Opinions - 05.05.2023

Samir Allal: Une sortie heureuse de la crise climatique n'est pas garantie, mais l'inverse non plus

Une sortie heureuse de la crise climatique n'est pas garantie, mais l'inverse non plus : mieux écouter ceux qui, pensent l'intérêt général sur le temps long plutôt que les intérêts privés immédiats

Nous vivons dans un monde en état de reconfiguration stratégique, au milieu d’un champ de tirs où s’échangent en permanence messages contradictoires et syndromes inverses. Relever le défi climatique ne peut se faire qu’en garantissant l’emploi, la réduction des inégalités et la répartition des richesses. Le monde de demain peut encore être inclusive, durable et juste.

Pas d’emploi sur une planète morte

Comment concilier croissance et écologie alors même que l’on constate leur apparente incompatibilité – à l’aune de ce XXIe siècle débutant ? Comment faire l’une sans détruire l’autre ? Comment faire l’une avec l’autre ? La seule constance aujourd’hui est celle de l’inconstance.

Ce qu’on commence seulement à comprendre, c’est que l’action humaine a déstabilisé son environnement. Les comportements les plus improbables dans les domaines du « non-humain » sont généralement liés aux activités humaines. Le discours dominant a produit un ensemble de conditions contradictoires et paradoxales.

À travers la question de la transition écologique et de l’emploi, nous arrivons à donner corps à l’articulation “fin du monde et fin du mois” et contrecarrer le récit d’une “écologie punitive”, porté par le discours néo-libéral.

Face à cette logique conservatrice, il est urgent de créer un bloc social le plus large possible pour réussir la transition. Les conservateurs répètent en boucle la nécessité de renouer avec la croissance et opposent écologie et création d’emplois.

Or, pour nous aligner sur les recommandations du Giec [Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat], la dynamique de création d’emplois-climat (post-croissance) doit être fortement accélérer. On n’a pas à choisir entre emploi et écologie mais on doit relier préoccupations sociales et écologiques.

Le Bureau international du travail (BIT) et le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) ont publié un rapport chiffrant entre 15 et 60 millions les emplois que pourrait créer une économie tournée vers une croissance verte, d’ici 2030.

Cela suppose de mettre en place des politiques adaptées avec un dialogue social solide. Les aides publiques aux entreprises doivent être conditionnées à des engagements environnementaux sociaux. Les investissements massifs doivent être orientés prioritairement vers les secteurs de la transition et la création d’emplois.

Cette pensée a évidemment quelques difficultés à trouver sa place dans les discours dominats. Elle est pourtant un constat lucide d’une situation factuelle et globale.

Comment dès lors remédier à cet état de fait ? Comment et qu’est-ce on peut faire aujourd’hui (et demain) ? et pourquoi le faire ?

La maîtrise du monde n’a pas eu lieu : tout et son contraire, en même temps et tout le temps

Pour lutter contre le dérèglement climatique, il ne s’agit plus de dominer le monde, ou de l’asservir en fonction des seuls intérêts humains mais, bien au contraire, d’inscrire notre destinée dans une foison de réalités connexes et interconnectées.

Pour Cédric Libert (AOC, mai 2023), il s’agit d’« arrêter de reproduire machinalement des propositions hâtives souvent héritées de la mémoire courte qui n’envisage le présent qu’en termes d’instantanéité et tenter de raviver la question du temps long et nous réinscrire dans une conception élargie du monde ».

L’enjeu aujourd’hui est bien celui-ci de faire tenir ensemble les contradictions inhérentes à nos modes de vie plutôt que tenter une synthèse impossible. Ce constat est la manifestation immanente d’une révolution qui nécessite davantage de moyens et d’ambition.

Dans ce nouveau contexte, les approches plutôt transdisciplinaires pourraient bien jouer un rôle important – étant donné leurs capacités à manipuler simultanément les nombreux éléments qui constituent toute situation complexe. C’est une gageure mais pas un pari fou pour engager concrètement une modification structurelle de notre rapport au monde: le jeu en vaut la chandelle.

