News - 27.03.2012

Jebali: tout sur les élections, l'ISIE, la Troïka et Caïd Essebsi

Tenue des prochaines élections dans un délai ne dépassant pas le mois de juin 2013 et de préférence le 9 avril, réactivation de l’ISIE et accord implicite de reconduire à sa tête Kamel Jendoubi, souhait de voir l’Assemblée nationale constituante accélérer la rédaction de la Constitution, l’éventualité d’un référendum n’étant pas exclue, meilleure coordination entre la Troïka au niveau de l’action et des déclarations : c’est ce qu’a annoncé le Chef du Gouvernement, M. Hamadi Jebali dans une interview exclusive que publie notre confrère La Presse dans son édition de ce mercredi 28 mars. Il y détaille également les sept priorités assignées à l’action gouvernementale et explique la stratégie qui sera adoptée pour la maîtrise des prix et la lutte contre « la mafia des circuits de distribution ».

Estimant qu’il y a deux extrémismes, de droite, comme de gauche, Jebali rappelle que la société tunisienne est « caractérisée par sa modération et son équilibre » et condamne fermement les slogans antisémites scandés dimanche dernier ainsi que lors de la visite à Tunis d’Ismail Hénia. Au sujet de sa visite à El Aouina, il l’inscrit dans un cadre « purement humanitaire », affirmant que « prétendre qu'il s'agit d'une transaction n'est que pure fantaisie ».

Répondant aux questions relatives à l’initiative de son prédécesseur, Hamadi Jebali déclare : « je ne veux pas parler maintenant de M. Béji Caïd Essebsi, mais je lui dirai de grâce, vous n’êtes pas un donneur d’ordres. Nous sommes modestes, soyez-le autant et ne vous présentez vous pas  comme le leader que la Tunisie a perdu ou ne  soufflez dans les corps inanimés. Qu'il garde la mesure de son rôle ». S'agissant de l’opposition, le chef du gouvernement provisoire affirme que : « la Tunisie a besoin d’une opposition forte et j'appréhende le déséquilibre des forces, nous n'avons donc pas peur des coalitions et alliances; c'est ça la démocratie»

Ci-après les principales citations contenues dans l’interview
 

  • Nous souhaitons vivement que l’ANC fournisse l’effort nécessaire pour accélérer le  processus de rédaction de la Constitution, d’autant plus que l’éventualité de l’organisation d’un référendum n’est pas à exclure au cas où le projet élaboré ne parviendrait pas à obtenir les deux tiers des voix requises. Un tel cas de figure aboutirait à la dissolution de l’ANC.
  • Nous considérons que les prochaines élections ne devraient pas dépasser le mois de juin 2013.Il est préférable qu'elles se tiennent  le 9 avril ou la fin du mois de juin après l’achèvement de l’année scolaire et universitaire.
  • Nous avons décidé de réactiver l’ISIE et il existe un accord implicite de reconduire M. Kamel Jendoubi à la tête de cette Instance.
  • Nous avons accusé du retard dans beaucoup d’aspects. Il est vrai qu’on aurait pu faire beaucoup mieux dans les dossiers des martyrs et des blessés, on aurait pu faire plus et je ne peux que me le reprocher à moi-même et à mon équipe. Sur la question des prix, il y a une mafia omniprésente qui a dépassé tout entendement.
  • On s’est aperçu que la Troïka aurait pu coordonner davantage son action entre les présidences de la République, le gouvernement et la Constituante au plan des déclarations et des positions.  Cela malgré l’existence d’une loi organisant ces pouvoirs.
  • On aurait pu aussi être plus rapide dans l’engagement des projets, même ceux programmés auparavant. C’est pourquoi on devait aller plus vite.
  • Mes 7 priorités: les logements sociaux, la formation professionnelle, l'emploi, le coût de la vie, les grands projets, la justice transitionnelle et la sécurité. La quatrième priorité, à laquelle j’attache une grande attention et importance, est celle du coût  de la vie. Mon objectif sera de favoriser un retour à la normale des prix des produits de première nécessité d’ici le prochain ramadan
  • Pour déstructurer la mafia des circuits de distribution, nous avons prévu des mesures de contrôle et de régulation des importations, d’application sévère des lois et de lutte contre l’écoulement illicite de produits; car notre pays est en train de nourrir plus que sa population.
  • Ce gouvernement ne représente pas les intérêts d’une catégorie ou d’un parti, il est celui de tous les Tunisiens. Notre gouvernement respecte la loi et s’engage à la faire respecter même en ce qui le concerne directement, à défaut on ne peut plus parler de bonne gouvernance.
  • Le combat du Tunisien, ce n’est pas tant de savoir s’il est musulman ou non, mais c’est, surtout, le travail, le coût de la vie, le loyer,  le transport. C’est ça le Tunisien, il n’a pas de problème de libertés de culte, d’expression et d’habillement. Il peut s’exprimer, constituer une association, un parti. Y a-t-il un danger en  cela ? Certainement pas. Pourquoi donc cette polarisation idéologique et ces exhortations étranges ?
  • Il y a en fait deux extrémismes: celui de droite et celui de gauche. Il y a deux salafismes: le salafisme djihadiste et le salafisme de l’anarchie et du chaos. Quand ces deux salafismes, de droite et de gauche, s’accordent sur leur absence de confiance dans les libertés, la démocratie et les urnes et se croient détenteurs de la vérité absolue, à ceux-là nous disons: non et nous disons à notre peuple que notre société est caractérisée par son attachement à la modération et à l’équilibre.
  • Je condamne fermement les slogans qui ont été scandés dimanche dernier et  à l’occasion de la dernière  visite du Secrétaire Général du mouvement palestinien Hamas  d’Ismaïl Hnia en Tunisie, car ils portent atteinte à l’Islam et à la Tunisie.
  • Ma visite à El Aouina était spontanée et avait des raisons purement humanitaires. Prétendre qu'il s'agit d'une transaction n'est que pure fantaisie.
  • Je ne veux pas parler maintenant de M. Béji Caïd Essebsi, mais je lui dirai de grâce, vous n’êtes pas un donneur d’ordres. Nous sommes modestes soyez-le autant et ne vous présentez  pas  comme le leader que la Tunisie a perdu ou ne  soufflez dans les corps inanimés. Qu'il garde la mesure de son rôle.
  • La Tunisie a besoin d’une opposition forte et j'appréhende le déséquilibre des forces, nous n'avons donc pas peur des coalitions et alliances; c'est ça la démocratie".

Extraits publiés, mardi 27 mars 2011, avec l'aimable autorisation de notre confrère La Presse

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