Opinions - 18.08.2011

La religion et la politique, une lecture novatrice

Le terme Religion (DÎN) dans le discours coranique est l’aspiration de l’homme à Dieu qui s’est manifesté au monde et dans la conscience de l’Homme. Dans son acception originelle, ce terme signifie donner un sens à la vie, à l’homme et à son devenir en faisant abstraction de tout contexte temporel ou sociétal déterminé.

Ce dont il a été tenu compte dans le cheminement historique de la pensée islamique en matière de réforme religieuse ou d’éveil est un acquis dans la mesure où il permet au message religieux des origines de retrouver la place qui est la sienne dans le cadre d’un discours précis ou d’une pensée islamique déterminée traitant d’une situation donnée en fonction de ce message fondamental et de ses valeurs essentielles. C’est pourquoi, il convient de faire le départ entre «religion» et «religiosité». La première sert d’impulsion qui donne son sens à la vie et une visibilité à l’Homme lui permettant de découvrir dans sa quête de Dieu ce qu’il y a de plus profond chez lui et une force intérieure supérieure à la normale. Quant à la religiosité, c’est une pratique humaine exprimant une assimilation au sacré dans la vie des sociétés.

C’est pourquoi, le rôle de la religion n’est pas de nous aiguiller vers le type d’Etat à instaurer dans un contexte social et historique déterminé. Le message de la religion et sa conception de la vie et de l’homme permettent à ce dernier de disposer de critères pertinents qui peuvent l’aider à prendre position positivement ou négativement sur tous les problèmes rencontrés dans sa vie.

C’est toute la problématique du rapport du religieux au temporel. Il peut prendre une position critique concernant un système politique, mais il ne pourra jamais proposer un système politique ou économique donné s’il est uniquement fondé sur des spécificités religieuses. Pour conclure, on peut avancer que le croyant a le droit de s’intéresser à la politique et de s’y adonner, mais il ne doit pas chercher à transformer la politique en religion, autrement dit, en acte sacré. Son rejet ou son acceptation des questions relevant de la chose publique doit obéir à des valeurs agissant en interaction avec la citoyenneté qui s’appuie sur un ensemble d’éléments intellectuels dont quelques-uns seulement sont religieux.

C’est pourquoi les rapports entre la religion et la politique dans l’histoire islamique ont toujours été problématiques, autrement dit, ils ne reposent pas sur des jugements définitifs. C’est une relation en perpétuel changement parce qu’elle repose sur une distinction entre la religion et la politique sans que cela aboutisse à une rupture entre elles. C’est pourquoi, la réforme politique dans le contexte arabo-islamique nécessite, compte tenu de cette relation particulière entre les deux aspects, une réforme du discours se référant aux valeurs religieuses de manière à le revitaliser et à le rapprocher des réalités parce que l’émergence d’une pensée religieuse en fonction de considérations uniquement politiques est ce qui peut lui arriver de pire.

C’est pourquoi, la création d’un Etat fédérateur, c’est-à-dire civil, est l’une des raisons de l’assèchement des sources de l’extrémisme quelle que soit sa nature. En contrepartie, il a favorisé l’épanouissement d’une pensée religieuse dans la société en tant qu’elle constitue une réflexion continue et en évolution sur la réalité.

Quant au préalable d’une réforme du discours religieux, c’est une pensée en prise directe avec la réalité et la reconnaissance de l’autre devenu un défi cognitif pour le croyant par les questions qu’il lui pose et celles que le croyant pose à l’autre.

Hmida Ennaifer