Opinions - 13.04.2011

BHL….M'indigne

Je me suis indignée il y a quelques jours du comportement opportuniste de Bernard Henry Levy mais voilà qu’il récidive. Son égo déjà si démesuré aurait-il encore gonflé au point de boucher ses facultés sensorielles? En effet, manifestement, il ne voit pas et n'entend pas.

S’il m’a indignée  dans un premier temps, sa  persistance  me révolte et je m'engage personnellement ni à fermer les yeux ni à boucher mes oreilles

Tous les moyens sont bons pour Bernard Henri Lévy, intellectuel français controversé par ses discours à double langage. Pour se faire plus de publicité, la révolution Libyenne était une occasion qui tombait à pic, puisqu’il  avait raté les révolutions Tunisienne et Egyptienne. 

Pour rattraper son manque de flair, son indécence l’a poussé jusqu à Benghazi, fief de la révolution Libyenne. Il pose alors comme une star en manque de reconnaissance, habillé en gentleman, avec son éternelle chemise ouverte sur un torse provoquant et son costume de cérémonie inapproprié, devant des bâtiments en ruines et un paysage maculé du sang des martyrs. Le contraste était affligeant.

Je suis une citoyenne arabe, tunisienne de surcroît, et je dis, sans état d’âme aucun ; si nos causes arabes sont des causes universelles, elles méritent un soutien plus sincère et moins sélectif. Nos révolutions n’ont pas besoin de la plume sournoise de BHL pour nous soutenir toujours après coup.

Nos terrains, ne seront pas une arène de prédilection pour redorer son blason terni par des confusions devenues notoires dans son propre milieu et insupportables dans le nôtre.

Si il veut nous faire croire qu’il est le chevalier glorieux à l’origine du soutien de la France à la révolution Libyenne et de tout ce qui s’est ensuivi; n’en lui déplaise, toutes ces décisions sont le fruit de la position de la majorité des pays arabes sans qui rien n’aurait pu se faire. Jean Daniel le confirme dans son éditorial (Nouvel observateur du 24 Mars) en rappelant avec force, lui qui connaît si bien le monde arabe pour en être originaire et pour y avoir vécu : « L’humanité toute entière a empêché, grâce à la décision de l’ONU, le massacre de la population libyenne ; elle seule pouvait s arroger ce droit (..) il est essentiel qu’une intervention dans un pays arabe fût approuvée par la  Ligue des Etats arabes (…) ce que Alain Juppé a obtenu lors de son voyage au Caire ».
Si certaines personnes sont assez naïves ou mal informées pour croire en ses bons sentiments, nous, nous ne sommes pas dupes.

D’ailleurs, pourquoi faut-il qu’à chaque fois que Bernard Henri Lévy s’intéresse à une cause, le remue-ménage médiatique se fasse plus autour de sa personne qu’autour de la cause elle-même ? Pourquoi ne s’arme t-il jamais de discrétion et d’humilité ?
 Si  BHL avait une réelle volonté de défendre une cause juste, toutes les causes justes, pourquoi n’irait-il pas  à Gaza dénoncer ce qui se passe dans les territoires Palestiniens et montrer les massacres de femmes, d’enfants et de nombreux innocents qui ont eu le malheur, dans le cours de leur histoire de croiser celle de leur destructeurs ?

Non, nous ne vous laisserons pas nous manipuler par vos discours peu honnêtes et particulièrement quand vous écrivez : « Le conseil national libyen de transition (…)ce ne sont pas des démocrates churchilliens (…) il y a peut-être parmi eux des antisionistes, voire des antisémites déguisés en antisionistes encore que je n’ai jamais omis de dire qui j’étais … ».

Notre histoire n’est pas la vôtre, Monsieur, et notre combat encore moins car notre destin est indissociable de celui des Palestiniens, et si vous voulez nous faire changer d’avis, allez mouiller votre chemise à GAZA et nous vous promettons une médiatisation comme vous n’en avez jamais connue.
 
Latifa Moussa
Journaliste arabe, Paris