News - 20.05.2012

CPR : comment renforcer les rangs, renflouer la caisse et se relancer ?

L’alerte aura été chaude pour le Congrès pour la République (CPR). Maintenant qu’Abderraouf Ayadi est parti créer avec ses co-équipiers leur propre nouveau parti, le Congrès Démocratique Indépendant (CDI) et qu’une nouvelle direction conduite par Mohammed Abbou, avec comme secrétaire général adjoint, Imad Daïmi a pris les rennes, à l’issue du conseil national tenu à Tataouine, il va falloir se mettre sérieusement au travail. Les chantiers sont aussi nombreux qu’urgents, nous dit-on, rue Dargouth Pacha, siège historique du CPR : renforcer les rangs, renflouer les caisses ne serait-ce que pour assurer le minimum, préparer le congrès national prévu fin août et se préparer aux prochaines échéances électorales. Première grande étape, la tenue des congrès régionaux à partir du mois de juin prochain.

Les nouvelles adhésions qui étaient ralenties, pour ne pas dire bloquées, au lendemain des élections du 23 octobres, par crainte d’une déferlante difficile à contrôler, doivent reprendre. Le CPR revendique, selon une source interne, près de 7000 adhérents et peut en accueillir plusieurs autres milliers rapidement. Une règle de cooptation serait à l’étude pour s’assurer de la qualité des nouvelles recrues.
 
Nerf de la guerre, les finances se font très rares. Selon notre interlocuteur, le CPR ne compte actuellement en caisse qu’un peu plus que 11 000 D, versés sur son unique compte bancaire et provenant essentiellement d’une ponction de 15% des indemnités servies aux élus du parti à l’Assemblée nationale constituante et de ses représentants au Gouvernement ainsi que  la contribution de son président, Moncef Marzouki. Peut-on y croire ? Où sont les « généreux mécènes » parmi les hommes d’affaires qui, d’habitude se bousculent pour financer les partis au pouvoir ?
 
D’après notre source, plusieurs offres étaient effectivement reçues, surtout après les élections. Mais leurs auteurs n’étaient pas désintéressé et cherchaient beaucoup plus à obtenir en échange des protections ou des privilèges que de contribuer au soutien de l’action politique. « Nous avons eu peur de voir les forces de l’argent investir nos rangs et s’y imposer », souligne-t-on au CPR sans nier le fait que certaines contributions émanant d’hommes d’affaires jouissant de grande moralité et à l’abri de tout soupçon avaient été acceptées, notamment lors du redémarrage et de la campagne électorale.
 
Combien aura coûté la campagne électorale ? Notre source accepte sans hésitation de le révéler. « Les dépenses totales auront été de près de 140 000 D, comme peuvent en attester nos livres ouverts à la Cour des comptes ». C’est tout ? « De toute façon, nous n’en avions pas pu mobiliser plus, et nous nous sommes bien débrouillé, chacun de son côté pour y ajouter ses propres dépenses personnelles ».
 
Revenant sur le conseil national tenu à Tataouine, notre source réfute la thèse d’une division des troupes dirigeantes comme aurait pu le faire croire le score paritaire de 34 voix, obtenu par les deux candidats alors en lice, Mohamed Abbou et Imad Daïmi. « C’était très surprenant, nous dit-elle. Le dépouillement des bulletins de vote était très égalitaire, jusqu’à prendre en considération, à égalité aussi, les bulletins pouvant être jugés de nuls. Puis, sur le tout dernier bulletin qui restait, les noms des deux candidats étaient barrés. Que faire alors ? Reprendre le vote ? Laisser le bureau politique départager les deux ex aequo ? C’est alors que Slim Ben Hmidane a eu l’idée de faire prévaloir le droit d’aînesse. Proposition acceptée, Mohamed Abbou a été élu secrétaire général et Imad Daïmi, secrétaire général adjoint".
 
Daïmi était-il prêt à quitter Carthage et abandonner son poste de directeur du cabinet présidentiel ? « Tout a fait, affirme notre source, tant nous sommes tous résolus à relancer le CPR. Nous devons avoir désormais des permanents au siège du CPR pour s’atteler quotidiennement à la tâche. D’ailleurs il n’est pas exclu qu’un membre ou deux du staff présidentiel quitte Carthage et ira rue Dargouth Pacha ».