Mohamed Taoufik El Falah: Un mélomane accompli

Par Lotfi Bouchnak - La première fois que j’ai rencontré Si Taoufik, c’était chez feu Ali Sriti. J’ai immédiatement perçu en lui un homme de goût, épris de beauté et doté d’une élégance rare. Grand amateur de musique, il aimait assister aux récitals de La Rachidia et trouvait dans l’art une source d’élévation et d’inspiration.
Entre lui et moi s’est tissée au fil des années une relation singulière, à la fois filiale et profondément amicale. Il fut pour moi un repère, un guide et une source d’encouragement. Sa curiosité insatiable, son sens du labeur et sa soif de connaissance dans tous les domaines m’inspiraient profondément. Ce qui m’a toujours impressionné chez lui, c’était son sens de l’écoute, rare et précieux.
Mélomane accompli, il savait apprécier la belle musique avec une finesse exceptionnelle. J’aimais lui faire découvrir mes nouvelles compositions, car ses avis, toujours empreints de discernement et de sincérité, avaient une grande valeur à mes yeux. Sa fidélité exemplaire à la musique se traduisait par plus de cinquante années de présence ininterrompue aux concerts de musique classique du Nouvel An diffusés par Eurovision. Admirateur fervent de Karajan, il avait aussi côtoyé des figures légendaires comme Ali Riahi et Ali Douaji, témoignant de son ancrage dans l’histoire vivante de notre patrimoine musical.
J'ai enregistré avec lui ma première cassette de mouachahate et de malouf sous la direction de Si Ali Sriti. Il avait monté une société de production et acheté des équipements pour enregistrer le patrimoine musical tunisien qu'il voulait préserver. Le projet s'est arrêté avec mon départ en Égypte.
Aujourd’hui, Si Taoufik nous quitte. Il laisse dans ma vie un vide immense, difficile à combler, mais aussi l’empreinte indélébile d’une relation unique faite de respect, d’affection et de partage.