News - 11.09.2020

Tunisie: À Djerba, les hôtels au chevet des écoles

À Djerba, les hôtels au chevet des écoles

Décidément, la dégradation des moyens de l’Etat devient de plus en plus claire, les budgets alloués aux urgences vont parfois aux détriments d’autres besoins dits prioritaires comme l’éducation. Les moyens attribués aux écoles dans plusieurs régions de la Tunisie demeurent dérisoires pour bien gérer leur quotidien. Bon gré mal gré, la décentralisation pour les collectivités locales est un processus de longue haleine, certaines prérogatives demeurent sans être cédées, ce qui n’empêche qu’il y ait des actions communales qui sortent du lot. La commission de la culture au sein de commune de Midoun par exemple, n’a pas attendu pour initier un louable projet, c’est celui d’assurer un bon retour aux écoliers.

En effet, la rentrée scolaire arrive à grands pas et il est essentiel d'être prêt. Compte tenu du lamentable état de plusieurs établissements scolaires en général et ceux de Midoun en particulier, ce problème a été soulevé lors d'une réunion au gouvernorat de Médenine concernant la rentrée scolaire 2019/2020. Cette réunion a engendré sans aucun doute des recommandations et des décisions mais pas grand chose sur le long et moyen terme.

Etant un pôle touristique, Midoun bénéficie d’une respectueuse taxe hôtelière. Avec ses 80 d’hôtels ornant la zone touristique, cette taxe représente à la municipalité un levier important voire inégalé pour développer ses multiples projets. En parallèle, vingt-deux écoles primaires, cinq collèges et trois lycées y résistent et persistent. Et si chaque hôtel prenait en charge une école ? Une idée qu’a inspirée Madame Najet Fourti, la présidente de la commission culturelle à la commune de Midoun.

De ce fait, cela n’aurait pas pu se faire sans l’implication de la Fédération Régionale de l’Hôtellerie FRH en la personne de son président Monsieur Jalel Eddine Henchiri. Et depuis, d’autres généreux donateurs ont témoigné soutien et confiance. En réalité, cette coopération non officieuse date de l'année dernière et ce n'est que lors de la journée du savoir (يوم العلم) organisée le 3 août 2020 par la municipalité de Midoun que le partenariat entre la FRH et la municipalité a pris forme.

Peinture des murs, ajustement des portes, réparation des blocs sanitaires, aménagement et embellissements de la cour, ce sont les choses à retenir d’après la convention, en contrepartie d’aides de l’heureuse commune. Les honorables hôtels contribuant à ce noble projet sont respectivement : l'hôtel Iberostar Mehari qui depuis quelques années a commencé à prendre soin de l'école primaire de Temlal et qui a repris cette action après le confinement. L’année dernière, le Penelope Magic Life et le Parc Djerba Explore se sont chargés des écoles Khazroun et Yati. Actuellement, le Rym Beach continue la maintenance de l’école 15 octobre, puis Meninx servant l’école Ouled Amor. Quant au Club Yati Calimera et l’hôtel Fiesta Beach, ils s’occuperont des écoles Echbabia et 2 Mars. Pour le reste des hôtels, les négociations sont en cours et la liste pourrait s’élargir grâce à la persévérance de Madame Fourti.

L’éternelle autonomie de Djerba

Selon certains dires, « Djerba est à la Tunisie la poule aux œufs d’or ». Bien que, depuis l’antiquité, l’île a su compter sur elle-même. Dotée de sa capitale antique Meninx, métropole portuaire appelée aussi la cité de la pourpre pour sa valeureuse texture de peinture extraite de son majestueux coquillage Murex. De plus, Haribus (l’actuelle Guellala) fut sa deuxième importante ville antique et a été longtemps réputée pour sa poterie authentique. Plus tard, et pour parer aux nombreuses invasions, les djerbiens à l’époque médiévale ont déserté ces cités côtières pour pénétrer dans le centre de l’île des Lotophages. Ils ont misé alors sur l’agriculture comme activité principale de l’île. Depuis les années soixante jusqu’à nos jours, c’est le tourisme qui est à son chevet, et la vie continue. Entre autres, l’écrivain Georges Duhamel en parlant de Djerba disait « J'ai cherché des poètes, j’ai trouvé des potiers », mais il y trouverait certainement d’illustres poètes sortants de ses humbles écoles et grâce à de telles initiatives de plus en plus généralisées.

N’hésitons pas à soutenir cette cause, les futures générations vous seront reconnaissantes !

Mehdi Louati