News - 17.01.2011

Friaa: une forte promesse d'une nouvelle Tunisie et un grand impératif de reprise

 «Oui à la liberté, oui à la démocratie, non à l’anarchie et au chaos ». Le bilan est lourd, comme mentionné par M. Ahmed Friaa, ministre de l'Intérieur, mais la promesse est forte "d’une nouvelle Tunisie... la Tunisie de la liberté et de la démocratie".  Non sans émotion apparente, il a indiqué que ce bilan douloureux consenti s’élève à 78 morts et 94 blessés. Plus, pertes pour l’économie et les exportations : 3000 millions de dinars. Quant aux dégâts matériels ils ont touché 33 délégations, 13 municipalités et 46 postes de la garde nationale, en plus de 85 postes de police et de 43 agences bancaires, 66 espaces ou locaux de commerce ainsi que 11 établissements industriels.

Lors de sa première déclaration aux médias depuis sa nomination à la tête du ministère de l’Intérieur, M. Friaa a éaglement apporté beaucoup d’apaisement pour rétablir le sentiment de sécurité et de confiance. Sur un ton franc et direct, s’adressant à la Tunisie profonde, il a souligné l'importance de dépasser rapidement cette conjoncture difficile que traverse le pays, en redonnant confiance aux Tunisiens, à ses partenaires économiques et aux investisseurs étrangers, la fuite des investissements étrangers étant susceptible de freiner la croissance économique et de causer la perte de multiples emplois.

Le ministre a rappelé que la situation générale se dirige vers un retour progressif à la normale, comme l'atteste le rythme de l'approvisionnement des marchés en divers produits alimentaires de base et l'ouverture des locaux de commerce dans la capitale, appelant les citoyens à ne pas se laisser guider par les rumeurs qui sèment la confusion parmi les citoyens particulièrement celles relatives aux tirs provenant d'ambulances, qui sillonnaient les rues et les grandes artères de la ville, ou faisant état de contamination de l'eau potable.

Revenant sur les derniers évènements, M. Ahmed Friaa a souligné que des comptes seront rendus par toute personne dont l'implication sera prouvée par les enquêtes menées à cet effet ou qui aurait commis des exactions, de quelque nature ou forme qu'elles soient.

Il a ajouté que ces évènements avaient pour point de départ des revendications légitimes pour accéder à un emploi décent ou améliorer les conditions de vie des citoyens, précisant que cette révolution est l'oeuvre de tous les Tunisiens, qui ont exprimé, par divers moyens, leurs aspirations à la liberté et à la démocratie. Il a mis l'accent sur le fait que la jeunesse tunisienne réclame un développement régional juste, transparent et global, à tous les niveaux.

Il a relevé que la Tunisie restait ouverte à tous ses fils et filles, que les appels pour une non participation du Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD) à la scène politique, au cours de la prochaine période, n'est pas raisonnable, dès lors que le RCD compte dans ses rangs, aussi bien des arrivistes que de vrais patriotes, notant que les derniers évènements qui attristent tous les tunisiens, ont permis l'émergence d'une "nouvelle Tunisie... la Tunisie de la liberté et de la démocratie".

Le ministre a insisté sur la nécessité de n'exclure aucun parti politique de la vie publique, de tirer le meilleur profit de l'ensemble des compétences nationales, toutes appartenances idéologiques ou politiques confondues.

Il a souligné l'impératif de bannir la violence sous toutes ses formes et de conjuguer les efforts de toutes les parties, Armée, garde nationale et police, pour faire face aux actes de sabotage, restaurer la sécurité et la quiétude auprès de tous les Tunisiens, affirmant que la sauvegarde de la Tunisie et le renforcement de son invulnérabilité sont un devoir national et historique. Il a indiqué, dans ce contexte, que l'agent de sécurité nationale n'est pas l'ennemi du citoyen, mais est plutôt à son service.

M. Friaa a appelé tous ceux qui sont en possession irrégulière d'armes et qui ont commis des actes d'agression ou tenté de terroriser la population, à cesser leurs agissements, à restituer leurs armes au poste de police ou de la garde nationale ou encore de la caserne la plus proche, promettant le pardon à tous ceux qui se rendront et déposeront les armes.

Il a également évoqué l'arrestation et les violences subies par des citoyens suédois, indiquant que ces ressortissants s'étaient dirigés samedi en direction de l'aéroport, afin de quitter le territoire tunisien, mais qu'à leur arrivée, ils ont été informés du report de leur vol, ce qui les a obligés à rebrousser chemin en taxi, en direction du centre ville, où ils ont été arrêtés en possession de fusils de chasse dont l'usage est autorisé. Ils ont été violentés par des citoyens et des agents des forces de l'ordre, puis relaxés après vérification de leurs pièces d'identité et de leurs documents personnels.

Faisant allusion à la manifestation, qui a eu lieu vendredi dernier, au centre ville, et qui s'est déroulée dans un premier temps de manière pacifique, durant 4 heures et demie, le ministre a précisé que les forces de sécurité intérieure ne sont intervenues pour la disperser qu'après que certains personnes aient tenté d'escalader la façade du ministère de l'intérieur et du développement local afin d'enlever le drapeau national. Un acte qui est tout à fait inadmissible, le drapeau étant le symbole de la souveraineté nationale.