Opinions - 29.01.2011

Il les a tués

Qui a tué Mohamed Bouazizi et a eu l’effroyable cynisme de se faire photographier au chevet du mourant ?

Qui a donné l’ordre de tirer sur des manifestants de tous âges , de toutes catégories sociales, armés de bâtons et de pierres qui réclamaient leurs droits d’avoir un toit, de se nourrir, de travailler, d’être libres, d’être respectés et de vivre dans la dignité ?

Oui il les a tués

Le premier d’entre eux le martyr, Mohamed Bouazizi âgé de 26 ans, s’ immole par le feu à Sidi Bouzid le 17 décembre  et meurt le 4 janvier 2011 à l’hôpital des brulés de Ben Arous.

Ce même 17 décembre, non loin, à Kasserine 22 manifestants venus pour soutenir le geste de leur frère, pour protester contre leurs conditions de vie, le chômage, la corruption dont ils sont victimes, meurent sous les balles de la garde présidentielle, abattus comme du gibier

Le soulèvement se propage dans toute la région et l’ordre de tirer, de tuer est réitéré et les bourreaux continuent de tuer leurs frères

Le nombre des victimes s’accroit de jour en jour, 16 à Thala, ,2 à Meknassi,1 à Feriana, 8 à Reguab, 3 à Ezouhour.  5 se sont aussi immolés par le feu,  3 ont été jetés dans l’oued, d’autres ont disparu , des blessés ont succombé et d’autres sont handicapés à vie.

Et pendant ces 23 années n’oublions pas ceux qui ont disparus, ceux qui sont morts des suites des tortures. Souvenons- nous de cet hélicoptère occupé de cadres de l’armée qui a eu un « accident » qui n’a trompé  personne. Des historiens ne manqueront  pas d’informer les futures générations du bilan de cette triste période pour qu’il  n’y  ait plus jamais ça dans notre pays

Mais pourquoi a-t-il tué ?

Parce qu’il avait peur, peur pour sa personne car il a toujours été un peureux et un lâche. On lui avait prédit qu’il mourrait assassiné.

La première étape est franchie.

Bien sûr qu’il doit rendre ce qu’il a volé, lui et tous ceux, familles et courtisans, qui ont spolié leur pays pour une vie de rêve offerte par ceux qui n’avaient qu’un morceau de pain et d’huile à manger.

De quoi doit-il être accusé ?

D’avoir privé son peuple de libertés et de ses droits élémentaires, d’avoir torturé enfin d’avoir  porté atteinte à la vie de ce même peuple

Il doit comparaître devant le Tribunal pénal international (TPI) habilité à recevoir les monstres coupables de crimes contre l’humanité.

C’est le vœu de tous les tunisiens sauf peut-être ceux qui ont souffert sous la torture ou qui ont côtoyé les crimes et qui souhaiteraient rendre justice eux-mêmes. On les comprend.

Laissons au deuxième plan les accusations déjà formulées et envoyons-le où il doit être.

Saadeddine Zmerli