Opinions - 23.02.2011

Sans notre Elite point de salut pour la Révolution

Commençons par le commencement … c’est quoi au juste une Elite. Je vais tenter de lui donner une définition pragmatique.  Fait partie de l’Elite toute personne ayant une Compétence « rare » et « recherchée » sur la scène nationale et surtout internationale. Ce qui veut dire qu’elle dispose d’un savoir et/ou d’un savoir-faire confirmé et d’une expérience professionnelle réussie dans un environnement appliquant les bonnes pratiques et les « normes » internationales du domaine.

Cette expérience n’a pas lieu nécessairement et uniquement à l’étranger ou dans des sociétés étrangères. Cette expérience peut être dans une société tunisienne, une administration/institution publique tunisienne, une entreprise étrangère ou une société internationale à partir du moment que les pratiques professionnelles en vigueur sont les bonnes pratiques internationales.

Donc, toute compétence ayant une expérience professionnelle confirmée dans un environnement professionnel aux normes internationales et chassée sur la scène internationale fait partie de l’Elite.

Un diplôme de qualité est certes une condition favorisante pour faire partie de l’Elite mais ceci n’est ni une condition nécessaire ni suffisante. Avoir un diplôme « réputé » est certes un tremplin pour développer une compétence mais cela n’est nullement une garantie. Certains pensent aussi que seules les personnes ayant des diplômes internationaux comme les grandes écoles françaises, les universités américaines, etc. font partie de l’Elite. Ceci est totalement faux. Beaucoup de nos compatriotes formées dans nos écoles et universités sont «chassés» et demandés dans plusieurs autres pays et y réunissent très bien.

La révolution tunisienne sera une bataille politique, culturelle, sociale, et économique

Un fort développement de l’économie tunisienne est nécessaire pour créer des emplois à tous nos jeunes. Ce développement doit être centré sur la forte valeur ajoutée afin d’absorber nos diplômés. Ce développement doit être est nécessairement orienté vers l’export et l’internationalisation car notre marché est malheureusement trop petit.

Ces compétences, aux normes internationales, sont nécessaires pour pénétrer ces mêmes marchés internationaux. Nous avons besoin donc d’une Elite qui amènera les compétences nécessaires pour former et encadrer nos jeunes diplômés.  Sans séniorité et sans savoir-faire reconnus internationalement point de développement d’emploi à valeur-ajoutée.

La  Tunisie manque crucialement de compétences de haut niveau. La Tunisie a besoin donc de garder l’Elite actuellement active en Tunisie et surtout d’attirer nos compétences à l’étranger. Ils sont plusieurs milliers vivant sur les cinq continents et c’est un véritable atout pour la Tunisie que nous voulons construire.

Une première preuve de ce manque de Compétences est l’inflation salariale des couches managériales et expertises dans nos entreprises. La seconde preuve est l’effort et les moyens que mettent les acteurs économiques à chasser ces compétences rares (forums de chasse, activités des chasseurs de têtes, etc.). Pire il va falloir accepter, dans certains cas, embaucher des Compétences non tunisiennes. Les restrictions sur l’embauche des Compétences non tunisiennes doivent donc être revues.

Beaucoup de notre Elite ne se projetaient pas en Tunisie d’avant le 14 Janvier en raison de la dictature. La révolution nous apporte un vent de liberté qui va encourager cette Elite à venir s’investir en Tunisie en rejoignant des acteurs économiques ou publiques ou en créant leur propre entreprise.  Je dis bien acteurs publiques car nos ministères et administrations ont urgemment besoin d’une nouvelle génération de compétences d’un niveau international.

Le marché de l’Elite est un marché international cela voulant dire que les salaires doivent être au niveau international, à défaut de s’en approcher. Notre Elite doit avoir des salaires pas totalement déconnectés du marché international. Cela voulant dire que ces personnes doivent être payées à des niveaux des salaires importants ramenés au salaire moyen en Tunisie. Je comprends tout à fait qu’être payé 5 000, 10 000, … par mois peut être choquant pour certains mais cela est nécessaire … notre marché nous y oblige.
Ce qui compte est que cette Elite génère comme valeur ajoutée et non ce qu’elle coûte. Embaucher des compétences de haut niveau n’est pas un coût mais un investissement qui est très rentable.

Il est certain aussi que cette Elite doit descendre de son piédestal, qu’elle doit faire sa révolution, se mettre davantage en cause,  contribuer plus activement à construire une Tunisie démocratique, prospère, épanouie et équitable.

Imed AYADI