Opinions - 13.01.2012

Le niquab en marche vers les lycées

On ne parle d’un fléau que lorsqu'il provoque de nombreux dégâts et  qu’il est sans doute trop tard pour réagir. Ne faut- il pas étouffer le mal dans l’œuf ? 

Dans un lycée de la délégation de la Manouba, le nouveau directeur (un barbu) , qui se trouve être aussi un imam règne en maître tout-puissant sur son institution. Citons quelques faits pour situer le personnage : par exemple, quand il doit réunir  les professeurs pour une réunion de  département, il ne convoque  que les femmes voilées et pas les «safirats ». Un jour il a décidé  aussi de  retirer  les interrupteurs de toutes les salles de classe pour  faire des économies, et contribuer ainsi à lutter contre la crise économique que traverse notre pays. Quel ne fut alors sa fureur de voir les profs regarder la télévision dans la salle des profs en attendant l’heure de leur conseil de classe. Sacrilège. Il y a plus grave.

Dans ce lycée, deux élèves ont décidé un beau jour de porter le Niquab et ce avant l’allocution d’investiture de notre cher président de la république dont je qualifierai les propos avec tout le respect que je lui dois,« d’inconscients». Ces jeunes filles ont donc été priées par l’administration et leurs  professeurs de se dévoiler le visage ou de rester chez elles .Elles ont  bien sûr choisi la deuxième option. Donc après le fameux discours présidentiel, ledit directeur s’est empressé de convoquer des amies de ces deux élèves , amies qu’il est allé lui-même chercher dans leur  salle de classe pour leur demander  d’avertir nos deux  niquabées  que la voie est enfin  libre. Voici donc  les deux  fantômes de retour  au lycée avec la bénédiction du maître des lieux.

Quant aux professeurs qui ont refusé l’entrée de leur classe à ces filles, ils ont été sommés par le directeur, furieux, de  rédiger une lettre expliquant leur geste, lettre qui sera envoyée au ministère. Serait-ce une façon de les menacer  et de les faire changer d’avis ?

Ce directeur ne voit-il  pas plus loin que « sa barbe » ? Ne voit-il  pas qu’il ouvre une brèche à une déferlante ?  Mais peut-être est-ce le but ? 

Doit-on attendre que la mésaventure de Mm Amel Jaidi, chef du département d’anglais et membre du conseil scientifique de la Faculté des lettres de La Manouba  «  qui  a été agressée   verbalement par  une étudiante portant le niquab, se reproduise. Un des étudiants a même  menacé  Mm Jaidi de mort. » Faut-il donc qu’il y ait mort d'homme pour réagir ?

Doit-on risquer de compromettre une année scolaire en laissant cette  « secte » agir à sa guise ? Comment expliquer le silence des ministères de l’enseignement ? Ne dit –on pas, qui ne dit mot consent ?

 Que feront  ces messieurs du ministère derrière leurs tout nouveaux bureaux, quand ils verront des filles en niquab se présenter pour passer  le  bac?  Viendront-ils alors remplacer les professeurs pour vérifier les identités, et tout ce qui pourrait être caché sous leur voile sacré ?

Aicha Bennys Slama

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