News - 09.07.2012

La leçon libyenne

Même si les résultats définitifs sont attendus mardi, la victoire en Libye de l’alliance des forces nationales au détriment des islamistes est tenue pour acquise au vu des premières estimations. Sans attendre la proclamation officielle des résultats, Mahmoud Jibril, le leader de cette alliance et ancien premier ministre du Conseil de transition  a appelé les autres forces politiques à l’unité «pour parvenir à un consensus sur la base duquel la constitution pourra être rédigée et le gouvernement formé». Le triomphe modeste, il a ajouté : «dans ces élections, il n'y a qu'un seul vainqueur, la Libye».

Traités parfois avec une certaine condescendance par leurs voisins du nord, les Libyens ont ainsi fait preuve d’une grande maturité qui nous a fait malheureusement défaut le 23 octobre dernier. Instruits par l’exemple tunisien, ils ont su éviter le travers dans lequel nous sommes tombés : l’atomisation des forces politiques laïques qui a abouti à l’éparpillement des voix : un million et demi de voix recueillies...et aucun siège remporté !) alors qu'en Libye, l’alliance des forces nationales regroupait la quasi-totalité des formations libérales (ou laïques), soit une bonne soixantaine. A posteriori, cela parait si évident qu'on se demande comment notre classe politique n'y avait pas pensé plus tôt. On voulait servir d'exemple au reste du monde arabe, nous voilà ravalés au rang de contre-exemple. Cela nous apprendra au moins à être plus modestes...et à faire preuve de plus de clairvoyance dans le futur. En tout cas, cette victoire a le mérite de mettre fin à une légende : il n’y a pas de fatalité à la victoire du camp religieux dans le monde arabe, pour peu que le camp adverse unisse ses forces, et que ses chefs mettent une sourdine à ses rivalités...et revoient à la baisse leurs ambitions démesurées. C'est aussi simple que ça !

 

A.B