Pour atteindre la neutralité carbone, il nous faut changer d’échelle, faire confiance à notre jeune génération et réussir à embarquer les puissances industrielles et politiques. Nous ouvrir aux nouvelles questions qui se posent et engagent l’ensemble du vivant, intégrer des paramètres neufs tels que la raréfaction des ressources, la facture exponentielle de la consommation énergétique, les filières vertueuses de circularité ou de réemploi, la transition écologique.

La fin des idéologies fortes (et des grands projets univoques est en train progressivement de laisser la place à un autre mode de compréhension des territoires habités, composés d’une série d’histoires entremêlées, dont la singularité des strates et la force des propositions qu’elles portent est parfois difficile à saisir.

Il n’est plus question de remplacer une doctrine par une autre mais plutôt de considérer comment accommoder ce qui est déjà-là, dans la perspective d’une altérité future additionnelle.

Faire avec ce que l’histoire nous a légué plutôt que mener un affrontement idéologique stérile. Il ne s’agit pas de repartir à zéro, qu’on se le dise ! « Faire avec » pour pouvoir continuer d’avancer dans une réflexion constructive, dont l’intérêt principal sera précisément de reconnaître la valeur potentielle de ce qui existe déjà. (Cédric Libert, AOC, mai 2023)

C’est le récit qui est en train de s’écrire maintenant, dont l’enjeu principal consiste à pouvoir formuler des idées à la fois claires et intelligibles, pour autant qu’elles soient en mesure de témoigner de la richesse des multiples agencements qui constituent notre monde.

Au sein d’une conception élargie de l’existant, il s’agit de pouvoir relever, accepter et produire de nouvelles réalités, parfois antagonistes ou contradictoires – sans les renvoyer dos-à-dos ni les noyer dans la vase des consensus mous.

« On a encore le temps », c'est ce que sous-entendent ceux qui négligent le sujet du climat. Les mêmes affirment souvent que l'humanité trouvera les solutions technologiques pour stabiliser le climat. D'autres, au contraire, considèrent qu'il est « déjà trop tard ». Ces deux raisonnements opposés aboutissent à un même malentendu...

Pour sortir de ces postures contreproductives et dresser un juste bilan de la situation : nous sommes entrés dans un contexte pré-révolutionnaire, une phase préalable à un basculement obligatoire vers un autre modèle de société et de développement.

La question de la transition bas carbone n’est plus dogmatique mais pragmatique, parfois idéalisée

S'il existe un large consensus dans la société pour reconnaître la situation alarmante de l'état de l'environnement, ce consensus disparaît dès qu'il s'agit d'évoquer les solutions, et fait volontiers place aux caricatures ou aux indignations stériles. Guéraud Guilbert (Un monde à raconter, Ed l’Aube, 2023).

À l'aube de la sixième crise d'extinction du vivant, provoquée par un modèle économique insoutenable et encore largement aveugle à ses propres dégâts, il y a urgence à transformer radicalement nos façons de produire et de consommer, nos conceptions du monde, nos institutions, voire notre contrat social.

L'exploitation de la biosphère nécessaire au développement des sociétés humaines a été tour à tour fondée sur une économie de la prédation puis de la production, avec des conséquences terribles pour la biodiversité.

Un des enjeux du XXIe siècle est de faire émerger une économie de la coévolution permettant de redéfinir notre rapport avec la nature.

Nous ne partons pas d'une page blanche : des initiatives historiques, ont tenté de tracer une voie alternative à la surexploitation de la nature. Redécouvrir ces initiatives permet de mieux comprendre les sources de la crise actuelle et de nourrir la recherche de solutions.

Considérer l'économie comme partie prenante des dynamiques écosystémiques, reconnaître la dette écologique générée par nos modes de production et de consommation, nous nourrir autrement, lutter contre les inégalités, apprendre à cohabiter avec les espèces sauvages, ou encore nous appuyer sur de nouveaux communs, apparaissent ainsi comme autant de leviers de la transformation écologique de nos systèmes socio-économiques.

