News - 13.09.2011

La question d'Yadh Ben Achour aux constitutionnalistes turcs : quel avenir pour la laïcité, sur fond d'inspiration religieuse?

Retrouvant avec bonheur sa faculté d’origine, la Faculté des Sciences Juridiques, Politiques et Sociales de Tunis, lors de la conférence inaugurale, mardi matin, le Pr Yadh Ben Achour, était très attentif à la conférence prononcée par son collègue turc, Ibrahim Özden Kaboglu, sur la constitution turque et sa révision. En spécialiste, mais aussi édifié par les débats au sein de la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, il n’a pas laissé passer cette occasion sans poser une question d'actualité : quel avenir pour la laïcité en Turquie ? En fait, la formulation est plus précise : « Très apprécié et très populaire, le Premier ministre, Erdo?an, fait des émules dans la région. Il est à la tête d’un parti qui a une inspiration politique à caractère religieux et réussit plus ou moins à conserver la laïcité. Comment cette laïcité pourra s’accommoder avec un régime à inspiration religieuse ? »

En bon universitaire, le Pr Ibrahim Özden Kaboglu, commencera par rappeler le contexte : La Turquie célèbrera, en 2023, le centenaire de la Constitution et d’ici là, le principe de la laïcité existera toujours, car il figure parmi les dispositions inaltérables mentionnées dans l’article 2, telles que la démocratie, ensembles de caractéristiques fondamentales. Mais, on peut se demander si le contenu de la laïcité et sa signification demeureront toujours les mêmes. Nous les concevons en effet comme garantie des droits de l’Homme et du respect des libertés, à commencer par les libertés religieuses. »

Evoquant les perspectives de révision de la constitution turque, le Pr Kaboglu a indiqué qu’il souhaite personnellement que cette option soit confirmée dans le sens du renforcement de la démocratie et des libertés. « Vous savez, a-t-il souligné, la constitution n’est pas un texte pour aujourd’hui, mais pour les générations futures. Ce n’est pas aussi, un texte divin, mais interpersonnel et par essence laïc. Il doit surtout marquer l’assurance de l’alternance au pouvoir et rappeler sans cesse que les voies restent ouvertes à cette alternance. » Un peu évasive, comme réponse, de l’avis de certains, mais bonne à connaître.