News - 13.12.2021

Froid glacial et neige, faut-il croire encore au changement climatique?

Froid glacial et neige, faut-il croire encore au changement climatique?

Par Ridha Bergaoui - La Tunisie connait ces derniers temps, ainsi que de nombreux pays, une vague de froid glacial, du vent, des précipitations et  de la neige surtout au nord du pays et dans les régions montagneuses.

Quoiqu’il soit normal, en ce début de l’hiver qu’il pleuve et qu’il fasse froid, toutefois, alors qu’on ne cesse de parler du réchauffement climatique et du stress hydrique, il semble incohérent de prime à bord qu’il fasse aussi froid.

e réchauffement climatique ne fait pas encore l’unanimité et partout des climatoseptiques  rejettent la théorie du réchauffement climatique et ses origines.

La théorie du réchauffement climatique ne fait pas l’unanimité

De nombreux Etats, organisations et personnes illustres  mettent en doute la théorie du réchauffement climatique. Ils n’admettent pas que l’activité humaine, en produisant des gaz à effet de serre, est à l’origine du réchauffement et arguent qu’il s’agit d’un épisode du climat de la terre tout à fait naturel.

Cette situation n’est pas spécifique à la question du changement climatique. De nombreux sujets ont fait  l’objet de controverses  même dans les milieux scientifiques les plus rigoureux. Certaines personnes (surnommées les platistes) croient encore que la terre est plate et que le soleil gravite autour alors que depuis très longtemps on sait que la terre est ronde et que, grâce aux progrès de l’astronomie, l’aéronautique et l’aérospatial,  on connait parfaitement tous les détails, les coins et les recoins de notre planète bleue. Ce thème a fait même l’objet d’une thèse de  doctorat à l’Université de Sfax entamée en 2011 qui, à sa découverte, a fait scandale et a provoqué  l’indignation de tout le monde universitaire en Tunisie comme à l’étranger. Heureusement que le Ministère de l’Enseignement Supérieur est intervenu en 2017 (après plus de 5 ans) pour arrêter la mascarade. De nos jours également, nombreux sont ceux qui mettent en cause l’efficacité des vaccins contre le covid-19 ou l’intérêt de l’Internet 5G.

Parmi les cliomatoseptiques célèbres on cite les président Trump (celui-ci s’est même retiré de l’Accord de Paris sur l’environnement) et Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen…et plusieurs autres leaders politiques. Dans les milieux scientifiques, Le Français Claude Allègre, ancien Ministre de l’éducation nationale, de la recherche et de la technologie du temps de Lionel Jospin et géochimiste très réputé, a réussi, durant le début des années 2000, à imposer le climasepticisme par son livre « L’imposture climatique ou la fausse écologie, Plon, 2010». Il prétendait que la théorie du réchauffement climatique « c’est de la foutaise » et même s’il y a réchauffement, ce n’est nullement la faute à l’homme.

Il a été démontré que de nombreux climatoseptiques, ONG et organisations actives dans le domaine du « contre mouvement sur le changement climatique » font en réalité partie du lobbying des industriels qui ont intérêt à nier la relation des activités industrielles avec l’accumulation des Gaz à Effet de Serre (CO², méthane, oxydes d’azote) et le réchauffement climatique.

Le CO² représente la plus grande partie des émissions des GES (plus de 70 % du total). Il résulte des activités industrielles, du transport, l’agriculture, les centrales électriques,… La lutte contre le réchauffement climatique représente forcément un frein au développement industriel. Enfin, de nombreux  scientifiques climatoseptiques ne sont tout simplement pas des spécialistes du climat.

Les vagues de froid, observées ces dernières années, représentent une occasion pour les climatoseptiques pour remettre en cause le réchauffement climatique. Pour le public, l’impression qu’il fait de plus en plus froid et la neige sont en contradiction avec ce qu’on raconte du changement climatique et du réchauffement de la planète.

Le citoyen a généralement la mémoire courte

D’une façon générale on oublie rapidement les rigueurs du temps une fois passées. Notre mémoire est plutôt courte pour ce genre d’événement et il faut revenir aux enregistrements climatiques pour connaitre réellement les faits. Effectivement, la Tunisie a connu, les années dernières, surtout à l’intérieur des pays et sur les hauteurs, bien des épisodes de froid glacial et de la neige. Cette situation était à l’origine de coupures de routes, d’accidents de la circulation et de régions sinistrées. Les habitants de ces régions, exposés au froid intense et à la neige, connaissent de nombreuses difficultés pour se réchauffer, se déplacer, se nourrir et se soigner.

Par ailleurs, la température indiquée par le thermomètre n’est pas forcément la température ressentie. En effet le vent déplace la couche d’air chaud et humide qui nous enveloppe et qui joue un rôle d’isolent. La température ressentie est plus faible que la température ambiante. La différence est d’autant plus importante que le vent est fort. Cette différence peut aller jusqu’à une dizaine de degrés pour un vent d’une trentaine de km/heure seulement. L’air froid, associé à une humidité élevée, augmente la sensation de froid du fait que l’humidité augmente la conduction thermique du corps. Un froid humide est plus difficile à supporter qu’un froid sec.

Météorologie vs climatologie

L’impression qu’il fait plus froid cet hiver que les années précédentes est également due au fait qu’on confond souvent météo et climat. La météo étudie les phénomènes climatiques et les prévisions à court terme (sur généralement une semaine) alors que la climatologie s’intéresse aux tendances climatiques sur de beaucoup plus grandes périodes (au moins 30 ans). Les variabilités des phénomènes climatiques (température, pluviométrie…) interannuelles peuvent être importantes alors qu’elles peuvent être peu perceptibles sur le long terme.

