News - 10.01.2011

Ben Ali à la Nation : un engagement ferme pour le progrès de la Tunisie

Debout derrière un pupitre, à côté du drapeau national, le Président de la République s’est adressé, lundi après-midi à la Nation, sur un ton, à la fois, compatissant envers les familles des victimes, ferme, stigmatisant «un acte terroriste qui ne peut être toléré » ourdi par «des éléments extrémistes, à la solde de l'étranger»  et déterminé, à travers un engagement personnel, à poursuivre l’œuvre de développement et de progrès, annonçant cinq grandes décisions immédiates.

Les mesures  prises consistent à résorber tous les diplômés du supérieur en chômage depuis 2 ans, à la faveur d’un effort supplémentaire en 2011 et 2012, convoquer une conférence nationale élargie pour impulser davantage l’emploi et l’initiative, la multiplication des espaces d'expression des préoccupations et attentes des citoyens en donnant une nouvelle impulsion à la presse régionale et l’information de proximité dans les médias audiovisuels, l’incitation des élus, des instances centrales et de l’Administration à une plus grande écoute des citoyens et meilleure prise en charge de leurs doléances et l’exonération des nouveaux projets dans les zones de développement intérieur, dont le taux d'encadrement dépasse les 10 pc, de l'impôt sur les bénéfices et de la contribution patronale à la couverture sociale.

Tout en réaffirmant que la Loi aura le dessus, le Président Ben Ali a conclu  que «ces incidents, ne pourront jamais entamer notre détermination ni porter atteinte à nos acquis. Bien au contraire, ils doivent inciter toutes les parties à en tirer les enseignements qui s'imposent et ne jamais nous détourner de l'impératif de poursuivre notre œuvre avec détermination et enthousiasme parce que la dignité et l'invulnérabilité de la Tunisie sont une charge dont sont investis l'ensemble des Tunisiennes et des Tunisiens.»

Discours intégral


"Au nom de Dieu, Le Clément, Le Miséricordieux.

Citoyens,
Citoyennes,

Je m'adresse aujourd'hui à vous, à l'intérieur et à l'extérieur du pays, à la suite des troubles et des actes de violence et de dégradation qui ont ciblé des biens publics et privés, dans certains villages et villes, situés dans plusieurs régions intérieures.

Des incidents violents, sanglants parfois, qui ont fait des morts parmi les civils et causé la blessure de plusieurs agents des forces de sécurité, ont été perpétrés par des bandes cagoulées qui se sont attaquées, durant la nuit, à des établissements publics et agressé même des citoyens dans leur domicile, dans un acte terroriste qui ne peut être toléré.

Des incidents commis sur instigation de parties, qui n'ont pas hésité à impliquer nos enfants parmi les élèves et les jeunes chômeurs. Ces parties, qui incitent à la violence et à sortir dans la rue, en propageant des slogans creux de désespoir et en fabricant, de toute pièce, des informations fallacieuses et erronées, ont exploité, de manière malhonnête, un incident que nous regrettons tous et une situation d'accablement compréhensible, survenue à Sidi Bouzid, depuis deux semaines.

Autant nous exprimons nos regrets pour les décès et les dégâts générés par ces incidents, autant nous réitérons notre compassion à l'adresse des familles des personnes décédées, que Dieu ait pitié de leurs âmes, et des blessés, nous partageons leur douleur et leur tristesse, nous leur accordons toute notre sympathie et nous réaffirmons nos sentiments d'affection à l'ensemble de nos fils et de nos filles, sans exception ni distinction.

La justice a pris son cours pour élucider les conditions et les tenants et aboutissants de ces incidents, afin d'en déterminer les responsables.

Citoyens,
Citoyennes,

Ces incidents sont l'œuvre d'un groupuscule d'éléments hostiles qui s'offusquent de la réussite de la Tunisie et qui sont remplis d'animosité et de griefs, du fait du progrès et du développement atteints par le pays, comme en témoignent les rapports des institutions et des organisations internationales et onusiennes réputées pour leur objectivité et leur impartialité.

Ces éléments mal-intentionnés ont usé de la question du chômage, en exploitant un acte isolé de désespoir, comme cela se produit dans toutes les sociétés et dans plusieurs situations.

