News - 07.02.2012

Relancer l'UMA : le défi herculéen de Moncef Marzouki

Le président Moncef  Marzouki  entreprend, à partir de mercredi 8 février une tournée maghrébine .Trois étapes: Rabat, Nouakchott et AlgerObjectif: Tenter de secouer l'union du Maghreb arabe (UMA ) plongée dans une somnolence, depuis  des lustres. Certes, le contexte  du printemps arabe initié en TUNISIE  s’y prête. Mais il n’est  pas évident que toutes les parties aient les mêmes  intérêts dans  la relance de l'union .Et  laquelle? Compte tenu  justement de ce printemps, il n'est plus politiquement " correct " de qualifier  cette union d'arabe tant elle évolue dans un spectre politico - identitaire amalgamé. Les identités se formatent selon quatre repères : africaine, arabe, islamique et berbère. Sans compter  la gestation démocratique, en cours dans les  pays de la région.

Pour ménager toute susceptibilité, il  est souhaitable de se limiter à  la dénomination de l'Union Maghrébine. Tout court. Et-ce pour autant que tout ne sera plus comme avant ? Pas aussi simple que cela peut paraître, au regard de l'évolution de l'équilibre instable dans la sub-région et ailleurs. L'union a été mise sur pied en février 1989 par des  dirigeants qui ne sont plus protagonistes de la scène politique. Unique  gagnant de cette structure sans substance, le Maroc, qui par ses manœuvres dilatoires avait retardé le règlement de la question du Sahara Occidental qu’il occupe depuis 1975, au mépris des résolutions de l'Onu et des avis - arrêts -de la Cour internationale de Justice. S’y ajoutent la fermeture de ses  frontières terrestres depuis 1994 avec le voisin algérien et leurs vieux contentieux bilatéraux. Si les anciens dirigeants étaient  incapables de régler, en famille les questions en suspens, les actuels seraient-ils à la hauteur de l'ambition du projet maghrébin Fédérateur, tant rêvé et  à chaque fois avorté depuis l'indépendance des pays concernés ?

C'est à ce défi herculéen que tente de se frotter le président Marzouki. Chaque  diplomatie doit  avoir les capacités  de sa démarche. Pragmatiquement , le Maghreb  ne se fera  qu’après une réelle et sincère  "entente stratégique "entre Rabat et Alger. La diplomatie tunisienne ne peut assumer, à présent, qu'un  rôle subalterne de  facilitateur, tout comme elle avait assumé ,dans le passé  celui du pompier entre les deux frères ennemis, alors en guerre .Et grâce, faut il le rappeler  à sa neutralité positive .Pour  demeurer positive, celle-ci doit être impérativement  fidèle aux idéaux  de la liberté et  de la  dignité de la Révolution du 14/01. Et c’est tourner le dos à la  même fidélité que de  contourner le règlement de la juste cause du peuple sahraoui ou son abandon exclusif à la communauté internationale. Occulter cette cause revient à se décharger d'une responsabilité historique à l'égard d’un drame humain qui perdure. Le peuple sahraoui mérite le prix Nobel de la paix pour son endurance et son combat non- violent en vue de recouvrer sa liberté.

L'Onu lui recommande, par voie référendaire, trois options: Rattachement (à l'occupant) autonomie ou indépendance.Qu'on lui donne une chance !"Ceux qui rendent une évolution pacifique impossible, préparent le lit d'une révolution violente  inévitable" (dixit John F.Kennedy) .A six ou sept (Egypte incluse), l'Union Maghrébine n'en sortira que grandie et apaisée.

Habib OFAKHRI
Journaliste

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