Précisions à propos de la couverture du JT de l'élection de F. Mitterrand il y a 31 ans par la TV tunisienne

J'ai lu avec plaisir le blog de mon collègue Hédi Bahi sur la manière  dont la télévision tunisienne avait couvert l'élection du Président  François Mitterrand en mai 1981 et j'aimerais y apporter quelques compléments d 'information de …première main.

En effet, en mai 1981, j'étais le directeur de la télévision tunisienne  et nous avons, effectivement, passé la nouvelle de l'élection de  Mitterrand à la une du Journal télévisé de 20 heures.

Mieux que cela, l'image du portait de Mitterrand qui se formait sur  l'écran a été découverte en même temps par les Tunisien et les Français  puisque nous l'avions passé en direct (il n'y avait pas de décalage  horaire à cette époque) et nous avions, avant les satellites, un relais  terrestre avec les chaînes françaises (on se souvient certainement des  émissions qui passaient chez nous en direct comme "Les dossiers de  l'écran" ou "Au théâtre ce soir").

Cependant, contrairement à ce que dit notre collègue Si Hédi Bahi,  Bourguiba n'a puni personne, ni le REC du journal ni moi-même puisque  c'est moi, en accord avec la rédaction, qui avait pris cette décision de  passer l'info à la une du journal.

Pour preuve de réactivité à cette époque, la TV tunisienne a interrompu  ses programmes par deux fois au cours de cette année 1981, lors de  l'attentat contre Anouar Sadate en Octobre et lors de la tentative  d'assassinat de Reagan.

De plus, les débats télévisés, avec participation de l'opposition (  Harmel, Mouada, Ben Amor, Mestiri), passaient en direct et les  téléspectateurs téléphonaient pour qu'on n'arrête pas la discussion pour  passer un autre programme.

Dernier rappel qui semble avoir été oublié par certains  "révolutionnaires" de la dernière heure, j'ai présenté ma démission de  la TV, le 3 Novembre, le lendemain du trucage des élections du 1er  novembre 1981, les premières élections pluralistes de l'histoire de la  Tunisie indépendante. Le journal le Maghreb de l'époque s'en était fait  l'écho.

Ridha NAJAR
Professeur retraité de l'IPSI et ancien DG du CAPJC