Des éléments hostiles à la solde de l'étranger, qui ont vendu leur âme à l'extrémisme et au terrorisme, manipulés depuis l'extérieur du pays par des parties qui ne veulent pas le bien à un pays déterminé à persévérer et à travailler.

Un pays qui a pour ressource l'intelligence de ses fils et de ses filles, sur laquelle nous avons, toujours, fait le pari et nous continuons à le faire, dans la mesure où nous préférons faire face aux défis et aux difficultés, forts en cela d'un peuple instruit et cultivé, que de jouir d'une paix illusoire avec un peuple analphabète.

Tout le monde sait pertinemment combien nous déployons d'effort en matière d'emploi, ce secteur que nous avons toujours placé parmi nos principales priorités. D'aucuns savent la haute sollicitude dont nous entourons les diplômés du supérieur.

Nous sommes, comme nous l'avons déjà déclaré, fiers de leur nombre croissant et nous oeuvrerons à relever le défi qu'il nous impose, dès lors que nos choix éducatifs figurent parmi les constantes de notre projet civilisationnel et politique, que le caractère obligatoire et gratuit de l'enseignement est l'un des principes intangibles, en dépit du coût social et économique qu'ils impliquent, et que la généralisation des établissements universitaires dans l'ensemble du territoire national, sans exclusion, est une réalité concrète que nous nous employons, irrémédiablement, à consolider, en chaque phase.

Notre politique éducative, tout comme nos politiques liées à la famille, à la femme, à la jeunesse et à l'enfance, ainsi que les efforts déployés par l'Etat en vue d'assurer la prise en charge des personnes démunies, de préserver le pouvoir d'achat et de subventionner les prix des produits de base qui coûtent au budget de l'Etat, plus de 1700 millions de dinars par an (Je dis bien 1700 millions de dinars), font notre fierté.

Nous ne ménagerons aucun effort pour les impulser davantage, en dépit de la modicité de nos ressources financières et naturelles.

Citoyens,
Citoyennes,

Notre programme pour l'étape à venir et le XIIe Plan de développement, ainsi que le programme spécifique au développement des régions intérieures, frontalières et sahariennes, décidés avant ces événements, outre l'ensemble des programmes additionnels arrêtés, visent à résoudre le problème du chômage, à conforter notre action continue pour réaliser le développement équitable et équilibrée entre les catégories et les régions, à garantir l'emploi et les sources de revenus, à accorder la priorité aux enfants issus des familles nécessiteuses et à arrêter en faveur des diplômés du supérieur les programmes appropriés.

Toutes ces politiques et tous ces programmes sont à la mesure des politiques adoptées dans les différents pays du monde, qui souffrent tous du chômage, un phénomène qui n'est pas spécifique à la Tunisie et la Tunisie n'est pas la plus affectée en la matière. Il ne reste à ceux qui cherchent à induire en erreur qu'à exploiter ces cas désespérés, à servir les desseins de parties haineuses et à recourir aux chaînes satellitaires hostiles.

Citoyens,
Citoyennes,

A ceux qui portent délibérément atteinte aux intérêts du pays, abusent de la crédulité de nos jeunes et de celle de nos filles et fils dans les écoles et les lycées ou les incitent aux troubles et à l'agitation, nous disons, en toute clarté, que la loi aura le dernier mot. Oui, la loi aura le dernier mot.

Nous continuons d'être à l'écoute des préoccupations de tous. Nous nous employons à remédier aux situations collectives et individuelles et à renforcer nos programmes en matière d'emploi et de lutte contre le chômage sans compromettre nos efforts en faveur de l'amélioration du niveau et de la qualité de vie ni remettre en cause la poursuite de la majoration des salaires, sans interruption d'un round de négociations à l'autre.

Nous décidons ce qui suit:

Premièrement :
doubler la capacité d'emploi, créer des sources de revenus, en diversifier les domaines et les renforcer dans toutes les spécialités au cours des années 2011 et 2012 au moyen d'un important effort supplémentaire de l'Etat et du secteur public et par la conjugaison des efforts du secteur privé, du secteur bancaire, de la coopération internationale et de toutes les parties concernées. Ceci en vue de l'embauche du plus grand nombre de chômeurs autres que les diplômés du supérieur et parmi les sans-emploi de toutes les catégories et de toutes les régions.

