News - 14.09.2011

Ennahdha révèle son programme en 365 mesures

Election par le parlement du Président de la République, pour un mandat de 5 ans, renouvelable une seule fois, désignation par le Président de la République d’un chef de gouvernement issu du parti qui occupe le plus grand nombre de sièges au sein du parlement et tout un modèle de renforcement institutionnel et de développement économique et social. Autour de 22 principes fondamentaux, le mouvement Ennhadha a défini 365 mesures pratiques, devant « non seulement réaliser les objectifs de la révolution, mais aussi offrir un modèle pour d’autres pays », comme l’affirmeront ses dirigeants.

« Ce n’est pas le programme du mouvement  Ennahdha, mais celui pour la Tunisie tout entière, en pour réussir là où le régime déchu et son système ont piètrement échoué. Après avoir offert au monde une révolution exemplaire, la Tunisie est aujourd’hui en mesure d’offrir à travers la mise en œuvre de ce programme, un véritable modèle de développement intégral ». Devant plus d’un millier d’adhérents  réunis mercredi matin au Palais des Congrès de Tunis, le secrétaire général du mouvement Ennhadha, Hammadi Jebali, a ouvert ainsi ce grand rassemblement consacré à la révélation du programme  de son parti, placé sous le thème de « Pour la Tunisie de la liberté, de la justice et du développement. »

Dans une scénographie soigneusement conçue, ont pris place sur le podium, Rached Ghannouchi,  des membres de l’exécutif, le philosophe Abou Yaareb Al Marzouki, tête de liste dans la circonscription de Tunis 1 et Souad Abderrahim, tête de liste d’Ennahdha dans la circonscription de Tunis 2, ainsi qu’un représentant de la révolution libyenne, Meftah Abdehamid (Misurata).

Aux premiers rangs dans la salle, on reconnaît des figures historiques du mouvement (Sadok Chourou, Habib Ellouze, Moncef Ben Salem…), ainsi que des invités de marque, dont nombre de chefs d’entreprises et d’ambassadeurs. Candidats des listes venus de toutes les régions du pays et des circonscriptions électorales à l’étranger, cadres du mouvement, centraux et des instances régionales ont suivi pendant près de deux heures, les discours des leaders et les exposés détaillés des spécialistes. Pas moins de 185 experts dont des indépendants, précisera Hammadi Jebali, ont travaillé d’arrache pied, depuis février dernier, mais aussi sur la base de réflexions déjà nées et cultivées lors des années de détention, pour aboutir à la définition de ce programme.

Pour le chef d’Ennhadha, Rached Ghannouchi, « la profondeur de ce programme démontre que les porteurs du message islamique apportent en fait des réponses concrètes aux véritables préoccupations concrètes du peuple. Après la faillite d’un modèle économique et social qui a exclu l’Islam, nous présentons des solutions appropriés que nous sommes en mesure de mettre en œuvre et de réaliser ainsi les objectifs de la révolution. » Il reprendra la parole à la clôture du meeting pour souligner que « le mouvement Ennahdha croit au pluralisme, mais au pluralisme qui n’écrase pas l'épine dorsale de la nation et nous entendons constituer cette épine dorsale ».

Tour-à-tour, Hammadi Jebali, Noureddine Behiri et Ridha Saidi, exposeront, diapositives projetées sur écrans géants à l’appui, les 22 principes fondateurs et les 365 mesures du programme. Très attentive à ces exposés couvrant l’ensemble des volets politique, économique, social et culturel, la salle a particulièrement applaudi la volonté d’Ennahdha de réviser, au titre du renforcement du rôle de la femme et de la consolidation des liens de la famille, l’horaire du travail et l’instauration d’un système de séance unique, sur la base de conditions à définir.

