News - 05.04.2011

L'émouvant cri de cœur de la sœur d'un martyr dont l'assassin court toujours

Lorsque Lamia Farhani, membre de l’Instance Ben Achour a pris la parole, mardi matin, lors du débat avec le Premier Ministre, M. Béji Caïd Essebsi, personne, en dehors de ses proches, ne s’attendait qu’elle allait lancer un cri de cœur, poignant, émouvant, qui a suscité une profonde indignation et une forte compassion. Sœur de martyr, elle se bat pour que l’assassin n’échappe pas à la justice.

« Monsieur le Premier Ministre, mon frère a été tué le 13 janvier, à Lafayette, par une balle tirée par un agent des forces de l’ordre. La scène a été filmée en vidéo : le coupable est nettement visible. La séquence a été obtenue et au lieu de la  transmettons pour diffusion à Al Jazeera, nous avons préféré la remettre, par les soins de M. Ahmed Néjib Chebbi à M. Mohamed Ghannouchi qui m’a appelé pour m’assurer qu’il transmet le document au Ministère de l’Intérieur et ordonne l’ouverture d’une enquête afin que l’affaire aboutissent en justice. De hauts responsables du ministère et de la Police Nationale me contactent. Puis, j’apprends en venant aux nouvelles, que la situation sécuritaire n’avait pas permis l’avancement de l’enquête. Là,  j’apprends par le juge d’instruction, que l’affaire serait du ressort de la justice militaire, s’agissant d’un agent des forces de sécurité. Le coupable continue à courir. Nous avons l’impression qu’il sera soustrait à la justice… »

Les larmes étouffent sa voix. La salle plonge dans un silence ému. Compatissant déjà, M. Béji Caïd Essebsi est tout ouïe à la suite du récit. Lamia s’excuse de son émotion et poursuit son récit. « Ce n’est pas seulement le cas de mon frère, alors que toutes les preuves sont établies, mais aussi celui de nombreux autres martyrs qui attendent justice. Loin de toute vengeance, les familles meurtries attendent que la vérité soit faite et la justice appliquée. » Avant de se draper dans sa dignité et d’essuyer les chaudes larmes qu’elle n’arrive pas à contenir. »
« Aoufia, Aoufia, lidimaii Echou-hada ! », la salle, debout, scande à répétition, cet engagement. Le Premier Ministre s’y joint : « Si les faits sont établis, je ne vois pas pourquoi l’affaire n’a pas été déférée à la justice. Je m’en occupe moi-même, ce jour-même. »

A la clôture de la séance, M. Caid Essebsi recevra Lamia Farhani qui lui remet un document. Il lui présente ses condoléances personnelles et officielles, la réconforte dans sa douloureuse épreuve et l’assure de son soutien : «Personne n’échappera à la Justice» lui répètera-t-il. »