On a encore le temps, c'est ce que sous-entendent tous ceux qui négligent le sujet du climat, dans les paroles et (ou) dans les actes. Cette formule est rarement utilisée elle-même par les climato-passifs, les responsables politiques ou économiques, qui considèrent que l'action climatique est un enjeu de long terme loin d'être prioritaire.

Mais elle reflète leur état d'esprit. Les mêmes s'affirment persuadés qu'avec le temps, l'humanité trouvera les solutions technologiques pour stabiliser le climat.

On a encore le temps… il est déjà trop tard !

À l'opposé, certains convaincus de l'importance de l'enjeu climatique considèrent qu'il est déjà trop tard. Malgré l'alarmisme des rapports des scientifiques du Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC)], aucune région du monde n'est sur la bonne trajectoire pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre !

L'augmentation de la population sur Terre conjuguée à un mode de consommation sans limites rend impossible une stabilisation de la température sur la planète. Une catastrophe est en cours, un vrai crime contre l'avenir. Nous serions au début d'un effondrement inévitable de notre civilisation dû aux atteintes à l'environnement.

Les solutions, forcément drastiques et contraignantes, seraient trop impopulaires pour voir le jour. L'important se limiterait du coup à diminuer l'impact de ces changements, en les anticipant et en accompagnant les ménages les plus modestes.

Ces deux raisonnements opposés aboutissent à un même malentendu. Vu du citoyen, le double message, soit on a le temps, soit c'est trop tard, fait croire qu'il n'y a pas de vraie urgence.

Au-delà des bonnes paroles des élites sur la nécessité d'agir vite, le mot de transition entretient lui-même l'idée d'un processus lent. La convergence implicite de prises de paroles publiques provenant de personnes de sensibilités opposées conforte malheureusement cette passivité.

Cette manière de relativiser le changement climatique est bien sûr dramatiquement fausse. Non, on n'a pas le temps, encore faut-il expliquer de manière simple pourquoi, ce qui est rarement fait dans le débat public.

Le réchauffement climatique est principalement dû à l'utilisation des énergies fossiles, charbon, pétrole et gaz. Leur combustion émet des gaz à effet de serre. Le principal d'entre eux est le gaz carbonique, composé d'oxygène et de carbone.

Ces gaz, en stagnant dans l'atmosphère, accroissent progressivement la moyenne de la température de la planète, de manière différenciée selon les régions.

Constat crucial, ce carbone dans l'atmosphère ne diminue pas spontanément au fil du temps. Il peut être absorbé par les plantes, les prairies et les forêts, mais avec des volumes pour le moment largement inférieurs aux nouvelles émissions.

Agir maintenant plutôt que plus tard: changer le modèle

Tout retard dans la mise en œuvre de mesures de baisse des émissions augmente le stock de carbone. L'urgence est d'autant plus grande que les nécessaires mutations de l'économie et de la société mettront du temps à se développer et à produire leurs effets.

Les énergies fossiles structurent notre mode de développement depuis les révolutions industrielles. Le fonctionnement de nos économies se fonde sur une consommation de masse. Elle permet à chacun d'améliorer son confort de vie, par exemple avec les appareils électroménagers, les écrans ou les moyens modernes de transport, mais sans vraiment se soucier des pollutions et du gaspillage des ressources.
S'il s'agissait d'un simple changement technique, la mutation serait déjà d'une ampleur considérable. Elle l'est encore plus dès lors que cette nécessaire disparition des énergies fossiles met en jeu les caractéristiques et les valeurs de nos sociétés.

Leur remplacement par d'autres solutions décarbonées doit concerner l'ensemble de la planète. C'est le modèle lui-même qu'il faut transformer. Il faut donc s'y prendre le plus tôt possible pour disposer du temps nécessaire.

