News - 17.03.2011

Hilary Clinton à Tunis : sécurité, sécurité

Le vrai show lors de ce genre de déplacements, c’est le dispositif de sécurité et la lutte, pied à pied, des équipes de sécurité. Conviés à la conférence de presse que devait donner Hilary Clinton, jeudi à midi, au siège du ministère des Affaires Etrangères, les journalistes tunisiens ont dû trouver de bons sujets à traiter avec ces scènes surréalistes dont ils ont été les témoins privilégiés :

D’abord, la présence en force et peu discrète des officiers américains de sécurité, comme on en voit dans les films. En face, une équipe tunisienne de la Direction de la Protection des Personnalités (Police Nationale), certes ferme, mais affable et courtoise. Chacune des deux équipes avait prévu un chien bien dressé capable de détecter armes et engins explosifs. Dans le hall du ministère, le spectacle commence. Les Américains entende exercer « at home », comme chez eux et à leur manière. Les Tunisiens s’y opposent farouchement et avec beaucoup de dignité. Scènes habituelles, pour les initiés, surprenantes pour les jeunes confrères et consoeurs.

Premier accroc, la fouille des journalistes. Les Américains finissent par accepter que les Tunisiens l’effectuent. Du coup, deux files étaient organisées, l’une pour la gent féminine, une jeune femme policière tunisienne en était chargée et, l’autre, pour la gent masculine. Tout se passera bien. Auparavant, les journalistes étaient invités à déposer à même le sol leurs équipements : caméras, appareils photos, sacs à dos et cartables, pour les soumettre au chien.

Deuxième accroc : quel chien ? Le chien Tunisien, noir ou le chien américain, blondinet ? Là, les journalistes protestent à voix haute dans cette enceinte diplomatique habituée aux échanges feutrés. D’abord intraitables, les Américains, laissent faire les Tunisiens. Puis, se résignent à demander l’autorisation, de faire passer leur chien. Accordée. Mais, c’est au chien tunisien d’effectuer un troisième passage. Un officier américain s’approche et essaye de fouiller dans un sac à dos. Exaspéré, un officier tunisien s’y oppose fermement et le lui arrache des mains. Les journalistes jubilent et certains n’ont pas raté les scènes qu’ils ont filmées avec de petites caméras de poche.

Arrive le moment de prendre l’ascenseur pour aller dans la salle de conférences. Perdant son sang froid, un officier américain interdit l’accès à deux journalistes qui avaient filmé les fouilles. L’altercation prend de l’ampleur: les Tunisiens lui rappellent qu’il est en territoire souverain et parviennent à laisser passer les deux journalistes, au grand dam de l’Américain qui n’hésite pas à menacer : «s’ils ne partent pas, Mme Clinton ne viendra pas». Réponse des journalistes solidaires de leurs confrères : «s’ils sont interdits d’accès, nous partons tous !»

L’heure avance. La salle prévue pour la conférence de presse s’avère exiguë pour accueillir les journalistes venus en grand nombre. Les services du ministère décident de transférer le dispositif dans la plus grande salle du Département et réussissent à le faire en quelques minutes. Les journalistes s’impatient. De midi, on passe à 13 H, puis à 14 H. Devant le siège du ministère, quelques dizaines de manifestants protestent contre la politique américaine, brandissant pancartes et même le drapeau de la révolution libyenne. A 14 H, on apprend que Mme Clinton, qui était reçue le matin à Carthage, par le Président par intérim, M. Foued Mebazaa a changé de programme, pour aller à la Kasbah, rencontrer le Premier Ministre, M. Béji Caïd Essebsi, reportant ainsi, à 15 H son entrevue avec le ministre des Affaires Etrangères et la déplaçant ainsi que leur conférence de presse  à la Kasbah. Et ce n’est pas fini, un agenda chargé l’attend toute l’après-midi.