la dette à l’horizon 2017 est respectivement 41% et 46% ;  le scénario du  FMI correspond au second qui est également soutenable. Le FMI rejoint les analyses de certains membres et amis du Cercle quant à la nécessité d’un cadre institutionnel pour la formulation de la politique monétaire,  la coordination entre la politique monétaire et budgétaire et enfin l’établissement d’un cadre juridique pour l’exercice de l’indépendance de la Banque centrale ainsi que sa redevabilité. 

L’analyse du FMI se distingue par la nécessité de se préparer à un changement dans le dosage de la politique économique pour des besoins de lutte contre l’inflation. Si aujourd’hui la politique monétaire et budgétaire sont toutes les deux expansionnistes, le FMI préconise que le nouveau dosage serait une politique budgétaire expansionniste accompagnée par une politique monétaire restrictive. La divergence concerne le Timing puisqu’il est trop tôt de considérer que les tensions inflationnistes sont telles qu’elles nécessitent un revirement de la politique monétaire. La question du policy mix reste encore ouverte.

En ce qui concerne les question de moyen et long terme, le FMI et le Cercle ( lettre numéro 1&2&3) se rejoignent  quant à la nécessité de mener  des  politiques  de  restructuration  de  l’économie  basées  sur  la  réorientation  sectorielle  et  régionale de  l’investissement public, privé et étranger  ainsi  que    l’amélioration  du  climat  des  affaires    afin d’augmenter  le  taux  de  croissance  potentielle  de  l’économie tunisienne.  Le besoin de mener  des  politiques  conjoncturelles  pour  augmenter  la demande  sans  conduire  à des  tensions  inflationnistes avec un dosage adéquat de la politique monétaire et budgétaire constituent des éléments de consensus. Enfin, la mise en place de  politiques  d’offre  incitant  les entreprises à embaucher davantage sont nécessaires. Dans ce  cadre  les  réformes  fiscales  et  institutionnelles  en générale seraient des  instruments privilégiés.

Ci- joint quelques extraits traduits du rapport de 55 pages et concernant  trois thèmes :

Thème 1 : Rééquilibrer le dosage des politiques de soutien la croissance économique à court terme tout en préservant la stabilité macroéconomique

Le FMI «  une expansion fiscale bien ciblée pour appuyer la croissance de court terme dans la limite que  la soutenabilité budgétaire  à moyen terme soit préservée étant donné la détérioration de  l’environnement en Europe » a cet égard le FMI «  exhorte les autorités à  surmonter les contraintes de capacité exécution et commencer effectivement la mise en œuvre de leur plan d'investissement public ambitieux » Selon le rapport « l'exécution du plan d'investissement public envisagé et l'adoption de mesures pour contenir les dépenses actuelles sont la clé »

 Le rapport revoit à la hausse le taux de croissance de la Tunisie à 2.7% le rapprochant de l’objectif de 3.5% du gouvernement. Selon le rapport « le stimulus fiscal envisagé en Tunisie contribue significativement à l’activité économique à court terme ….contribue à la croissance du PIB de 1% »  le double du  stimulus de 2011  estimé selon le rapport à 0.5%.

Le rapport indique que « Les autorités sont engagées à préserver la viabilité budgétaire à moyen terme et  souscrivent largement à l'analyse du personnel. Ils ont exprimé leur volonté de reprendre une consolidation fiscale progressive dès que l'économie est sur la voie d'une reprise durable, avec l'objectif de réduction de la dette publique à 40 % du PIB à moyen terme » et que «  la Tunisie a un certain espace fiscal pour accueillir l'expansion budgétaire envisagée à court terme, dans la mesure où il est utilisé de manière efficace et  incorporé dans un cadre durable à moyen terme et peut être financé. »

Thème 2 : Besoin urgent de réformes dans le secteur financier

« Un rééquilibrage du dosage des  politiques (policy mix)  est nécessaire pour soutenir la croissance à court terme de la Tunisie tout en préservant la stabilité macroéconomique. Le plan de relance budgétaire devra être mieux orienté vers l'investissement public et les dépenses courantes devront être contenues. Un resserrement graduel de la position de la politique monétaire contribuera à contenir les pressions inflationnistes, alors qu'une plus grande flexibilité du taux de change pourrait aider à stabiliser les réserves en devises étrangères. Renforcer la solvabilité des banques et  la surveillance bancaire sont nécessaires pour préserver la stabilité financière. Enfin, une consolidation budgétaire devra être reprise à moyen terme afin de préserver la viabilité financière ».

Le rapport insiste sur le fait que « Le cadre institutionnel pour la formulation de la politique monétaire doit être renforcée. Actuellement, le Conseil de la Banque centrale décide des politiques des  taux de politiques en se basant sur  des indicateurs assez généraux et dépassés. Instituer un Comité de politique monétaire permettrait de remplir une lacune en ce qui concerne l'évaluation critique des pressions inflationnistes prospectives basée sur un ensemble plus large de données, y compris les agrégats monétaires et l'inflation des prix non administré et non alimentaires. Le Comité pourrait soumettre plus explicitement la position souhaitée de la politique monétaire à l'examen du Conseil et améliorer la communication sur les décisions de politique monétaire. Enfin, il pourrait aussi contribuer à l'amélioration de la coordination entre la politique monétaire et  de taux de change »
 
En ce qui concerne l’indépendance de la Banque centrale, le rapport note que « la  BCT a besoin  de modifier ses statuts  afin d'établir un cadre efficace pour son autonomie et sa redevabilité, y compris des règles d'embauche et de licenciement transparents pour le gouverneur et les membres du Conseil. ». 

« Les réformes du secteur financier au cours de la décennie avant la révolution ne suffisaient pas à moderniser et à renforcer le système bancaire…..Ajoutant à ces faiblesses,  La supervision bancaire  n'était pas développée de façon adéquate et en deçà des normes internationales... » .  Le rapport souligne aussi que «  Les autorités ont récemment fait des progrès louables dans le renforcement de la surveillance bancaire et l'amélioration de la solvabilité des banques, mais des efforts considérables sont nécessaires. » Il note que « Les défis importants du secteur bancaire, en termes de besoins de recapitalisation potentiellement importants et la situation de liquidité serré,  devront être abordées avec force. »

Thème 3 : Parvenir à une croissance plus élevée et plus inclusive pour lutter contre le chômage

Le rapport souligne que « les Défis à moyen terme clés de la Tunisie sont de réduire le taux de chômage élevé, surtout parmi les jeunes,  et les disparités économiques régionales adresse. » Il indique que le «  Taux de croissance réel pourrait atteindre 6 % en 2017, en dépit de la consolidation budgétaire à moyen terme envisagée si la mise en œuvre des réformes structurelles pour stimuler l'investissement privé, et environ US$ 5 milliards (y compris l'IED, emprunté par le gouvernement et le secteur des entreprises non gouvernemental) se mobilise chaque année. Maintenir la stabilité macroéconomique, améliorer la gouvernance et l'environnement des entreprises, assurer terrain de jeu plus équilibré de pour les entreprises, et réformer le marché  du travail et le système d’éducation et, en plus réformer le système bancaire seront nécessaire pour encourager les investissements nationaux et attirer les investissements étrangers. »