News - 15.09.2020

Covid-19 - Les pays nordiques mettent en garde contre le viol des droits et la réduction de l’espace démocratique sous prétexte de pandémie

Les droits de l'homme et la démocratie sont primordiaux pour ne laisser quiconque en marge de la lutte contre le Covid-19

Covid-19 - Les pays nordiques mettent en garde contre le viol des droits et la réduction de l’espace démocratique sous prétexte de pandémie.
Cinq pays nordiques expriment leurs craintes face au recul de la démocratie et le viol des droits de l’homme qui pourraient surgir dans certains pays, sous prétexte de contingences du Covid-19. Dans un appel signé par les chefs de la diplomatie et les ministres de la Coopération et du Développement, le Danemark, la Finlande, l’Islande, la Norvège et la Suède soulignent qu’au centre de la réponse immédiate, globale et sur le long terme à apporter à la lutte contre la pandémie, doivent figurer sans concession aucune, les questions de l'état de droit et l'égalité des sexes .  « Nous devons reconstruire en mieux et en plus écologique et nous sommes prêts à faire preuve de leadership pour renforcer la coopération internationale dans les années à venir » déclarent-ils, avant d’énoncer quatre piliers fondamentaux de l’action à mener, au sein de la communauté internationale.

Texte intégral de l’appel

La pandémie du Covid-19 menace d'accélérer les tendances mondiales qui tendent vers le recul de la démocratie et du respect des droits de l'homme. Cette pandémie intensifie les inégalités déjà existantes, frappant ceux qui sont déjà marginalisés, les victimes de discrimination et ceux qui vivent dans la précarité extrême.

« Les gouvernements nordiques prônent la coopération internationale, la solidarité, les droits de l'homme et la démocratie dans la lutte contre la pandémie.

Des mesures de réponse disproportionnées face à la pandémie pourraient avoir des répercussions graves et profondes sur les droits de l'homme et les principes démocratiques. Nous sommes préoccupés par le fait que certains gouvernements profitent de la pandémie en l’utilisant comme prétexte pour violer les droits de l’homme, réduire l’espace démocratique et redessiner le terrain de jeu mondial.

Heureusement, force est de constater que la communauté internationale agit. Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a ouvert la voie en appelant à un cessez-le-feu mondial afin que le monde puisse se concentrer sur la lutte contre la pandémie tout en plaçant les droits de l'homme au premier plan. Le système des droits et le système humanitaire et de développement des Nations Unies ainsi que l'Organisation Mondiale de la Santé ont joué majeur pour relever les défis importants liés au Covid-19.

Pour soutenir ces efforts, nos cinq gouvernements s'efforcent de faire en sorte que les droits de l'homme, la démocratie, l'état de droit et l'égalité des sexes soient au centre de la réponse mondiale immédiate et sur le long terme. Nous devons reconstruire en mieux et en plus écologique et nous sommes prêts à faire preuve de leadership pour renforcer la coopération internationale dans les années à venir.

Pour y parvenir, nous devons assurer ces quatre points :

1. Garantir une mobilisation internationale : La pandémie Covid-19 est une crise humaine qui devient rapidement une crise des droits humains. À travers les objectifs de développement durable, la communauté internationale s'est engagée à ne laisser quiconqueen marge. Nous devons respecter cet engagement et veiller à ce que toutes les mesures adoptées respectent les droits de l’homme.

2. Garantir la transparence et l’accès à des informations fiables : Les voix des médias indépendants et de la société civile, y compris les défenseurs des droits de l'homme, doivent être protégées et promues. Leur veille et leurs rapports contribueront à responsabiliser les gouvernements. Il est également impératif de lutter contre la désinformation et la propagande et de travailler en étroite collaboration avec les médias, les entreprises technologiques, le secteur privé et la société civile, ainsi qu'avec d'autres parties prenantes.

3. Garantir la dimension genre dans la réponse mondiale : La pandémie a engendré un accroissement de la violence sexuelle et sexiste et des pratiques néfastes. En outre, la pleine jouissance de la santé et des droits sexuels et reproductifs (SDSR) - tels que l'accès aux contraceptifs modernes, l'avortement sûr et légal et une éducation sexuelle complète - s'est considérablement dégradée.

Le fardeau que le Covid-19 impose aux systèmes de santé ne doit pas être utilisé comme une excuse pour restreindre l’accès aux services de santé et pour porter atteinte aux droits sexuels et reproductifs pour toutes les femmes et les filles. Nous sommes unis pour éliminer la discrimination structurelle et continuerons de promouvoir l’autonomisation économique et politique des femmes et leur pleine et égale jouissance de tous les droits fondamentaux, y compris la santé et les droits sexuels et reproductifs.

4. Enfin, veiller, par la vigilance, à garantir le respect des normes et principes internationaux : Toute action de lutte contre le Covid-19 ne doit pas porter atteinte au droit international, à la démocratie ou aux institutions démocratiques.
Le moment est venu de se mobiliser pour protéger et pour renforcer le système multilatéral et l'ordre international fondé sur des normes. Les institutions multilatérales ont besoin d'un soutien politique et financier. La confiance du public dans la démocratie et les institutions démocratiques doit également être renforcée.

Aujourd'hui, nous aurons une discussion avec des représentants de premier plan des Nations Unies, de l'Union européenne, du Conseil de l'Europe, de l'UNESCO, de l'OSCE et de la société civile. Ensemble, nous soutenons nos paroles par des actes, en prenant les devants et en veillant à ce que les droits de l'homme, la démocratie, l'état de droit et l'égalité des genres soient au cœur de la réponse et du relèvementinternationaux.

Nous sommes disposés à partager l'expérience nordique qui a bâti la confiance avec succès en combinant entre le leadership, la transparence et la coopération entre les institutions gouvernementales nationales et locales ainsi qu'avec la société civile.

Nous sommes également prêts à utiliser notre voix et notre expérience chaque fois que les droits de l’homme, la démocratie, l’état de droit et l’égalité des sexes sont mis sous pression.
Répondre à la pandémie ne doit pas se faire au détriment des démocraties plus fragiles ou en engendrant de nouvelles violations des droits de l’homme. Au contraire, une approche basée sur la démocratie, l'égalité des sexes et les droits de l'homme est essentielle pour lutter contre le Covid-19 et réaliser l'Agenda 2030. »

Signataires

Danemark

Ministre des Affaires étrangères, M. JeppeKofod

Ministre du développement de la coopération, M. Rasmus Prehn

Finlande

Ministre des Affaires étrangères, M. Pekka Haavisto

Ministre du développement de la coopération et du commerce extérieur, M. Ville Skinnari

Islande

Ministre des affaires étrangères et du développement de la coopération, M. Gudlaugur Thór Thórdarson

Norvège

Ministre des Affaires étrangères, Mme Ine Eriksen Soreide

Ministre du développement international, M. Dag-Inge Ulstein

Suède

Ministre des Affaires étrangères, Mme Ann Linde

Ministre du développement de la coopération internationale, M. Peter Eriksson