News - 26.05.2022

Etats Unis : un terrorisme «Home made»!

Etats Unis : un terrorisme «Home made»!

Par Mohamed Larbi Bouguerra - Les Etats Unis, gendarme du monde, collent une étiquette de terroriste à de nombreux groupes dans le monde tels le Hamas ou les Gardiens de la Révolution iraniens tout en fermant les yeux face à l’assassinat quasi quotidien de jeunes et de moins jeunes Palestiniens par l’armée israélienne d’occupation - qu’ils dotent du reste largement en équipements de toute sorte pour se débarrasser du «terrorisme» palestinien car c’est ainsi qu’on qualifie,  à Washington,  la résistance d’un peuple désarmé face à la formidable machine de guerre sioniste de l’Occupation.

Home made terrorisme

Or, les Etats Unis hébergent, en leur propre sein, les pires terroristes comme le montrent les récurrentes fusillades qui brisent le cœur dans les écoles, les églises, les synagogues, les malls marchands….. Avec la fusillade dans une école primaire de la petite ville d’Uvalde au Texas, le 24 mai 2022, on compte 19 jeunes victimes et deux enseignantes. Le 14 mai 2022 déjà, la ville de Buffalo, dans l’Etat de New York, a enregistré un crime raciste visant la communauté afro-américaine et ayant laissé une dizaine de victimes fauchées au fusil d’assaut – une authentique arme de guerre en vente dans tout le pays - par un jeune de 18 ans, même âge que le tireur d’Uvalde. L’assassin de Buffalo a parcouru 300 km pour assouvir sa haine des Afro-américains.
Aux Etats Unis, cette folie meurtrière a causé le trépas de 103 personnes et fait 140 blessés pour les cinq mois de cette année 2022.
Depuis 1970, les écoles américaines ont été le théâtre de 2 053 fusillades - dont 741 au cours des cinq dernières années. Le président Biden - homme politique rompu pourtant à toutes les ficelles politiciennes de son pays - semble découvrir cette situation démente en s’étonnant que cela ne se produise que dans son pays. Or, aux Etats Unis, le ratio d’armes à feu pour 100 habitants était le plus élevé au monde en 2018, soit 120,5 armes, alors qu’en France, par exemple, il est de l’ordre de 19 !

Au total, les Américains possèderaient quelque 393 millions de pistolets, fusils d’assaut ou autres engins de mort. Certains offrent aux jeunes ces armes redoutables à l’occasion d’anniversaire, de baptême ou de succès sportifs ou scolaires !

Il en résulte que les civils américains détiennent plus d’armes à feu qu’il n’y a d’habitants dans le pays !

Le président Joe Biden a appelé à l’action face au lobby de l’industrie des armes. Mais, à quelques mois des élections de mi-mandat, les républicains s’opposent à toute réforme. Ni Biden ni Obama - ce dernier avait pleuré lors d’une fusillade du même type pendant sa présidence- ne pourront rien faire.
Pourquoi ?

Parce que les élections américaines nécessitent beaucoup d’argent pour les meetings, les flyers, les casquettes, les professions de foi et surtout pour les spots à la télévision qui coûtent des sommes faramineuses. Les candidats du Parti républicain ne sauraient se passer de l’argent des lobbys et des gros donateurs et notamment du lobby des armes: la NRA (National Rifle Association).  Et sûrement pas les sénateurs républicains qui ont aujourd’hui le contrôle du Sénat où ils tiennent la dragée haute à Biden, une sorte de « canard boiteux » (lame duck) comme on dit communément devant cette configuration de la Haute Assemblée américaine quand le président se trouve les mains liées et ne peut faire passer ses propositions de loi faute de majorité. 

De juteux bénéfices taches de sang

De plus, la NRA, qui compte 6 millions de membres donc 6 millions d’électeurs, doit tenir sa réunion annuelle, en fin de cette semaine, à Houston, au Texas. Ses principaux invités : l’ancien président Donald Trump, Greg Abbott, gouverneur de l’Etat et Ted Cruz, sénateur du Texas au Congrès à Washington - un homme qui met en cause l’élection de Biden à la présidence - conservateur et proche des mouvances évangéliques.  En 2015, Greg Abbott écrivait simplement sur le réseau social Twitter : «Je suis EMBARRASSÉ : Le Texas est 2e dans le pays pour l’achat d’armes à feu neuves, derrière la CALIFORNIE.

Accélérons le rythme, Texans.»

Cet amour immodéré des Américains pour les armes voudrait avoir pour origine 1791, l’année de la révolte contre la colonisation britannique quand chaque Américain devait avoir un fusil pour bouter l’Anglais dehors et lutter pour l’indépendance de son pays. Mais depuis cette époque, les armes ont évolué et même les Peaux Rouges ne sont plus sur le sentier de la guerre. On recourt à la Constitution rédigée à cette époque pour justifier cette folie martiale pour les armes et parler du « droit constitutionnel » de porter une arme-même en public comme au Texas.

En réalité,  la NRA n’a en vue que son chiffre d’affaires et son cash-flow, même taché du sang des enfants américains ; et, face aux horribles tueries, règlements de compte et suicides qui endeuillent régulièrement le pays - faisant même des victimes parmi les bébés - elle ne se lasse pas de répéter qu’il faudrait encore plus d’armes pour  éviter ces bains de sang! Comprenne qui pourra !
L'éditorialiste du The Wall Street Journal (25 mai 2022) écrit benoîtement face à ceux qui demandent de faire « quelque chose » devant l’insoutenable massacre à l’école primaire d’Uvalde: «Que faire particulièrement ? S’il y a bien plus de demandes que de solutions, c’est parce que le problème de comment stopper ces massacres par des jeunes gens perturbés est un des plus difficiles à résoudre dans une société démocratique.» Pour le journal des affaires, le responsable est Salvador Ramos, moqué à l’école et issu d’une famille perturbée. Pas la NRA, pas les hommes politiques, pas le goût du lucre ni l’adoration du billet vert !

L'économiste libéral qui avait prédit le krach financier de 2008, Nouriel Roubini, écrivait dans The Wall Street Journal même, le 12 août 2011 : « Marx avait raison. A certains égards, le capitalisme se détruit lui-même…. Nous pensions que le marché, çà marchait. Mais ce n’est pas le cas. »
Comme en écho, M. Emmanuel Macron déclarait devant l’OIT à Genève, le 11 juin 2019 : «Quelque chose ne fonctionne plus dans ce capitalisme qui profite de plus en plus à quelques-uns.»

La violence étatsunienne du gendarme du monde a détruit l’Irak, l’Afghanistan et arme le bras meurtrier d’Israël. Elle permet le siège inhumain de Gaza et de Cuba. Les Etats Unis auraient mieux à faire en mettant fin au terrorisme « home made. »