News - 08.06.2023

Dr Erij Messadi: La passion et la rigueur

Dr Erij Messadi: La passion et la rigueur

Lorsque son père devant se rendre en mission au Soudan lui avait demandé quel cadeau elle voulait qu’il lui ramène, elle n’avait pas hésité : un microscope. Erij Messadi n’avait alors que 10 ans. Mais, sa passion pour la recherche scientifique était déjà ancrée en elle. Dans l’arrière-pharmacie de son père, elle contemplait au labo les tubes à essai, observait comment se faisaient les préparations et jetait un regard curieux derrière le microscope. Sa voie était tracée.

Ce père pharmacien finira par quitter l’officine pour rejoindre le ministère de la Santé jusqu’à y occuper de hautes fonctions, tandis que la mère, journaliste de formation, était résolue à se consacrer à l’éducation de ses trois enfants. Aussi Erij et ses deux frères bénéficieront-ils d’une grande attention affectueuse de leurs parents, originaires de Tazerka et de Menzel Temime, au cœur du Cap Bon. Comme elle, ses deux frères réussiront brillamment leurs études, l’un est ingénieur polytechnicien diplômé de grandes écoles et l’autre, médecin spécialisé en pneumologie.

Le bac obtenu au lycée Imam-Muslim à El Menzah, Erij devait faire son choix. Dès le départ, sa passion a été pour une filière la conduisant vers la recherche scientifique. Faute de médecine, elle portera son choix sur la médecine vétérinaire. D’ailleurs, son oncle paternel, l’éminent écrivain et ministre Mahmoud Messadi, l’encouragera dans ce sens. Va donc pour l’Ecole nationale de médecine vétérinaire à Sidi Thabet. La réussite sera immédiate et continue: prix présidentiel en médecine vétérinaire (2000), prix de majorat en médecine vétérinaire du ministère de l’agriculture (2001), Lauréate du Congrès Vétérinaire Maghrébin (2001), et doctorat en 2001.

Départ pour la France pour une maîtrise en sciences biologiques et médicales à l’Université Paris XI (certificat de pharmacologie cellulaire, pharmacogénétique et pharmacocinétique et certificat de biostatistique et modélisation, 2002), puis DEA de pharmacologie expérimentale et clinique (2003) tous deux brillamment réussis, dans le laboratoire de renommée en pharmacologie cardiovasculaire de Jean-François Giudicelli et Alain Berdeaux, professeurs de pharmacologie et praticiens des hôpitaux à la Faculté de médecine de Paris-sud. S’en suit un doctorat en pharmacologie (2007), et sur la même lancée, elle réussira un post-doctorat à l’Inserm, en 2008. Erij Messadi décrochera pendant ces études à Paris une allocation de recherche délivrée par le ministère de l’enseignement supérieur en France (2003-2007), le prix de la Francophonie par l’Académie nationale de médecine en France pour la pharmacologie (2007), et le prix du nouveau chercheur de l’American heart association (2008). Des années plus tard, elle réussira en 2016, après avoir rejoint Pasteur Tunis, l’habilitation à diriger des recherches.

C’est l’heure du retour en Tunisie. L’Institut Pasteur de Tunis était ravi de récupérer une jeune chercheuse confirmée et prometteuse comme Dr Erij Messadi. C’est ainsi qu’elle rejoindra le Laboratoire des venins et biomolécules thérapeutiques (Lvmt). Première mission, monter une plateforme expérimentale de physiologie et de physiopathologie cardiovasculaires. Puis, tout va s’accélérer.

La passion de la recherche se conjuguera avec la méthodologie et la rigueur d’y réussir. Chaque matin, cette mère de deux enfants rejoint tôt son laboratoire pour y passer une nouvelle longue journée de travail. Derrière son ordinateur, ou effectuant des manipulations sur la paillasse, Dr Messadi se consacre à ses recherches. Très proche de ses équipes et de ses étudiants et chercheurs, elle leur dispense un encadrement attentionné. Dans un dévouement total à la science. Les deux premières doctorantes qu’elle a encadrées à ses débuts à l’institut Pasteur de Tunis évoluent déjà depuis quelques années aux états unis et en France, où elles exercent le métier de chercheur.

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