News - 14.12.2020

Mohamed Ennaceur appelle à un dialogue national urgent afin de restaurer la confiance et construire l’avenir commun

Mohamed Ennaceur appelle à un dialogue national urgent afin de restaurer la confiance et construire l’avenir commun

Alarmé par la dégradation de la situation générale en Tunisie, avec d’un côté, un sentiment profond de précarité et d’exclusion et, de l’autre, la montée des contestations et des revendications régionales et catégorielles, l’ancien président de la République par intérim, Mohamed Ennaceur lance un appel urgent aux Tunisiens en vue d’endiguer ces graves dangers. Il y invite les partis politiques, les organisations nationales et la société civile à engager d’urgence « un dialogue national serein et apaisé » pour s’opposer au démantèlement de la société et défendre l’unicité de l’État et sa pérennité. L’objectif final étant de restaurer la confiance et de paver la voie pour un avenir commun.

L’ancien président de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) apporte son soutien à l’initiative lancée dans ce sens par l’UGTT et à toutes les démarches convergentes qui refusent de se résigner la fatalité de la dislocation de la société tunisienne et visent à préserver sa sécurité et à stabiliser le pays qui a vu se succéder neuf gouvernements en dix ans.

Le président Ennaceur a réitéré à cette occasion la nécessité d’une refonte du contrat social entre l’État et les citoyens, sur la base des valeurs de la Constitution et de ses principes. Il s’agit pour lui de fonder ce socle commun sur la citoyenneté, le caractère civil de l’État, la suprématie de la loi et la souveraineté du peuple.

Appel

La Tunisie accomplit sa première décennie après la révolution par la réalisation d’acquis précieux consacrant l’ancrage des libertés et des droits de l’homme et édifiant le choix démocratique.

Mais à côté de ses acquis, cette décennie a été marquée par l’instabilité, la détérioration inédite de la situation économique, avec une réduction du taux de croissance et du volume des investissements, la hausse alarmante de l’endettement, l’accroissement de la pauvreté et du chômage, notamment parmi les jeunes. Un sentiment d’exclusion prévaut, par ailleurs, auprès de catégories et de régions ce qui a conduit à l’explosion des contestations et des sit-in dans diverses régions de la République et, partant, à l’arrêt de la production dans les mines, les champs pétroliers et les services publics, en défi criard à l’autorité de l’État et à sa capacité à faire prévaloir la loi.

Cette situation préoccupante a développé une inquiétude profonde et des tensions auprès des Tunisiens, faute d’une vision claire et d’une stratégie efficace pour faire face à des défis urgents et construire l’avenir commun. A cela s’ajoute, l’absence de la cohésion indispensable entre les institutions de l’État ainsi que l’instabilité politique. Pas moins de neuf gouvernements se sont succédés au pouvoir au cours de cette décennie.

Ce climat délétère est en plus obéré par les suites de la pandémie du Covid-19, qui ont largement contribué à attiser les tensions, surtout avec l’augmentation du chômage, de la précarité et de l’exclusion, ainsi que la chute de la production et de l’exportation

Face à cette situation qui se dégrade sans cesse, il devient urgent de rechercher des solutions efficaces pour sortir de cette crise, profonde et multiple, ouvrir un dialogue national serein et apaisé auquel prendront part les représentants des partis politiques, des organisations nationales et de la société civile. Ce dialogue doit incarner le sentiment partagé par tous les Tunisiens de l’impératif de faire face ensemble et avec détermination aux risques croissants des revendications régionales et catégorielles, au détriment de la cohésion nationale, de l’unicité de l’État et de sa pérennité.

Cette situation a incité un groupe de personnalités nationales et de composantes de la société civile à exprimer leur refus de se résigner à cette fatalité. Elles ont appelé à un dialogue national à même de s’opposer au démantèlement de la société, la prémunir des menaces à sa sécurité, et œuvrer pour la stabilité politique.

Parmi ces initiatives a émergé celle de l’UGTT, adressée au président de la République l’invitant à parrainer un dialogue national serein pour faire face à cette situation étouffante et consolider la solidarité nationale.

Je tiens à saluer cette initiative valeureuse émanant de l’UGTT et à exprimer mon soutien à toutes les démarches similaires visant à faire éviter au pays davantage de divisions et d’éclatements. J’attache une importance toute particulière à l’organisation et au démarrage de ce dialogue. Depuis, 2011, j’avais appelé à son institutionnalisation, en raison du changement historique que vit la Tunisie à partir du déclenchement de la révolution et qui exige la refonte du contrat social entre l’État et les Citoyens, sur la base des valeurs de la Constitution et de ses principes, fondés sur la citoyenneté, le caractère civil de l’État, la suprématie de la loi et la souveraineté du peuple.

Mohamed Ennaceur