News - 08.07.2012

Ennahdha en congrès « historique » dès ce jeudi : trois grands défis au moins

Premier congrès en Tunisie depuis 1988, le 9ème congrès du parti Ennahdha qui commence ce jeudi 12 juillet à Tunis et se poursuivra jusqu’à dimanche 15, sera « historique » comme le qualifient les organisateurs à plus d’un titre. Sorti de la clandestinité, recomposé en regroupant ceux de l’intérieur et ceux de l’exil répartis sur 43 pays, porté au pouvoir et devant faire prévaloir davantage son leadership lors des prochaines élections, Ennahda doit surtout réussir aux yeux des Tunisiens et de l’opinion internationale la délicate épreuve de sa reconversion. Les 1103 congressistes représentant les 58 741 adhérents (inscrits jusqu’au 31 octobre 2011), n’auront pas la tâche facile, tant les enjeux sont importants.

Fondateur du mouvement devenu parti, Rached Ghannouchi garde sa pleine confiance dans la cohésion générale d’Ennahdha et sa solidité, tout en soulignant « l’existence d’une vraie démocratie qui préside au débat et consacre un vote franc sur toutes les questio.ns et pour toutes les décisions». Les défis à lever sont cependant importants. Trois parmi eux au moins, interpellent les observateurs :
 
D’abord, comment faire de l’incontournable évaluation du parcours effectué durant les 23 dernières années, un exercice d’enseignements pour l’avenir et éviter les divergences pouvant surgir et constituer ainsi des motifs de dissensions. « Tirer enseignement des différentes expériences menées, oui, avait affirmé à Leaders, Riadh Chaïbi, membre du bureau politique d’Ennahdha, chargé de la préparation du congrès, mais procéder à une auto-flagellation, non ! Nous regardons vers l’avenir. » Qui fera alors l’auto-critique ? « C’est le chef du mouvement qui en fera mention dans son discours général » avait répondu Rached Ghannouchi, dans une interview accordée à notre magazine mensuel Leaders (numéro 14 – Juillet 2012, actuellement en kiosque).
 
Deuxième grand défi, comment restructurer le parti et fusionner l’ensemble des tendances dans un alignement général qui marque la conversion d’un mouvement d’opposition contraint à la clandestinité vers un grand parti au pouvoir. « Nous revenons de loin, avait souligné Ghannouchi, dans cette même interview. Certains étaient en exil, d’autres en prison et les autres en liberté très surveillée. Au lendemain de la révolution, nous nous sommes retrouvés très rapidement engagés dans l’action, sans avoir eu le temps suffisant pour nous recomposer. Aujourd’hui, nous devons marquer cette grande transition en grand parti, rassembleur, largement ouvert, modéré et tolérant ».
 
Troisième grand défi : quel projet de société prôner pour la Tunisie et en faire un projet pouvant constituer celui de l’Etat, dans le respect des principes républicains ?
 
Quatre projets de motion, débattus dans les congrès régionaux, seront soumis au débat. Réservées aux militants, ces motions qui n’ont pas jusque-là  été révélées au grand public constitueront sans doute le témoin significatif quant aux nouvelles orientations que prendra Ennahdha.
 
Si la reconduction de Ghannouchi ne semble pas poser de problème, les élections pour la nouvelle structure qui remplacera Majlis Echoura et les différentes autres instances, seront également importantes pour dessiner les contours de la nouvelle direction du parti.