News - 28.08.2011

Constituant des listes indépendantes : Cheikh Mourou pourra-t-il battre Ennahdha

«Je ne fais pas partie d’Ennahdha, et s’ils veulent me combattre, je les combattrais. Mon objectif est de vaincre tous mes compétiteurs… On me dit que les estimations indiquent que 60% des effectifs quitteraient le mouvement pour rejoindre nos rangs ! ». La bombe est lâchée : Cheikh Abdelefettah Mourou, « l’un des plus grand co-fondateurs du Mouvement de la Tendance Islamique, comme le qualifie Rached Ghannouchi », annonce plus que la rupture, la confrontation électorale. Dans une interview publiée par Le Maghreb, dans a sa livraison du samedi, il a annoncé la constitution d’une coalition de personnalités indépendantes, formée notamment de Mustapha Filali, Slaheddine Jourchi, Hamouda Ben Slama et Radwan Masmoudi, pour présenter des listes indépendantes dans différentes circonscriptions. Interrogé par Zied Krichen et Hachemi Troudi, il souligne qu’il s’agit-là "d’une étape unique, à savoir l’assemblée nationale constituante, sans avoir pour ambition de se porter candidat par la suite aux législatives ou aux présidentielles".
 
Visiblement meurtri par son « exclusion » d’Ennahdha, Abdelfettah Mourou ne semble pas vouloir jeter l’éponge, se donnant, bien au contraire, de nouveaux ressorts. «Je ne veux pas que l’histoire retienne contre moi la moindre velléité de créer une scission au sein du mouvement, mais plutôt d’avoir contribué à sa réforme, de l’intérieur, déclare-t-il».
 
Evoquant ses positions à l’égard des grandes questions qui se posent actuellement, il s’est déclaré opposé à l’amalgame entre religion et politique, s'affirmant favorable à l’organisation d’un référendum, le 23 octobre, "pour se prononcer quant au délai à accorder à l’assemblée constituante". Il estime que "c ‘est à cette assemblée de désigner le gouvernement (sans autre précision pour ce qui est du président de la République), et que son rôle se limitera seulement à l’élaboration de la nouvelle constitutio et accessoirement à la législation».
 
Le pavé ainsi jeté la mare a provoqué diverses réactions parmi les dirigeants d’Ennahdha. Invités à réagir à ces propos, Habib Ellouze, Moncef Ben Salem et Laajmi Lourimi, y sont allés chacun de son couplet, sur les colonnes du Maghreb, dans son édition du dimanche. « Nous n’avons pas exclu Cheikh Mourou de nos rangs, mais si nous avons tardé, après la révolution, de l’intégrer dans nos rangs, c’était une attitude fondée sur un vote, mais ne constitue pas une position définitive », souligne Habib Ellouze. Commentant sa candidature à la tête d’une liste indépendante, il estime que : « je commence à pencher à son droit à l’indépendance ».
 
Pour sa part, Moncef Ben Salem déclare : "Je n’approuve pas ses déclarations et ses agissements et j’aurai tant espérer ne pas en arriver là".
 
Quant Laajmi Lourimi, il estime qu’"il n’y a pas de mal à se mettre en compétition pour rallier une même base électorale, sur une scène très diversifiée et je suis heureux de le voir s’inscrire dans la vie nationale, sans vouloir s’en éclipser".
 
Verdict, le 23 octobre 2011.