Blogs - 28.12.2010

Facebook: attention aux dérives !

Psyco M, est un jeune rappeur tunisien de 24 ans qui s’est fait connaître du grand public en publiant ses chansons sur le réseau social Facebook.

Ce rap s’appuie essentiellement sur des notions de psychose paranoïde collective selon laquelle tous les maux actuels du monde musulman sont dus aux complots d’organisations secrètes contre la religion.

Mais pourquoi  fait-il autant parler de lui ? Ce rappeur formule dans ses chansons des attaques nominatives à l’encontre de personnalités connues. Ses cibles préférées,  des personnalités politiques,  des intellectuels ou des artistes qu'il désigne à la vindicte publique, s'en prenant notamment à Bourguiba, Tahar Haddad, Olfa Youssef - accusée d'avoir défendu la laïcité et le code du statut personnel - Nouri Bouzid et Sawsen  Maâlej traitée de tous les noms  pour avoir osé défendre les droits de la femme et tourner dans un court-métrage qui parle de voile.

Résultat : Olfa Yousef et Sawsen Maâlej subissent  depuis quelque temps un véritable lynchage médiatique avec  des appels au boycott et des piratages de comptes. Lésées,  ces dernières ont décidé de porter plainte pour atteinte à la vie privée, diffamation, allégations, imputation publique d’un fait qui porte atteinte à l’honneur ou à la considération d’une personne.

Ledit chanteur a fini  par présenter ses excuses publiquement devant l’espace Teatro et une foule qui lui était entièrement hostile avant de se déjuger quelques heures plus tard. Sur une vidéo diffusée le lendemain sur sa page sur facebook, il déclare que c’est l’homme qui s’est excusé et non l’artiste et que c’est son plein droit de critiquer « l’art » des autres.

En fait, cette affaire n’est pas la première et ne sera certainement pas la dernière. Ces réseaux sociaux  destinés à favoriser le dialogue entre les gens et les peuples dans le respect du droit à la différence de chacun sont en train de se transformer sous nos yeux en défouloir, en une véritable foire d’empoigne où des adolecents attardés s’entredéchirent, se jettent des anathèmes, une école de la haine et de l’intolérance, un champ clos où s'épanche la déraison, où s'exerce le terrorisme intellectuel. Bien sûr, il faut se garder de généraliser. Parmi les 850000 facebookers, il faut bien qu'il y ait quelques illuminés, des gens qui cultivent l'esprit de contradiction, histoire de faire parler d'eux. Mais il y a des mots qui tuent, des valeurs sur lesquelles il ne faut pas transiger, des dérives qu'il ne faut pas tolérer même au nom de la liberté d'expression.

Hédi Béhi