News - 03.04.2011

La salle des thèses de la Faculté de Médecine de Tunis portera le nom du Pr Saadoun Zmerli


Après avoir honoré le Pr Saïd Mestiri, le conseil scientifique de la Faculté de Médecine de Tunis vient d’attribuer le nom du Pr Saadeddine Zmerli à la prestigieuse Salle des Thèses et son amphitéâtre. La cérémonie d’inauguration, samedi 2 avril, était rehaussée par la présence d’éminents professeurs, pairs et disciples du Pr Zmerli et d’invités de marque parmi lesquels figuraient, notamment, Mme Neila Bourguiba et M. Ahmed Ounaies.

 Retraçant le parcours du Pr Zmerli, le doyen de la Faculté, le Pr Abdeljeli Zaouche, a notamment rappelé la première greffe rénale réussie en Tunisie, qui avait ouvert la voie à d’autres greffes., avant de céder la parole à d’autres intervenants. Tour-à-tour, les Prs Mohamed Chebil, Chedly Dziri, Khaled Bach-Hamba et Nébil Mehiri, ainsi que le sociologue, le Pr Abdelkérim Allagui (LTDH) ont évoqué diverses facettes du « Patron passé Maître », et du militant irréductible pour la défense des droits de l’Homme. Particulièrement, le Pr Chedly Dziri, avec son humour raffiné, joignant le geste et la parole, n’a pas hésité à raconter nombre d’anecdotes qui situent bien la personnalité du Pr Zmerli, son sens de la communication et sa pédagogie.

 Cette noble tradition, initiée par la faculté de Médecine de Tunis, d’honorer de leur vivant, les fondateurs et illustres maîtres, mérite bien d’être suivie par les autres établissements universitaires

Le discours du Pr Zmerli
 
Invité à prendre la parole, le Pr Zmerli a d’abord remercié le Doyen Abdeljelil Zaouche, le conseil scientifique et les intervenants, puis rendu hommage à ceux qui ont le plus favorisé sa formation. Ci-après le texte intégral de son discours.
 
J’aimerais rendre hommage à deux personnalités qui ont joué un rôle important dans ma carrière : mon aîné  Zouhair Essafi et mon maitre  Roger Couvelaire.
 
A Zouhair Essafi, je ne peux que rendre grâce de m’avoir fait découvrir cette voie  royale de la formation médicale française, l’internat des Hôpitaux et encouragé à l’emprunter. 
 
C’est Zouhaïr Essafi, qui a eu l’idée en 1976 d’instaurer le résidanat qualifiant, permettant ainsi le développement efficace et harmonieux des spécialités médicales. 
 
Il n’a cessé d’exprimer la primauté de l’examen clinique, sur la multiplicité des examens complémentaires dans l’établissement du diagnostic et sa volonté de  formation  de médecins responsables et non de simples techniciens. Cette volonté de formation ne s’adressait pas uniquement aux médecins mais également au personnel paramédical..
 
Dans les domaines de la chirurgie abdominale et thoracique, il a partagé avec Saïd Mestiri, autre figure emblématique de la chirurgie tunisienne, la formation de la majorité des chirurgiens généralistes. 
Zouhaïr Essafi était pour nous ses cadets et il le demeure, un modèle. Trente cinq ans après son départ nous continuons à regretter l’universitaire et l’homme qu’il était. 
 
Au Professeur Couvelairre, je suis redevable du choix et de ma formation en urologie. Véritable pionnier de l'urologie moderne, il fut le premier en1951 à utiliser le greffon iléal, pour remplacer la vessie. Ce fut une véritable révolution. Il a ainsi élargi le champ de l’urologie et développé une chirurgie fonctionnelle. Avec Roger Couvelaire, l’urologue devenait un chirurgien complet, maître de son art, de sa science .
 
Il m’a offert la chance  de participer aux toutes premières greffes rénales dans le monde. Je n’imaginais pas que j’allais attendre plus d’un quart de siècle pour réaliser  enfin la première greffe rénale en Tunisie.  C’était  la première greffe d’organes.
 
Il m’a préparé au concours d’agrégation d’urologie de  décembre 1962.Ce sujet qui a donné lieu à des interprétations erronées mérite quelques explications.
 
Une fois chef de clinique assistant à la Faculté de Médecine de Paris je me propose de rentrer définitivement à Tunis  quand le secrétaire d’Etat à l’Education Nationale de l’époque me demande de rester à Paris pour y préparer l’agrégation de décembre 1962 et me fait bénéficier d'une bourse OMS mais aucun poste n’est ouvert pour Tunis.
 
La Faculté de Médecine d’Alger ayant ouvert un poste d’urologie accessible aux candidats maghrébins, j’en avise le ministre pour avoir son aval. Sans réponse de sa part je décide alors de déposer mon inscription pour Alger avant le fort clos.
 
Je n’imaginais pas alors la réaction et les interventions suscitées par une candidature qui consacrait un parcours méritoire de treize ans d’études supérieures. Cette attitude négative n’a d’ailleurs pas été comprise par les autorités universitaires françaises.
 
Heureusement, je m’étais classé second des admis en urologie à ce concours. 
 
Nommé aussitôt maître de conférences je prends la direction du Service d’Urologie de l’Hôpital Mustapha, l’unique de la spécialité au Maghreb. J’assume les fonctions de conférencier d’internat, puis conférencier d’assistanat et enfin d’agrégation de chirurgie pour préparer les candidats aux différents concours.
 
Cette activité me vaut la reconnaissance de mes pairs et mon élection à la présidence de la Société Algérienne de Chirurgie en 1964, c’est à ce titre qu’avec Mme Benallègue, présidente de la Société Algérienne de Médecine, ils organisent les premières journées médicales maghrébines qui vont donner naissance aux futurs Congrès maghrébins.
 
En octobre 1967, je suis consacré professeur de Faculté, titulaire de la Chaire d’urologie. A ce titre, depuis cette date, j’enseigne la pathologie chirurgicale urologique  aux étudiants de la toute nouvelle Faculté de Médecine de Tunis, à la demande de Zouhair Essafi. Il m’avait également demandé de rentrer définitivement à Tunis. 
 
Le troisième nom que j’évoquerai est celui de Charles Nicolle dont l’hôpital m’aura recueilli pendant 16 ans.
Au cours de mon internat, mes collègues Borde, Piguet et Lauret, appelés à être chefs de service à l’hôpital Charles Nicolle de Rouen, se sont succédé comme doyen de la Faculté de Médecine de Rouen. Nos relations privilégiées expliquent le jumelage des deux hôpitaux Charles Nicolle de Rouen et de Tunis en 1981 et probablement, du moins en partie, le doctorat honoris causa que  l’Université de Rouen m’a attribuée en mars 1990.
 
Après avoir été président de LTDH et vice président de la FIDH pendant de nombreuses années, je reste un militant des droits de l’homme, un défenseur de la transition de notre pays en faveur d’une république libérale, démocratique et laïque.
 
Je tiens à remercier les intervenants pour les propos chaleureux et pleins d’humour dont ils ont bien voulu m’honorer. Mes remerciements s’adressent à tous mes amis qui m’accompagnent dans ces moments heureux. 
Je tiens à remercier notre doyen Abdejelil Zaouche d’avoir organisé et animé cette cérémonie nouvelle qui a lieu  en présence du récipiendaire ému qui a passé tant d’années inoubliables en ces lieux.