News - 23.01.2012

Devant la Constituante, Jebali confirme sa volonté d'élargir la coalition gouvernementale

Le sens de la responsabilité pesant de tout son poids était nettement perceptible, ce lundi après midi au siège de l’Assemblée nationale constituante au Bardo, à la faveur du débat de politique générale, le premier de son genre à se dérouler avec le gouvernement. Moins d’un mois depuis son investiture, Hamadi Jebali et son équipe devaient présenter aux élus de la Nation un point sur la situation bien délicate que traverse le pays, essuyer le feu roulant des questions et y répondre en apportant les solution appropriées qu’implorent les Tunisiens de tous les vœux. Un débat profond et fécond qui a été cependant perturbé par la rigueur du président de l’ANC, Mustapha Ben Jaafar, coupant la parole au chef de l’opposition, Ahmed Néjib Chebbi (PDP et +), sans qu’il n’ait épuisé tout le temps alloué à son groupe.
 
Premier à prendre la parole, Ahmed Brahim, (Attajdid, PDM) a été droit au but : « nous ne divergeons pas quant au diagnostic, mais un temps précieux a été perdu à sous-estimer le poids des pressions, heureusement qu’après les surenchères des promesses électorales, le gouvernement à présent au pouvoir, revient à plus de réalisme ». Il ajoutera : « la mentalité de vainqueur s’est atténuée et nous nous demandons aujourd’hui si l’équipe gouvernementale est capable de faire face, à elle seule, à la situation. Ce que nous relevons, c’est que le langage de vouloir s’installer pour une longue durée est en train de changer. Ce qui le doit être également, c’est celui d’une majorité légitime issue des urnes contre une minorité sanctionnée par les électeurs ». Très sévère dans son jugement, mais positif dans sa proposition, Brahim dira : « à l’évidence, le gouvernement n’a ni les solutions ni les compétences nécessaires, d’où l’impératif de constituer un gouvernement d’unité nationale, nourri par les compétences, non composé sur la base des quotas entre partis majoritaires ». 
 
Cette position résume celles qu’exprimeront nombre d’autres intervenants au nom des différents groupes de l’opposition. En face, les élus d’Ennahdha, et leurs alliés du CPR et d’Ettakatol, monteront au créneau pour soutenir le gouvernement Jebali, valoriser ses premières réalisations, dénoncer « les forces du mal, ennemies de la révolution » et appeler à l’union nationale et la préservation des idéaux la révolution.
 
Jebali: un ton plus ferme, une volonté d'ouverture plus affirmée
 
Auparavant, plus de 40 minutes durant, le chef du gouvernement, Hamadi Jebali, en ouverture des débats, était revenu sur les principaux thèmes développés samedi soir lors de son interview télévisé. Sur un ton grave, prenant l’opinion publique à témoin, il avait détaillé les dégâts économiques enregistrés, stigmatisé les débrayages sociaux et les divers incidents survenus et dénoncé les dérapages survenus. Evoquant les agressions subies par des journalistes, notamment Zied Krichen (Le Maghreb), lundi matin au palais de Justice lors du procès intenté contre Nessma TV, il a vigoureusement condamné ces actes, exprimé la solidarité du gouvernement avec la presse et affirmé que les auteurs seront poursuivis par le justice, « quelque soit leur appartenance. »
 
Jebali avait, encore une fois, et dès ses premières phrases, affirmé que le mandat de son gouvernement ne saurait dépasser la période convenue d’une année et que cela ne dépend en fait que de l’Assemblée Constituante, espérant qu’elle puisse clôturer rapidement l’élaboration du projet de la Constitution. Aussi, sa note de conclusion, sera sur la « volonté sincère du gouvernement d’ouvrir les voies du dialogue et de la participation à tous, l’avenir du pays étant l’affaire de tous ». Vifs applaudissements sur les bancs de la majorité et courtois mais acquiesçant, ailleurs.
 
Ce message a été bien relevé par les analystes qui y voient un signe d’élargissement de la coalition au-delà de la Troïka et une volonté de s’ouvrir à de nouvelles familles politiques, des composantes de la société civile, des syndicalistes et des personnalités indépendantes.
 
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