Cet effort permettra également de résorber, avant la fin de 2012 (Oui, avant la fin 2012. Je m'y engage), tous les diplômés du supérieur dont la durée de chômage aura dépassé les deux ans. La capacité totale de création d'emplois au cours de cette période sera ainsi portée à 300.000 postes nouveaux.

Nous avions, il y a quelques jours, donné instructions au Premier ministre de prendre contact avec les hommes d'affaires et de rencontrer les dirigeants de l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat afin de les inciter à apporter leur concours à cet effort par le recrutement de l'équivalent de 4 pc des cadres de leurs entreprises parmi les diplômés, soit près de 50.000 nouveaux recrutements dans toutes les régions. Ils ont répondu favorablement à cet appel, ce dont nous les remercions. Nous avons, de même, ordonné au gouvernement d'aider à la concrétisation de cette initiative et d'en assurer le suivi.

Deuxièmement : Convoquer une conférence nationale à laquelle prendront part des représentants des instances constitutionnelles, des partis politiques, des organisations nationales et des composantes de la société civile, d'un certain nombre d'universitaires et de compétences des divers secteurs concernés, ainsi que de représentants des régions afin qu'ils exposent leurs vues et proposent les approches à même d'impulser davantage l'emploi et l'initiative, de manière à répondre à la demande d'emploi attendue au cours des années à venir. Cette conférence se tiendra au cours du mois prochain.

Troisièmement : Insuffler un nouvel élan à la presse régionale en consacrant un espace quotidien à tous les gouvernorats du pays à la télévision et à la radio, tout en renforçant le réseau de radios régionales et la présence de la presse écrite dans les régions et en y consolidant les unités de production audiovisuelle afin de conforter cette mutation qualitative. Ceci de manière à multiplier les espaces d'expression des préoccupations et attentes des citoyens et à être en phase avec la réalité dans les régions.

Quatrièmement :
Inviter les représentants du peuple, les membres de la Chambre des conseillers et les instances centrales des partis politiques à accroître leur présence dans leurs régions et à intensifier leurs contacts périodiques avec les citoyens afin de les écouter, de s'occuper des cas dont ils seraient saisis et d'en référer aux autorités compétentes afin qu'il y soit remédié et que des solutions leur soient apportées.

Dans ce même cadre, nous appelons de nouveau les responsables administratifs à l'échelle régionale et locale à parfaire les canaux de contacts avec les populations, à être à l'écoute de leurs préoccupations, à réunir les conditions de prise en charge des problèmes posés et à surmonter les obstacles qui pourraient surgir, et ce en collaboration avec les différentes organisations et le réseau associatif concerné.

Cinquièmement :
en plus des efforts qui seront déployés pour promouvoir l'emploi, nous ordonnons d'exonérer, sur une période de dix ans, tout nouveau projet générateur d'emplois, lancé dans les régions de développement intérieur et dont le taux d'encadrement dépasse les 10 pc, de l'impôt sur les bénéfices et de la contribution patronale à la couverture sociale.

Nous appelons les parents et l'ensemble des citoyens à protéger leurs enfants de ces agitateurs et de ces malfaiteurs, à mieux s'occuper d'eux et à les sensibiliser aux risques d'être instrumentalisés et exploités par de tels groupes extrémistes.

Je saisis cette opportunité pour réitérer mes remerciements et ma considération à mon cher frère le Leader Mouammar Kadhafi, Chef de la révolution libyenne, pour son honorable initiative que notre peuple a accueillie avec une grande satisfaction et consistant à faciliter la circulation et les activités des Tunisiens en Libye sœur et à les traiter au même titre que les Libyens. Ceci confirme toute la fraternité sincère et le fort soutien que nous avons toujours perçus auprès de lui et auprès du peuple libyen frère.

Citoyens,
Citoyennes,

Ces incidents ne pourront jamais entamer notre détermination ni porter atteinte à nos acquis. Bien au contraire, ils doivent inciter toutes les parties à en tirer les enseignements qui s'imposent et ne jamais nous détourner de l'impératif de poursuivre notre œuvre avec détermination et enthousiasme parce que la dignité et l'invulnérabilité de la Tunisie sont une charge dont sont investis l'ensemble des Tunisiennes et des Tunisiens.

Merci de votre attention."