Opinions - 01.08.2011

Ennahda et le PDP ont-ils perdu d'avance les prochaines élections?

Même si la date-butoir des inscriptions sur les listes électorales a été repoussée au 14 aout, on ne peut que s'interroger sur le peu d'empressement des Tunisiens à s'inscrire.
A fin aout, environ deux millions de citoyens auront accompli cet acte censé être hautement citoyen.

Le résultat enregistré est déjà inespéré au vu du démarrage extrêmement timide des inscriptions.
Mais quid des quasi six millions de tunisiens qui n’ont pas cru utile de s’inscrire ?
Chacun y va de sa propre réponse selon sa grille de lecture politique. Et pourtant, l’appel à inscription a fait l’objet d’une campagne de communication qui a usé et abusé de tous les supports possibles et imaginables. Pourtant, cette campagne a bien un coût.
La question s’impose : Qui a payé et combien?
Heureusement, cette campagne n’a pas fait que des malheureux .Certains se sont gavés et cela fait énormément de bien en période de disette.

Non, tout compte fait, il vaut mieux ne pas rendre publics les montants dépensés, au moment ou des millions de tunisiens se battent, plus que jamais depuis six mois, pour joindre les deux bouts.
Nous disions donc que près de trois électeurs potentiels sur quatre ne se sont pas inscrits.
La prochaine échéance électorale ne semble pas les emballer.
Pourtant, on ne cesse de nous répéter que le peuple désire élire une assemblée constituante.
Faux, archifaux, le faible taux d’inscription prouve de manière certaine que cette élection ne corrobore en rien cette volonté populaire.

Un  fossé  désormais profond sépare notre peuple et  ceux qui vocifèrent depuis des mois d’un plateau à l’autre et de colonnes de journal à un autre.
Notre peuple, après avoir achevé un système moribond, se démarque aujourd’hui de ceux qui ont réussi à mettre en six mois notre pays à genoux.
Les ambitions débordantes et les calculs des nouveaux politiciens  ont causé autant de tort, si pas plus, que les effets pervers du benalisme.
Au fait, à propos de calculs politiciens, que sont devenus les 30 et 29 % de votes promis par un certain sondage respectivement à Ennahda et au PDP.
Actuellement, même en supposant que tous les inscrits appartiennent tous  au PDP  et à Ennahda et à ses satellites, ces deux partis réunis ne recueilleraient qu’environ 25% des suffrages.
Maigres résultats pour des partis qui aspirent à gouverner notre Tunisie. N’ont-ils pas perdu  la bataille électorale avant de l’avoir livrée ?

 En outre, pour qui voteraient les 75% des tunisiens restants?
Une seule certitude, les querelles et les luttes intestines qui traversent les instances post révolutionnaires ne sont pas de nature à réconcilier le Tunisien avec la politique.
Hélas, la nouvelle classe politique présente une image peu reluisante de notre pays.
Le tourisme et les investissements extérieurs directs souffrent en particulier  des conséquences de la relative insécurité, de l’incompétence et de l’aveuglement idéologique.
Six mois après, les tunisiens patriotes attendent que des experts tunisiens et / ou étrangers établissent un véritable état des lieux et   une étude objective de l’existant.

Seul un véritable audit permettra de déterminer les acquis et de les consolider et en même temps de parer aux faiblesses et de corriger les erreurs du passé.
Les résultats de cet audit éclaireraient un peuple tout entier sur un bilan réalisé durant  55 ans d’indépendance par des milliers de fonctionnaires, d’opérateurs économiques, de salariés, de militaires et de forces de l’ordre qui ont consacré leur vie pour la construction d'une Tunisie moderne.

Notre pays a une histoire et conserve en   mémoire la bravoure de tous ceux qui ont sacrifié leur vie  depuis plus de trois mille ans pour que  Carthage survive à la destruction.
Aujourd’hui, certains politicards se proposent de conduire le pays sur des voies incertaines. Ils se proposent de définir une nouvelle constitution. Ils monopoliseront tous les pouvoirs pendant des années pour nous apprendre au bout de quelques années de réflexion sur notre identité que nous sommes peut-être pas que Tunisiens et  finiront  aussi peut être par découvrir que nous sommes  en majorité musulmans.
Quant à nous nous préférons arrêter les frais.

L’élection d’une assemblée constituante détourne le tunisien de ses véritables préoccupations.
Ne rajoutons pas de la confusion à la confusion des idées apportée par de certains de nos seniors.
Notre économie est à bout de souffle.
Restaurons au plus tôt la légitimité de l’état.
Organisons des élections législatives et confions à nos députés le soin de rédiger en six mois  une nouvelle constitution.
Elisons nos députés sur deux tours selon le mode uninominal et jetons aux orties définitivement ce système de listes.
Elisons au suffrage universel et sans délai en deux tours un Président de la République.
Donnons la parole à nos compétences, à nos jeunes qui ont réussi dans le monde des affaires ou au service de l’état.
Parions sur l’avenir  et rompons avec une ère désormais révolue.
De nouveaux visages peuvent  reprendre le témoin au service de la Nation, au service la République.

Riadh Azaiez