News - 05.08.2022

La restructuration de l’industrie tunisienne : on ne sauve pas une économie avec des mesures d'urgence

La restructuration de l’industrie tunisienne : on ne sauve pas une économie avec des mesures d'urgence

Par Nouredine Ben Mansour - Dans un article paru le 09 Mai 2022 sur les colonnes de Leaders on peut lire: Samir Saïed: Renflouer les PME «S’il ne précise pas où il en puisera les fonds, Samir Saïed, ministre de l’Economie et du Plan, s’y engage. Dans une série de 42 mesures d’urgence pour la relance de l’économie, il s’attache à renforcer la liquidité des PME, l’accélération des projets publics, la révision de la réglementation pour l’amélioration du climat des affaires et l’accroissement de la compétitivité des entreprises exportatrices ;».

La réponse à cette action: On ne peut jamais sauver une économie avec des mesures d’urgence car en fait ce genre d’action n’est que des calmants et n’ont eu jamais aucune incidence positive sur la bonne marche de l’économie dans son ensemble. Les temps ont changé et par conséquent les solutions de la restructuration de l’économie ont pris d’autres directions plus réalistes. En fait, ce que propose le ministre ne sont que des demi- mesures et ne sont en fait que des calmants à court terme et n’ont aucun effet positif sur l’avenir de l’industrie. Malheureusement Le temps coule et les responsables économiques font encore  la sieste. Ils sont indifférents ou ils ne sont pas en mesure de trouver les solutions adéquates pour faire sortir le pays de ce ghetto économique qui continu sa lancée vers le pire. Des propositions faites à la hâte sans tenir compte de la réalité intrinsèque des problèmes économique à moyen et long termes.

La première observation sur les causes du désastre économique actuelle réside essentiellement dans le mauvais diagnostic établi pour la circonstance. On n’a jamais procédé par un diagnostic préliminaire couplé par  un diagnostic approfondi. La cause principale de ceci est le manque de compétence de certains responsables de l économie du pays ou de l’indifférence. Ils cherchent toujours les demi-solutions et les solutions toutes prêtes. Dans l’ensemble les mesures entreprises pour rectifier la marche de l’économie sont basées soient sur des faux diagnostics ou des décisions prises à la hâte. Des mesures inadéquates pour contrer la dite situation. Dans l’ensemble tous les scenarios de rectification économique ou de sa restructuration ne se concordent avec  les vrais problèmes de l’économie nationale actuelle.

La phase de la restructuration d’une économie  quelconque est en réalité une résultante d’une analyse d’une certaine défaillance qui a pris de l’ampleur en réagissant selon la politique de réactions tardives, ou par incompétence ou par indifférence. Ces trois attitudes ne sont plus tolérées car elles mènent sûrement  à des impasses qui coûteront cher dans l’avenir. Il n’y a pas de bâton magique.

Pour la restructuration de l’industrie et ses entreprises qui ont manifesté certaines faiblesses, une fois le mal est arrivé le sauvetage de la dite activité  ne pourrait devenir réel qu’en rassemblant une batterie de mesures et d’appuis tout y en préservant les moyens financiers nécessaires pour ce genre d’actions. Les vrais sauveurs sont ceux qui sont présents avant que le mal  fasse ce qu’il a fait ou ce qu’il fera. Les sauveurs sont ceux qui sont animés d’un esprit anticipatif et imaginatif. Ce sont eux qui peuvent prévoir en temps réel la déroute. Pour cette raison, il est important pour l’entreprise d’avoir une politique de croissance qui tient en compte les futures évolutions du marché et de bien guetter les nouvelles circonstances économiques qui se manifesteront ici et là. Bref il n’y a pas de magiciens économiques mais il y a des futurologues réalistes bien éveillés puisant leurs données à partir de leurs capacités personnelles et de leurs esprits éclairés. Ce qui est sûr, pour être un bon anticipateur industriel, il est nécessaire d’avoir trois conditions à savoir: avoir une bonne compréhension de la technologie, s’engager dans l’innovation et créer en continu de nouvelles relations durables avec le milieu économique spécialisé. En d’autres termes il faut être un praticien et non un théoricien, assis confortablement et dirige par des ordres verbaux, contradictoires de temps en temps, et qui se suffit de donner des recommandations générales. Ce genre de «stratèges» vit la réalité économique autrement, car il est attaché à l’époque de l’économie fermée où il se voit bien protégé de la concurrence internationale. Etre en mesure de bien analyser les futures évolutions technologiques est aussi une condition de premier ordre d’un responsable averti et réussi. Et en un mot il faut être un averti qui a bien roulé sa bosse en tant que praticien et non en tant que responsable encore au stade de la théorie et des suppositions.  En Europe les activités économiques qui ont réussi, comme en Allemagne, ont à leur  têtes des vrais ingénieurs et non de faux ingénieurs bourrés de théories, dont une grande partie d’eux se suffit d’apporter des solutions d’autres pays qui en fin de compte ne collent pas avec la réalité du pays où la réussite ne pourrait être que partielle ou à temps limité. Imiter ce que les autres ont fait, surtout en les imitant intégralement, est une vision aveugle et paresseuse, car elle n’est pas originale puisqu’elle était copiée ou comment on dit en terme juridique faux usage de faux, dont les conséquences sont connues d’avance.

