News - 21.04.2022

Jean-Paul Fitoussi : l’économiste, le penseur, qui nous quitte

Jean-Paul Fitoussi : l’économiste, le penseur, qui nous quitte

Par Mourad Daoud - C’était un enfant de La Goulette, un de ceux qui ne l’ont jamais quittée même s’ils ont gagné le monde. Jean-Paul Fitoussi, économiste de renom parmi les grands, n’est plus. Il s’est éteint vendredi 15 avril à Paris, à près de 80 ans. Économiste et penseur de la société, Docteur d’Etat en sciences économiques et agrégé, professeur à Sciences Po, il avait présidé pendant vingt ans l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

Des Fitoussi, les plus anciens se rappelleront sûrement de Max, son grand-oncle, volleyeur international de l’équipe de Tunisie. Jean-Paul, lui, a brillé dans le macrocosme de l’économie mondiale. Une fois son baccalauréat obtenu en sortie du lycée Carnot, il part en France poursuivre ses études à la faculté des sciences économiques de Strasbourg ; dont il devient doyen à seulement 32 ans. Commence alors un parcours exceptionnel d’universitaire et de haut fonctionnaire. De Florence à Los Angeles, en passant par Rome, il s’impose en référence de la pensée keynésienne ; tissant des amitiés et des liens non pas seulement parmi les plus influents mais dans toutes les sphères qu’il côtoie tant son bon conseil et son humilité étaient appréciés.

A l’hommage qui lui a été rendu en 2013 à Sciences Po Paris, dont il avait présidé le conseil scientifique, la présence d’éminentes personnalités comme le président François Hollande et cinq prix Nobel a témoigné de la haute reconnaissance portée à ce monsieur.

Toujours, et surtout durant les années 90 et 2000 lorsqu’il avait présidé l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) et a conseillé les premiers ministres de la France, la Tunisie a compté Jean-Paul parmi ses meilleurs soutiens. Sa Tunisie, il l’aimait. Il aimait sa douceur, son huile d’olive et son thon proustien qui réveillait en lui des réflexes d’enfance.

Avec sa femme Annie Zaira, amour de jeunesse et compagne d’une vie (née Krief à Tunis), ils ont su transmettre le goût pour ces saveurs à leurs enfants Lisa et David. A ceux-ci et à ses 4 petits-enfants, nous présentons nos condoléances. Mais également à la Tunisie qui perd un fils et à La Goulette de la belle époque qui disparait un peu plus à chaque fois qu’un de ses enfants nous quitte.

Mourad Daoud