News - 20.03.2022

Copains d'avant : Une photo-souvenir inédite du lycée de garçons de Sfax en 1956

Copains d'avant : Une photo-souvenir inédite du lycée de garçons de Sfax en 1956

Notre fidèle lecteur, Rachid Bouhamed, gratifie les lecteurs de Leaders d’une pépite : une photo-souvenir inédite, accompagnée de son récit.

En ce jour anniversaire du 20 mars, permettez-moi de vous offrir une image qui n’a qu’un rapport très indirect avec ce jour glorieux, quoique…

J’ai fait partie, en octobre 1955, de la promotion qui a inauguré le Lycée de Garçons de Sfax, qui devait bientôt être baptisé du nom glorieux de notre Hédi Chaker national. Le lycée était, alors, sous la direction de Am Salah Kanoun, et accueillait des élèves de diverses nationalités, notamment des pensionnaires marocains descendants des mineurs qui étaient venus prêter leur expertise à la Compagnie des Phosphates de Gafsa. Un de ces pensionnaires s’appelait Brahim Maghrebi - prononcez svp, à la marocaine, "MaghrAbi ».

Quelques décennies plus tard, alors que j’étais employé par la banque, j’ai fait partie d’un comité chargé de (bien) accueillir une délégation de confrères marocains de la Banque centrale populaire de Casablanca, parmi lesquels se trouvait mon copain Brahim. Après quelques hésitations, nous nous reconnûmes et tombâmes dans les bras l’un de l’autre. Pour fêter ces retrouvailles, Brahim me fit don d’une précieuse photo de classe dont il n’existe, je crois, qu’un seul exemplaire, la photo de notre classe de l’année 1955-56. Son histoire vaut d’être contée : le photographe français était venu en janvier 1956 réaliser, comme chaque année, les photos de classe des rares lycées existant à l’époque, et s’en était retourné en France pour éditer sa moisson - sauf que le 20 mars 1956, la Tunisie avait enfin obtenu son Indépendance... et l’accorte photographe estima qu’il était désormais superflu de revenir en Tunisie, où personne ne l’aurait plus autorisé à exercer son métier. Il classa donc cette funeste année, et ne vendit aucune photo de 1956 !

Quelque trente années plus tard, Brahim, désormais dirigeant de la BanCePo, faisait les cent pas en attendant son taxi et eut la surprise de se reconnaître sur une photo qui ornait une vitrine : il se renseigna auprès du photographe, qui l’informa que son père était l’auteur de ce cliché, et lui en raconta l’histoire ! En 1984, donc, il m’offrit cette improbable pépite, qu’à mon tour je mets à votre disposition. On y retrouve les Taieb Hachani, Khelil Aloulou et autres Abdessalem Trad ne pourront plus, hélas, en profiter, mais les Mohamed Loukil, Hermassi, Mohamed Souissi, Ahmed Sellami, Béchir Fendri, Khaled Abdelmoula, Mohamed Kamoun, Adel Karray, Pierrot Silvera, Abderrazek Amamou, si encore, j’espère, ainsi que les Rachid Ellouze, David, Louzoun, Ismaïl Hamdi, Ahmed Hachicha, Mustapha Ben Khaled, Jaber, Clément Mazouz, Jean Catania, voire même les descendants de M. Ankri dont les maths m’ont longtemps torturé, sans oublier mon labadens, Brahim MaghrAbi lui-même !

C’est ainsi qu’il m’a plu de fêter ce 20 mars, et de faire oeuvre utile pour la préservation de la mémoire éternelle de mon Sfax et de son lycée !

Kol am wenta bkhaïr.

Rachid Bouhamed