Les économistes l'ont explicitement démontré, le coût de la passivité climatique à moyen et long terme est bien plus élevé que celui de l'action. La facture des dommages découlant d'un réchauffement maintenu à son rythme actuel serait astronomique.

Elle serait bien supérieure à celle des mesures à prendre et des investissements à réaliser. Agir vite et fortement devrait aussi réduire le coût de la transition.

Introduire de nouvelles technologies plus sobres et accroître les investissements propres devrait à terme améliorer la productivité et créer de la richesse et des emplois

Principale difficulté: le coût des mesures à prendre est immédiat alors que leur impact sur le climat n'est pas observable ni mesurable tout de suite. Leurs effets positifs ne s'observent souvent que sur une longue durée et de manière différente selon les endroits.

Du coup, il peut être tentant de retarder le début de l'action, alors qu'il faut faire le contraire. L'important est de s'y attaquer le plus vite possible et de manière suffisamment ambitieuse, puis de la poursuivre pendant de nombreuses années. Plus on prend rapidement les mesures coûteuses et compliquées, plus leur bilan global est favorable.

À l'inverse du « on a le temps », on entend parfois qu'il « commence à être trop tard ». Certains convaincus de l'écologie ont théorisé qu'un effondrement de la civilisation était inévitable. Ils espèrent que ce catastrophisme va pousser à agir, alors que c'est le contraire, il a tendance à décourager ou à faire renoncer.

Se poser la question de la fin de la civilisation peut sembler pertinent. Au rythme actuel du changement climatique, il est normal de s'inquiéter de ce que sera la société à l'horizon du siècle.

Certains exemples historiques ne sont pas rassurants. Un lien est établi entre la disparition de certaines civilisations et les changements climatiques et environnementaux qu'elles ont eus à subir, par exemple sur l'ile de Pâques ou pour l'Empire maya.

Après les étapes successives de dégradation dans les domaines financier, économique, politique, social, culturel, la phase ultime, la plus décisive, est l'effondrement écologique. L'environnement n'est pas la seule cause, mais ce facteur empêche la civilisation de redémarrer.

Certains auteurs utilisent le mot encore plus signifiant et inquiétant de collapsologie. Dans un tel processus, une partie de la population n'a plus accès aux besoins de première nécessité, l'eau, l'alimentation, le logement, l'habillement.

L'audience de ce nouveau catastrophisme n'est plus négligeable. Il a une influence croissante dans l'enseignement supérieur, notamment dans certaines universités en Europe, aux USA et ailleurs. Selon les tenants de cette thèse, l'utopie serait de croire que tout peut continuer comme avant, alors que notre civilisation va disparaître de notre vivant.

Il est vrai que le changement climatique, accompagné de la crise de la biodiversité, constitue une menace mortelle. Il y a un risque trop rarement décrit, celui de l'emballement. L'effet cumulatif du réchauffement climatique pourrait aboutir, à un moment donné, à des interactions incontrôlables et à un monde qui devient invivable.

Les scientifiques viennent ainsi d'identifier des points de bascule. L'accroissement des températures, s'il se poursuit au rythme actuel, entraînerait par exemple un dégel massif du permafrost des grandes plaines glacées de Sibérie et d'Amérique du Nord, libérant dans l'atmosphère un volume supplémentaire important de carbone.

Le risque est de franchir des seuils critiques pas forcément identifiés à l'avance, mais qui ne laissent plus aucun levier pour agir. La situation deviendrait non maîtrisable, avec une augmentation de la température s'entretenant elle-même, et ne laissant plus aucune chance à la vie sur Terre.

Dans la thèse de l'effondrement, ce qui est contestable est son caractère inévitable

La fatalité d'un emballement climatique n'est aujourd'hui en aucun cas établie. Pour être crédible, elle supposerait de démontrer que nos sociétés sont et seront incapables d'agir suffisamment.

Il est vrai qu'elles le font avec retard, et le plus souvent en réaction à un événement catastrophique plutôt que par anticipation. Mais elles continuent à avoir parfaitement les moyens de maîtriser le réchauffement climatique si elles décident d'en faire une priorité.

