News - 12.05.2011

Faut-il suspendre les éductours ?

Doit-on suspendre les éductours (voyages organisés par un hôtelier, un TO, une région ou le ministère du tourisme à l'intention des journalistes ou des professionnels du tourisme ou encore des VIP pour promouvoir une destination), en attendant des jours meilleurs ? Il ne faut pas prendre ses désirs pour des réalités. On comprend l'impatience des responsables  du tourisme tunisien à sauver la saison touristique en affirmant que le calme règne partout dans le pays. Malheureusement, ce genre d'assertion relève aujourd'hui de la méthode Coué quand on sait ce qui se passe dans certaines régions du pays où l'autorité de l'Etat est  parfois bafouée, où des voyous font régner la terreur, où les sit in ont lieu sur terre et...sur mer désorganisant la vie sociale et économique. Chacun voulant mettre à profit cette période transitoire pour imposer ses conditions aux pouvoirs publics au nom de "la légitimité révolutionnaire". 

Dans un tel climat, les éductours risquent de tourner  à la  contre-publicité. A quoi bon inviter des VIP, si leur arrivée peut coincider avec l'instauration du couvre-feu et au déclenchement de grèves (catering, bagagistes), comme ce fut le cas, samedi 7 mai ; à quoi bon organiser une tournée dans le sud pour les diplomates étrangers en poste à Tunis, alors que cette partie du pays n'est pas encore complètement sécurisée comme les ambassadeurs invités au festival de Douz en ont fait l'amère expérience il  y a un mois pour avoir été caillassés près de Souk El Ahad. Quand on sait que l'avenue Bourguiba à Tunis, point de passage obligé des touristes se dirigeant vers la médina, abrite depuis quatre mois une manifestation au moins par jour qui tourne parfois à l'émeute, quand on a affaire à des gens qui ne se rendent pas compte du mal qu'il font à leur pays en pillant les magasins, en braquant les piétons et même les automobilistes, quand d'anciens ministres se mettent à jouer les pyromanes avec des déclarations incendiaires, il faut s'attendre à tout. Dès lors, pourquoi courir des risques inutiles qui pourraient se révéler contre-productifs. Evitons donc de mettre dans l'embarras nos hôtes et limitons ces éductours à certaines régions du pays, comme la côte qui est relativement épargnée, pour réduire au minimum les mauvaises surprises. Par les temps qui courent, c'est déjà beaucoup.

                                                                                                                                                                                                         HB