Noureddine Behiri a, de son côté, suscité lui aussi un réel intérêt, lorsqu’il étendu « l’hommage rendu aux martyrs de la Tunisie, depuis les Youssefistes jusqu’à ceux de la révolution », comme mentionné par Ghannouchi, à ceux de l’armée nationale et des forces de sécurité. Soulignant le rôle joué par  ces corps, il a insisté sur la nécessité de la restauration totale de la sécurité, appelant là coopérer dans ce sens avec les forces de l’ordre. « La Police, a-t-il, déclaré, même si certains de ses éléments s’étaient impliqués dans des dépassements dont nous avons tous soufferts et certains parmi nous le plus, ne peut être jugée collectivement et mérite qu’on lui apporte notre soutien, elle est indispensable pour l’avenir de la Tunisie. »

Dans le volet politique du programme, on  relève notamment :

  • L’institution d’un parlement érigé en une seule chambre
  • L’élection par le parlement du Président de la République, pour un mandat de 5 ans, renouvelable une seule fois,
  • La désignation par le Président de la République d’un chef de gouvernement issu du parti qui occupe le plus grand nombre de sièges au sein du parlement
  • La démission du Président de la République de toute responsabilité au sein d’un parti politique durant son mandat,
  • La création d’une cour constitutionnelle dont le président sera choisi par le parlement
  • L’indépendance de la cour des comptes et son rattachement direct au parlement qui désigne son président,
  • La création d’instances indépendantes en charge de la communication, des élections
  • L’institution du principe de la déclaration pour la constitution des associations
  • L’instauration, durant la période transitoire, des principes de la concertation et du consensus, en s’employant à agir avec sagesse et allier entre la justice transitionnelle et l’esprit de réconciliation
  • La formation d’un gouvernement d’une nationale, sur la base d’u consensus, en respectant les résultats des élections et en valorisant la compétence. Le gouvernement aura pour mission la réalisation des objectifs de la révolution en priorisant les questions urgentes, à savoir l’emploi, le développement régional, la stabilité politique et le traitement des dossiers de la corruption,
  • L’aboutissement à des élections démocratiques mettant en place des institutions constitutionnelles définitives
  • Le traitement des injustices subis sous le régime déchu et l’activation de l’amnistie générale

Les mesures économiques

  • L’allègement de la pression fiscale sur les personnes physiques pour les petits et moyens revenus en élargissant ka tranche de revenus exonérés de 1500 à 2500 D et augmentant les déductions communes au titre de chef de famille de 150 à 300 D pour tout enfant et tout parent à charge
  • L’extension du délai de déduction des pertes de 4 à 5 exercices et permettre la déduction de celles réalisées au cours de l’exercice 2011 sans limitation de délai
  • La régularisation des situations fiscales, sans pénalités de retard, sur la base d’une antériorité de 4 ans, à condition d’initiative de régularisation avant juin 2012
  • La réalisation d’un taux de croissance annuel moyen de 7% durant la période 2012-2016, permettant de passer à un revenu national disponible par habitant de 10 000 D contre 6300 D en 2011
  • La création d’environ 590 000 emplois durant le prochain quinquennat, ramenant ainsi le taux de chômage  de 14.4% en 2011 à 8.5% à l’horizon 2016
  • Le ciblage d’un taux d’investissement de 31% du PIB en 2016, contre 25% en 2011
  • La réduction de l’inflation à 3% en 2016, contre 5.5% en 201
  • La mobilisation d’un financement de 163 milliards de dinars pour la période 2012-2016, à hauteur de 67% grâce à l’épargne nationale, 6 % en financement extérieur générateur d’intérêt de la dette, alors que plus du quart de l’ensemble du financement extérieur sera assuré par le financement extérieur non générateur d’intérêt de la dette, soit 27%.
  • L’instauration d’une législation appropriée permettant la création de banques islamiques
  • L’évolution de la législation notamment celle touchant l’assurance maladie et l’assurance des moyens de transport
  • La préparation du cadre juridique pour la mise en place de l’assurance mutualiste Takaful et ouverture de guichets spécialisés dans compagnies existantes
  • L’encouragement de la création d’un pôle national d’assurance à rayonnement international
  • La promotion de la culture de l’assurance afin d’élever le taux de couverture contre les risques
  • L’accroissement du taux d’encadrement dans le secteur des assurances.