News - 04.03.2012

Algérie: Amara Ben Younes plaide à Tunis pour une alliance démocratique au Maghreb

«Je ne connais pas d'intégristes modérés. Marocains et Tunisiens ne doivent pas commettre les mêmes erreurs que nous en Algérie et qui nous ont coûté plus de 200 000 morts et de longues années de terreur». Amara Ben Younes, chef du Mouvement Populaire Algérien (nouveau parti qui vient juste d’obtenir son visa) et ancien ministre sous Bouteflika, de la Santé, puis des Travaux Publics, affiche une position très nette à l’égard des partis islamistes. « Nous devons constituer  une alliance démocratique au Maghreb et mettre en connexion et synergie nos partis et nos sociétés civiles ». De passage à Tunis, ce week-end, il a eu une série d’entretiens avec des dirigeants de partis démocratiques et partagé ses réflexions avec un groupe de journalistes.
 
Dans chacun de nos pays, dit-il, nous ne sommes pas face à des partis religieux, mais à une internationale islamiste qui utilise la même stratégie et les mêmes slogans. C'est pourquoi, il nous incombe d'adopter une  démarche commune et unifier toutes les forces progressistes et modernistes. Si au Maroc et en Tunisie, la société civile est particulièrement aguerrie et les femmes, particulièrement aux premiers rangs du combat, pouvant ainsi constituer un contre-pouvoir efficace, le risque peut provenir de la Libye et de l’Egypte ».
 
Interrogé sur l’expérience de la Troïka en Tunisie, Amara Ben Younes estime que le CPR et Ettakatol doivent la quitter». « Par leur caution, dit-il, ils donnent au monde l’impression qu’Ennahda est majoritaire ». Il reconnaît que le concept de laïcité est mal compris et mal admis dans la région, considère que la religion ne saurait être le monopole d’un parti politique et recommande d’apporter dans les programmes politiques des réponses concrètes aux attentes effectives de la population pour améliorer son quotidien ».
 
Pour le chef du MPA, les élections législatives du 10 mai prochain en Algérie, mettant au vote 462 sièges, avec des proportionnelles au niveau des wilayas, seront déterminantes. «Le grand ennemi du camp démocratique, souligne-t-il, c’est l’absentéisme qui profitera aux partis religieux. Lors des élections de 1991, ils avaient, avec un peu plus que 22% des voix, raflé plus de 95% des sièges. Cette année, l’Algérie comptera pas moins de 21 millions de votants et une dizaine de million de jeunes seront appelés à voter pour la première fois. Toute la question est d’éviter la lassitude des électeurs et créer une dynamique pour faire voter les Algériens et réussir un taux de participation élevé ».
 
Comment entrevoit-il les résultats du scrutin ? « Une certitude, affirme Amara Ben Younes. Aucun parti ne pourra exercer son hégémonie et sortir grand majoritaire, le 10 mai prochain. D’où l’obligation de concertation et de composition. Trois options se présentent cependant : une majorité de partis intégristes, ou de partis démocratiques, ou encore une totale atomisation ». Son parti acceptera-t-il une alliance avec les partis islamiques pour gouverner ensemble ? Composer sera sans doute inévitable, mais loin de toute alliance et encore moins de la moindre caution.