News - 04.07.2021

La Covid-19 est une maladie à mille et une facettes

La Covid-19 est une maladie à mille et une facettes

Par Pr Hafedh Abdelmelek - Dans la présente publication, j’aborde sommairement les mécanismes physiopathologiques propres à chacune des phases de la Covid-19 et je précise les mécanismes physiopathologiques mis en jeu dans chaque organe par cette maladie à mille et une facettes. Le virus SARS-COV2 de la Covid-19 et exceptionnellement contagieux et il présente plusieurs costumes ou facettes et une capacité très importante de multiplication dans les tissus et plus particulièrement dans les poumons. Le cycle viral est un excellent modèle de bionanoingénierie adoptant une stratégie bottum-up. Les nanoparticules (NPs : 1-100nm) comme les virus SARS-CoV-2 ont une plus grande réactivité de surface (S) et une capacité de pénétration et d’agglomération dans les tissus provoquant une nanotoxicité aigue.

Les NPs se déposent dans les poumons en fonction de leurs tailles et plus particulièrement dans les alvéoles induisant un stress oxydant, un processus inflammatoire violent et une hyperactivité bronchique. Le SARS-CoV-2 en se liant à l'hémoglobine dans les globules rouges provoque une hypoxie de transport. Les patients Covid-19 désaturent simplement et ceci mène à des défaillances cérébrales, cardiaques, rénales, aboutissant le plus souvent à la mort.

Nanotoxicologie du SARS-CoV2

La nanotoxicité du coronavirus SARS-CoV-2 s’explique par une interaction à l’échelle nanométrique entre les virus (60-140nm), les alvéoles et les globules rouges et plus particulièrement l'hémoglobine. Cette interaction provoque deux mécanismes de nano toxicité:

i) Le SARS-Cov2 possède une enveloppe et se fixe sur la membrane des cellules via le récepteur ACE2 puis pénètre par endocytose. Le virus libère son ARN pour former de nouvelles particules SARS-CoV-2 ce qui constitue un modèle naturel de bio-nanotechnologie.

ii) L’interaction des virus avec les globules rouges influencent les propriétés physico-chimiques de l’hème (fer), ce qui pourrait expliquer l’installation d’un état d’hypoxie sévère.

Physiopathologie comparée entre la maladie du Monge et la Covid-19

La maladie de Monge (MD) se caractérise par une concentration anormalement élevée de globules rouges dans le sang lors d'un séjour prolongé en altitude (2500-3000 mètres). La maladie se caractérise par une altération de l'endothélium vasculaire et des modifications hémodynamiques hétérogènes entraînent une augmentation de la perméabilité capillaire et des pressions artérielles. Ces phénomènes physiopathologiques touchent les organes les plus sensibles à l'hypoxie : les poumons, l'encéphale et les reins. La maladie de Monge provoque l’installation d’une hypoxie et les symptômes sont essentiellement la détresse respiratoire et la survenue d'accidents ischémiques entraînant parfois la mort surtout chez les hommes par comparaison aux femmes (Monge et al, 1989).

Le tableau clinique se complique d'une atteinte œdémateuse pulmonaire réalisant un syndrome asphyxique et un œdème cérébral de haute altitude. Ils sont des entités hémorragiques, ischémiques et thromboemboliques associée à des lésions rétiniennes et une polyglobulie chronique d’altitude. Par ailleurs, des symptômes comme une fatigue anormale ou trop intense, une insomnie, des vomissements, et une diminution de la diurèse sont signalés en altitude. Par ailleurs, l’autopsie des cadavres souffrant de MD montre clairement une congestion cérébrale et digestive.

Parmi les facteurs prédisposant à cette maladie, on incrimine en premier lieu l’origine ethnique, le sexe (Femme Hb ≥19 g/dL, homme Hb ≥21 g/dL) et l’obésité. La maladie de Monge peut toucher des personnes en très bonne condition physique et en très bonne santé, mais n’étant pas habituées à l’hypoxie et surtout ayant un taux d’hémoglobine élevé. Il est important de mentionner qu’il existe plusieurs similitudes entre le tableau clinique de la maladie de Monge et la Covid-19 et surtout la sensibilité des personnes au virus SARS-COV-2 en fonction du sexe, de l’origine ethnique, et l’obésité.

En somme, ceci devra inciter la communié scientifique à comparer la physiopathologie de la détresse respiratoire et de l’ischémie induite par la Covid-19 avec la maladie de Monge (Abdelmelek, 2020).

Utilité du décubitus ventral (Proning) pour les malades Covid 19

La technique du proning permet d'augmenter la quantité d'oxygène qui pénètre dans les poumons des patients. C’est une technique ancienne avérée bénéfique pour certains patients souffrant de maladies respiratoires. Les patients peuvent être mis en position couchée (du latin pronus, se pencher vers l'avant) pendant plusieurs heures afin de déplacer les liquides qui ont pu s'accumuler dans leurs poumons et qui gênent leur respiration. Cette technique est de plus en plus utilisée pour traiter les patients atteints de Covid-19 qui ont besoin d'une assistance en soins intensifs.

Analyse coût-avantage de l'intubation des malades Covid-19 

Insistons sur l'extrême nécessité de privilégier toutes les méthodes qui évitent l’intubation et la ventilation par respirateurs pour des raisons économiques, de bien-être, et d’efficacité biomédicale. L’intubation à haute pression pourrait causer des dommages par des effets biomécaniques et des lésions alvéolaires irréversibles. La Covid-19 provoque une hypoxie prolongée et progressive comparable à celle de l’altitude observée dans la physiopathologie de la maladie de Monge. Le SARS-COV-2 en se liant à l'hémoglobine dans les globules rouges provoque une hypoxie de transport.

La Covid-19 est une maladie complexe à mille et une facettes, qui fait intervenir des phases virale, inflammatoire et thrombotique appliquant les lois physiques de nanosciences. La meilleure compréhension de chacune d’elles est fondamentale en comparaison avec la maladie de Monge, puisqu’elle permettra de mieux les distinguer en pratique biomédicale.

Pr Hafedh Abdelmelek
Académie des Sciences des Lettres et des Arts – Beit Al Hikma