La réduction des émissions de gaz à effet de serre est certes insuffisante, mais réelle dans plusieurs pays. Et la prise de conscience, est dorénavant avérée. Une sortie heureuse de la crise climatique n'est certes pas garantie, mais l'inverse non plus. Ce qui compte est la fameuse « résilience », c'est-à-dire la capacité individuelle et collective à surmonter les épreuves catastrophiques futures.

Le monde a vécu ces dernières années dans un véritable tunnel de crises, de la guerre en Ukraine en passant par la crise économique et la Covid. Le réchauffement climatique en constitue la toile de fond. La question climatique donne l'impression de ne pas être maîtrisée, et ne l'est pas. Il est donc logique que le sentiment d'impuissance, voire de colère, se développe.

L'anxiété climatique, en particulier des jeunes, n'est pas à prendre à la légère, et explique l'envie prioritaire de protester. Avec le changement climatique, nos sociétés connaissent pour la première fois une situation de risque planétaire potentiellement dramatique.

La difficulté de lui trouver des solutions nourrit le sentiment diffus, mais réel, de fatalité. Un tel état d'esprit aboutit aussi à une conséquence, la recherche de boucs émissaires. Dans une situation désespérée, on veut des responsables, sans trop se soucier de la pertinence des mises en cause. La montée des mouvements populistes a quelques liens avec l'émergence de phénomènes présentés comme fatals et que les responsables n'arrivent pas à régler.

Les principaux risques de ce sentiment de fatalité sont le repli sur soi, l'inutilité de l'action institutionnelle sur les causes du changement climatique, et donc au bout du compte l'impuissance. Il démotive d'agir plutôt que le contraire. Il incite à se résigner face au retard de l'action, dans une période qui ressemble à une impasse.

Plus de raison de se mobiliser, de prendre des initiatives, car de toute façon nous courons à notre perte. Certains pourraient penser que susciter ainsi la peur peut être mobilisateur. C'est exactement l'inverse.

En matière de climat un vrai malentendu c’est le temps

Ce malentendu découle de la contradiction entre le temps long du climat et celui de l'action climatique. Or, nos sociétés sont caractérisées par une rapidité toujours plus grande, voire par l'immédiateté.

Des résultats substantiels rapides sont attendus, sinon cela ne vaut pas la peine de faire des efforts. Cette contraction du temps, est bien connu, s'applique au monde économique comme politique.

Un chef d'entreprise surveille d'abord ses résultats financiers à court terme et son cours de bourse plutôt que son positionnement à long terme en matière d'impact climatique et environnemental.

Un responsable politique normalement constitué souhaite se faire réélire. Son horizon prioritaire est le renouvellement de son mandat plutôt que la situation de la population plusieurs décennies plus tard.

L'omniprésence des chaînes d'information en continu, les réseaux sociaux, les possibilités d'Internet rendent sensible au très court terme plutôt qu'au long terme. De fait, ce sont les dispositions immédiates qui sont l'objet de discours et d'annonces plutôt que la vision de l'avenir.

Un responsable politique nous a-t-il décrit ces dernières années ce que serait notre pays en situation de neutralité carbone à l'échéance du milieu du siècle ? Personne.

Une bonne partie des élites de tout bord laisse ainsi entendre, d'une manière ou d'une autre, qu'il est inutile de se presser. Il est du coup assez logique que la population reste sceptique sur l'action climatique, alors qu'il y a vraiment urgence.

Ce malentendu du temps est prioritaire à lever, c'est aussi un des plus difficiles. Cela exige une mutation très profonde des valeurs qui guident notre société et nos comportements.

Une des premières étapes serait de mieux écouter et valoriser ceux qui, dans la société, pensent l'intérêt général sur le temps long plutôt que les intérêts privés immédiats.

Pr Samir Allal
Université de Versailles/Paris-Saclay