News - 08.07.2012

Pourquoi tant d'acharnement pour limoger Nabli de la Banque Centrale

La justification de la décision de démettre Mustapha Kamal Nabli de ses fonctions de gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie vient d’être finalement révélée par le président de la République, Moncef Marzouki. "Cette décision, avait-il mentionné lors de son allocution télévisé, vendredi soir, reflète un attachement à ce que l'assemblée constituante exerce ses responsabilités en engageant des reformes profondes du secteur monétaire et financier". Peu convaincante comme argumentation estiment de nombreux analystes qui y relèvent, d’abord, aucune mise en cause de la gestion actuelle ou de l’orientation générale de l’Institut d’émission, ainsi qu’aucun reproche professionnel au titulaire du poste.

 
« S’agissant de réformes profondes du secteur monétaire et financier à engager, estime un spécialiste interrogé par Leaders, elles sont d’abord du ressort du gouvernement et de la Banque centrale et non seulement de celle-ci uniquement. Aussi, ajoute-t-il, rien n’empêche qu’une lettre de cadrage, fixant des objectifs spécifiques à ce sujet, ne soit adressée la BCT, soit par le gouvernement ou l’Assemblée nationale constituante. Ce n’est qu’en cas de rejet du contenu de cette lettre, par la BCT et son gouverneur, qu’un processus de démission pourrait être engagé. Maintenant, si le président de la République estime que le gouverneur actuel constitue un obstacle pour la mise en œuvre des réformes évoquées ce qui serait à l’origine de la décision de démission, qu’en est-il à ses yeux du conseil d’Administration de la Banque qui est l’organe principal dans le dispositif de gouvernance. Marzouki doit-il démettre ses membres eux aussi ? »
 
En fin de compte, tout cela ne peut que renforcer la perception largement partagée dans l’opinion publique, que la décision du président de la République est un acte qui relève du fait du prince, visant beaucoup plus Nabli que la fonction de gouverneur ou l’institution. Autant, cette opinion publique a été sensible à la dénonciation par Marzouki de la manière dont la présidence de la République avait été saisie de l’extradition de Mahmoudi, autant, elle ne le suit pas sur le cas Nabli. « C’est de l’acharnement personnel qui nest pas fondé au surplus sur  un manquement professionnel, ni autre justification plausible », estime-t-on un peu partout en Tunisie. Sans parler des milieux financiers internationaux