Quelle que soit la situation actuelle on doit obligatoirement mettre l’accent sur la promotion des investissements car ils ont la base de tout essor et développement de l’économie. La nouvelle stratégie dans les investissements consiste à prévoir des solutions de rechange pour l’industrie à créer et ce avant le démarrage de la dite industrie ou avant qu’elle atteigne le stade du déclin, c’est à dire il faut arrêter des scénarios de sauvetage préventifs, tout en préparant  sa diversification. Cette nouvelle stratégie doit comprendre entre autres des données de cette industrie dans les pays de référence d’où toute une analyse de sa situation doit être faite avant son acquisition. Sans connaitre ses références on ne peut jamais se prononcer quant à son importance pour son futur impact sur le développement industriel du pays. A titre d’exemple la Tunisie a engagé une nouvelle politique d’énergie renouvelable qui est un vrai nouveau créneau dont son impact sur l’industrie tunisienne est très positif à condition de bien tracer la stratégie de développement de cette nouvelle industrie. L’importance ne se limite pas à l’énergie renouvelable tout simplement, mais la nouvelle réalité nous impose à penser en long terme  c'est-à-dire qu’il faut bien comprendre que la Tunisie et plus exactement l’Afrique du nord est considérée comme la source principale d’énergie de l’avenir. Cette énergie va se substituer au pétrole et les jours à venir vont approuver cette nouvelle orientation qui est encore cachée par les grands décideurs européens. La détermination du cycle de vie de cette nouvelle industrie est une anticipation réelle contre le déclin des entreprises qui utilisent la technologie concernée.

Plusieurs responsables économiques du pays n’ont pas saisi avec exactitude la notion de développement est un processus positif par lequel les acteurs économiques essayent de transformer la société. Un développement ne peut être positif qu’une fois il comporte la dimension normative qui normalement doit engendrer du progrès lequel ne peut être palpable qu’avec une vraie industrialisation du pays et de là une croissance soutenue qui permet directement ä un accroissement du niveau de vie. Cette vérité incombe essentiellement sur les acteurs économiques prives et étatiques.

Le gouvernement tunisien doit rapidement et sans retard s’atteler à redresser l’économie en tant que tout. Cette phase si importante dans la situation économique actuelle passe par une refonte globale de la politique industrielle menée jusqu’à aujourd’hui ; perte de compétitivité, fermetures de certaines unités, chômage de tout genre, cherté de vie et autres.

L’aspect dominant actuel est l’incertitude dans son sens général tout en mettant l’accent sur l’incertitude économique mondiale. L’incertitude financière touche directement l’incertitude des marchés des crédits et des affaires. Cette vérité a eu des conséquences directes sur la bonne marche d’une bonne partie d’entreprises dont certaines se sont trouvées dans une situation alarmante voir catastrophique. La situation morose de ces entreprises oblige tout responsable, direct ou indirect, à trouver les solutions adéquates pour assainir leurs situations.  De là et à partir de certain niveau la correction s’impose sur divers degrés et niveaux.

La restructuration réelle, ou l’assainissement dans son grand sens, des entreprises ne peut avoir lieu sans détection des défaillances sectorielles, en temps réel, de la part des entreprises leaders du secteur. Les responsables de ces dites entreprises ont la première responsabilité de la correction de l’allure de leurs activités d’une façon qui les rend plus capables d’affronter les concurrents surtout ceux qui prêchent la production à faible coût moyennant des produits de mauvaise qualité. La restructuration des entreprises industrielles doit être entamée en urgence et doit avoir comme objectif l’assurance de leur pérennité. Donc, il est du devoir des responsables industriels d’élaborer et de mettre en œuvre des solutions des entreprises en état de difficulté. Analyser les signes de détresse d’une entreprise est une action anticipative de protection. On est censé de comprendre que le déclin d’une entreprises, d’une branche ou d’un secteur industriel commence doucement par la dépression d’une entreprise, puis une autre qui suit jusqu’à cette allure prend encore de l’ampleur si on ne réagit pas à temps et dont les conséquences affectent directement l’ensemble de la branche en question. Comprendre le sens de cette action corrective à temps est une obligation nationale de solidarité économique avec le tissu industriel national en tant que tout. On ne peut plus penser individuellement. L’industrie est un ensemble d’entreprises, de branches et de secteurs, y compris les services, qui se communiquent et qui s’affectent d’où la restructuration doit être prise dans son ensemble et non en tant qu’entreprises et branches séparées où actions séparées l’une de l’autre. C’est vrai que chaque entreprise et de là chaque branche industrielle a ses spécificités mais ce qui est le plus vrai est l’interaction qui unit et relit les différents secteurs industriels et qui touche directement et indirectement les services. Donc la présence d’une défaillance sectorielle doit être comprise et analysée dans son contexte général, ainsi que dans son contexte microéconomique.

Nouredine Ben Mansour
DR.ING.