L’évolution du climat est devenue une préoccupation mondiale. L’activité humaine, de plus en plus intense, a entrainé au fil des années un changement de la composition de l’atmosphère et des conséquences importantes sur le climat.

Le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GEIEC) est un organisme intergouvernemental constitué au sein des nations Unis pour suivre l’évolution du climat, son impact  et avancer des recommandations pour limiter le réchauffement. De nombreuses conférences internationales sur le climat ont été également organisées afin de limiter l’accumulation des GES et réfléchir sur les moyens de freiner le réchauffement climatique.  La dernière COP 26 s’est tenue à Glasgow au mois de novembre.

Au sujet de la climatologie

La climatologie est une science multidisciplinaire qui exploite des séries et des bases de données, enregistrées sur plusieurs années et relatives au climat, la paléontologie, la biologique (plantes, animaux…), la circulation océanique, l’observation des glaciers… Ces données sont  traitées, grâce aux mathématiques appliquées, pour dégager des tendances et des corrélations. Les climatologues élaborent des modèles de simulation mathématiques et numériques complexes qui tiennent compte de nombreux paramètres pour représenter le climat et son évolution dans le temps. Ces modèles sont testés et validés et permettent aux spécialistes de prédire la situation climatique, en fonction du temps, à n’importe quel endroit du globe (terre et océans).
Les prévisions climatiques comportent une partie d’incertitude surtout que l’évolution du climat dépend de nombreux facteurs. Les climatoseptiques profitent des incertitudes des modèles climatiques et du manque de preuves scientifiques tangibles pour rejeter la théorie du réchauffement climatique et ses effets sur le climat, les précipitations…

Le changement climatique, une réalité qu’on ne peut plus nier

L’étude de l’évolution de la température par les climatologues montre clairement une tendance vers la hausse de la température à l’échelle de la planète. De nos jours, tous les climatologues sont également unanimes pour affirmer que le changement climatique est d’origine anthropique et résulte de l’activité humaine. 

On compte actuellement une augmentation de 1,2°C de la température moyenne de la terre par rapport à avant 1850.  Lors de la COP 21 à Paris, les représentants des pays réunis  se sont engagés à maintenir le réchauffement en dessous de 2,0°C.  Ce ci revient à réduire, d’ici 2030,  de moitié les émissions de CO² et d’atteindre l’équilibre du bilan carbone d’ici 2050. La réduction des GES nécessite le recours à l’utilisation à l’abandon des sources d’énergie polluantes (charbon, pétrole, gaz) et l’utilisation des énergies propres. Le reboisement des forêts permet de piéger des quantités importantes de CO².

Il est clair que les pays  les plus industrialisés comme la Chine, les USA, l’Inde, la Russie, UE…et  sont les plus pollueurs, à l’origine les émissions de CO². Malheureusement  ce sont les pays les plus pauvres qui seront les plus exposés et touchés par le réchauffement climatique.

Effets du changement climatique

Le réchauffement climatique serait bénéfique pour les pays du nord qui souffrent d’un excès de froid. Dans ces pays, le climat serait plus doux, les dépenses de chauffage hivernal moins élevées avec des avantages pour l’agriculture et la navigation maritime et fluviale.

Pour le reste du globe, les effets du changement climatique seront plutôt néfastes. Ces effets commencent déjà à se sentir. Le réchauffement s’accompagne d’une fonte des glaciers et l’augmentation du niveau de la mer. De nombreux territoires seront immergés. La mer a commencé déjà à envahir le littoral et détruire les plages et des installations hôtelières.

Le réchauffement entraine également une augmentation de l’évaporation de l’eau conduisant à une augmentation de la fréquence des phénomènes extrêmes comme les tempêtes, les ouragans et les inondations. Il entraine la disparition de nombreuses espèces végétales et animales, un déséquilibre biologique et le changement de la répartition dans l’espace des espèces animales et végétales.

Il va entrainer une réduction des précipitations, de la sécheresse et une diminution des ressources hydriques. L’agriculture et l’élevage seront touchés et la sécurité alimentaire de nombreux pays menacée. La pénurie d’eau, la chaleur et la sous alimentation risquent de conduire à la détérioration de l’état de santé des populations et des pertes économiques importantes.

Enfin, les climatologues affirment que le réchauffement climatique est responsable, dans l’hémisphère nord, de l’étirement de la dépression polaire (ou vortex polaire) et des perturbations atmosphériques à l’origine de vagues de froid intense en hiver et des coups de chaleur plus fréquents en été.

Conclusion

Le changement climatique est une réalité démontrée et confirmée par de nombreux scientifiques. Il n’est plus à mettre en doute. Les climatoseptiques soit font preuve de mauvaise foi ou d’ignorance soit défendent des intérêts de certains lobbyings. Il est responsable des vagues de froid intense hivernal.

La Tunisie est pleinement touchée par le changement climatique. Il faut trouver des solutions techniques et socio-économiques adéquates de soutien et d’adaptation. L’agriculture est le secteur la plus exposée .Il est nécessaire de disposer d’une stratégie adéquate surtout en matière de gestion de l’eau et la sélection de variétés végétales et races animales adaptées. Par ailleurs le réchauffement climatique a un impact au niveau mondial ce qui peut entrainer une diminution des disponibilités alimentaires, augmenter sensiblement les prix et perturber les échanges commerciaux. La Tunisie étant importatrice de grandes quantités de produits alimentaires (céréales, soja, huiles végétales…) notre sécurité alimentaire risque d’être menacée.

Ridha Bergaoui